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L'article provient de Le Journal de Montréal
Politique

Marie-Victorin: une partielle pas ordinaire

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Photo portrait de Philippe Léger

Philippe Léger

2022-04-09T09:00:00Z
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S’il y a un moment à encercler dans votre calendrier pour anticiper ce qui s’en vient en politique au Québec, c’est bien l’élection partielle de Marie-Victorin de lundi prochain.

Pour la première fois depuis la pandémie, les électeurs pourront exprimer leur satisfaction ou leur mécontentement envers le gouvernement Legault.

C’est à travers cette partielle qu’un momentum pourra se former à la faveur d’un des partis politiques.

Retournons en arrière

Pour preuve : l’élection partielle de Louis-Hébert en 2017.

À l’époque, une fatigue libérale était répandue chez les Québécois.

L’opposition en attente n’était toutefois pas définie.

Puis, un an avant l’élection, la CAQ ravissait le comté de Louis-Hébert où Sam Hamad, ministre libéral, était élu depuis 2003. Une certaine Geneviève Guilbault y était élue.

« Imaginez-vous : si c’est possible de prendre Louis-Hébert, c’est possible de prendre à peu près toutes les circonscriptions », avait déclaré assez justement François Legault, alors troisième chef de l’opposition.

La voie était tracée. La CAQ devenait le gouvernement en attente.

De 28 % avant l’élection partielle de Louis-Hébert, il frôlait les 39 % quatre mois plus tard – comme l’indique notre analyse des sondages Léger avant et après cette partielle.

Un an plus tard, la CAQ était élue à Québec avec plus de 37 % du vote.

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Qui en sortira gagnant ?

L’élection partielle de Marie-Victorin marque un moment similaire.

Elle ne définira peut-être pas le prochain gouvernement, mais elle annonce une dynamique politique.

Si la CAQ l’emporte, sa réélection est lancée. On y verra que la grogne pandémique est une chose pardonnée.

Le PQ, lui, joue carrément quitte ou double.

Marie-Victorin est péquiste depuis 1985.

Une défaite serait une catastrophe : s’il n’est pas capable de garder Marie-Victorin avec un candidat de qualité comme Pierre Nantel, que peut-il espérer ?

Le PQ risquerait de se transformer en une « vieillerie encombrant le paysage politique », pour citer René Lévesque.

Une victoire serait une bouffée d’air.

Le chef du PQ pourra affirmer que le temps des défaites est terminé, et annoncer le début d’un temps nouveau, comme le chantait Renée Claude.

On peut croire qu’une victoire péquiste imposera un programme nationaliste d’ici l’élection.

Surtout pour la CAQ, qui pourra toujours asphyxier le vote nationaliste-péquiste en accaparant l’enjeu linguistique du moment, la loi 101 au cégep.

Le PCQ d’Éric Duhaime voudra montrer qu’il n’est pas qu’un simple agitateur populiste ayant comme seule capacité de faire parler de lui. S’il réussit à devancer une des autres formations politiques, ce sera mission accomplie.

Pour le PLQ, on a l’impression qu’il a déjà hâte que le test Marie-Victorin soit derrière lui, sachant qu’il l’échouera fort probablement. Sa rupture avec l’électorat francophone sera officialisée par les urnes.

Pour QS, il devra montrer que son opposition n’est pas que médiatique. Que les électeurs, hors de Montréal et des villes universitaires, peuvent le considérer comme une option politique crédible, ce qui hélas ! n’est pas encore le cas.

SOLUTION DE RECHANGE

Les dernières années sont inédites en politique québécoise : jamais les oppositions n’ont été aussi atomisées de la sorte. Quatre partis d’opposition, quatre partis sous les 20 %.

Les électeurs mécontents de la CAQ ont le choix entre une solution de rechange de gauche, une de droite, une souverainiste et une résolument fédéraliste.

Mais aucun parti ne forme encore une solution de rechange crédible au gouvernement Legault.

La partielle de Marie-Victorin pourra alors jouer ce rôle : la désignation du réel adversaire de François Legault.

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