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L'article provient de Le Journal de Montréal
Sports

Marie-Philip Poulin: «Je ne pensais pas que ça allait arriver un jour»

La Québécoise sera l’image de la formation professionnelle de hockey féminin de Montréal

Marie-Philip Poulin, Ann-Renée Desbiens et Laura Stacey joueront à Montréal.
Marie-Philip Poulin, Ann-Renée Desbiens et Laura Stacey joueront à Montréal. Photo MARTIN ALARIE, Le Journal de Montréal
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Mylène Richard

2023-09-07T15:29:37Z
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Pleine d’énergie, le regard émerveillé, une belle naïveté et un peu de nervosité quand il fallait parler en anglais, la jeune Marie-Philip Poulin de 18 ans qui a joué les héroïnes en finale des Jeux olympiques de Vancouver en 2010 en a parcouru du chemin. 

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Jeudi, elle était droite, forte, confiante, fière et bilingue devant les médias. À 32 ans, la Sidney Crosby du hockey féminin a enfin signé un important contrat de trois ans avec l’équipe de Montréal de la nouvelle Ligue professionnelle de hockey féminin (LPHF). 

«Tu viens de me donner des frissons. Ouf! a laissé tomber Poulin en se rappelant ses premiers JO. C’est fou de pouvoir dire que cette ligue est maintenant en place. Ça fait plusieurs années qu’on attend ce moment-là. C’est le fruit d’un dur labeur. 

«Ça me touche aussi pour Danièle [Sauvageau, la directrice générale du club], qui a tant travaillé pour le hockey féminin, avec notamment le Centre 21.02 [à l’Auditorium de Verdun]. Elle avait cette vision d’avoir un jour une ligue professionnelle», a ajouté la capitaine de l’équipe canadienne, accompagnée de l’attaquante Laura Stacey et de la gardienne Ann-Renée Desbiens, les deux autres joueuses autonomes de la formation montréalaise. 

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La directrice générale de l'équipe professionnelle de hockey féminin de Montréal était fière de présenter ses trois premières joueuses, jeudi, au Centre 21.02, à Montréal.
La directrice générale de l'équipe professionnelle de hockey féminin de Montréal était fière de présenter ses trois premières joueuses, jeudi, au Centre 21.02, à Montréal. Photo MARTIN ALARIE, Le Journal de Montréal

Vivre de son sport

Pour la première fois de leur carrière, les trois filles seront payées pour jouer au hockey au sein d'un circuit professionnel. Leurs salaires n’ont pas été révélés, mais la moyenne annuelle dans la LPHF sera de 55 000 $ US et six joueuses par équipe toucheront au minimum 80 000 $ US.

Poulin, Desbiens et Stacey n’empochaient rien dans la défunte Ligue canadienne de hockey féminin (Stars et Canadiennes de Montréal), pas plus qu’avec l’Association des joueuses de hockey professionnelles, à l’origine du nouveau circuit qui accueille aussi les athlètes rémunérées de la Premier Hockey Federation (Force de Montréal).

«On dit souvent que les Olympiques représentent un rêve, mais là, de devenir une joueuse professionnelle, de jouer à Montréal devant ma famille, mes amis et les fans, d’être un modèle pour les jeunes, c’est excitant. Je ne pensais pas que ça allait arriver un jour, a admis Poulin. [...] De le dire à voix haute, c’est une grande fierté.»

Marie-Philip Poulin et Laura Stacey lors de la première conférence de presse de la nouvelle équipe professionnelle de hockey féminin de Montréal.
Marie-Philip Poulin et Laura Stacey lors de la première conférence de presse de la nouvelle équipe professionnelle de hockey féminin de Montréal. Photo MARTIN ALARIE, Le Journal de Montréal

Le français de Laura

Et Poulin pourra poursuivre sa carrière auprès de sa conjointe. Toutefois, la Beauceronne n’a pas exigé que Stacey soit sa coéquipière. 

«Ce n’était pas un package deal, a assuré la consultante au développement des joueurs du Canadien. On sait faire la différence entre le hockey et la vie personnelle. Mais tous ceux qui connaissent le hockey savent que Laura est exceptionnelle. Elle a beaucoup de vitesse, de size et a un bon lancer. Je voulais rester à Montréal et Danièle sait aussi ce que Laura peut apporter.»

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L’Ontarienne de 29 ans a d’ailleurs aidé le Canada à gagner l’or aux Jeux de Pékin en 2022 et l’argent à Pyeongchang en 2018, en compagnie de Poulin et de Desbiens.

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«J’ai hâte vraiment de jouer à Montréal, c’est comme à la maison pour moi maintenant. Un rêve qui devient réalité», a lancé Stacey dans un français qui pourrait faire rougir bien des joueurs du Canadien.

«Elle a appris toute seule en suivant des cours», a applaudi Poulin.

L'Ontarienne Laura Stacey a eu des discussion avec la formation torontoise, mais elle a accepté l'offre du club montréalais.
L'Ontarienne Laura Stacey a eu des discussion avec la formation torontoise, mais elle a accepté l'offre du club montréalais. Photo MARTIN ALARIE, Le Journal de Montréal

Aucune hésitation 

Même si Desbiens, la meilleure gardienne au pays et au monde selon plusieurs, a reçu quelques offres, elle n’a jamais eu de doute sur sa destination.

«C’était la seule place où je voulais jouer. C’est mon domicile, j’y habite depuis quelques années déjà. Je m’entraîne ici à Verdun. Ç’a toujours été un bon marché pour le hockey féminin, il y a une bonne base de partisans», a relaté l’ancienne partisane des Nordiques et de l’Avalanche du Colorado.

«Et j’aime mieux jouer avec Marie-Philip et Laura que contre elles», a ajouté celle qui a été surprise de voir ses parents, Claire et Raynald Desbiens, qui ont parcouru 400 kilomètres pour assister à la conférence de presse à Montréal après avoir quitté Charlevoix à 5h30.

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L’idée vient de Sauvageau qui a voulu rendre hommage aux premières personnes qui ont encouragé et soutenu «ces trois grandes dames et athlètes». La mère de Poulin et le père de Stacey ont eu la chance de vivre ce moment par Zoom. 

L’ex-entraîneuse qui a mené le Canada à l’or à Nagano en 2002 a également pris le temps de souligner que sans des pionnières comme France St-Louis, France Montour et Denise Caron, membres de la première équipe nationale en 1990, «on n’aurait pas une équipe professionnelle à Montréal».

Catastrophe évitée 

Poulin et Desbiens formeront certainement le cœur et l’âme de cette formation, dont le nom n’a pas encore été déterminé. Si elles avaient joué ailleurs, ça aurait probablement été une catastrophe pour le club et les Québécois.

«C’est hypothétique, mais ce n’est pas arrivé, alors on ne le saura jamais», a dit en bonne politicienne Sauvageau.

«Capitaine Clutch» est consciente de l’impact qu’elle peut avoir sur le hockey féminin au Québec. Bien qu’elle ait été approchée par la DG de Toronto, la Québécoise Gina Kingsbury, son choix était clair.

«Elle a su assez rapidement que je voulais rester à Montréal!» a rigolé Poulin en tout respect pour Kingsbury, qui a renoncé à son poste de vice-présidente aux opérations hockey de Hockey Canada.

Ann-Renée Desbiens lors de la conférence de presse, jeudi, dans l'Auditorium de Verdun.
Ann-Renée Desbiens lors de la conférence de presse, jeudi, dans l'Auditorium de Verdun. Photo MARTIN ALARIE, Le Journal de Montréal

▶ La directrice générale Danièle Sauvageau a déjà choisi la personne qui sera l’entraîneur-chef, mais elle attend d’avoir complété son groupe d’instructeurs avant d’en faire l’annonce, possiblement dans les prochains jours. Elle n'a pas voulu préciser s'il s'agit d'une femme ou d'un homme. «J’ai toujours cru à la mixité dans le hockey, dans la police, dans toutes les sphères», a rappelé l'ex-policière.

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▶ Les six équipes de la LPHF ont jusqu'au 10 septembre pour s’entendre avec trois joueuses autonomes. Un repêchage de 15 tours aura lieu le 18 septembre à Toronto et un camp d’entraînement aura lieu avant que la saison ne s’ouvre en janvier.

Marie-Philip Poulin

■ Joueuse de centre

■ 32 ans 

■ Originaire de Beauceville, Québec

■ Or aux Jeux olympiques à Vancouver en 2010, à Sotchi en 2014 et à Pékin en 2022

■ Argent aux Jeux olympiques de Pyeongchang en 2018

■ Capitaine de l’équipe canadienne depuis 2015

■ Capitaine à l’Université de Boston 

■ A remporté la coupe Clarkson avec les Stars et les Canadiennes de Montréal dans la Ligue canadienne de hockey féminin

■ A rejoint l’Association des joueuses de hockey professionnelles en quête d’une option viable pour le hockey professionnel féminin en Amérique du Nord. 

Ann-Renée Desbiens

■ Gardienne

■ 29 ans

■ Originaire de La Malbaie, Québec

■ Or aux Jeux olympiques de Pékin en 2022

■ Argent aux Jeux olympiques de Pyeongchang en 2018

■ A réalisé 56 blanchissages avec l’Université du Wisconsin, un record hommes et femmes confondus dans la NCAA

■ Élue la meilleure joueuse de hockey féminin de la NCAA en 2017

■ A gagné la coupe Clarkson en 2012 avec les Canadiennes de Montréal

■ A participé aux festivités du match des étoiles de la LNH en 2020

Laura Stacey

■ Attaquante

■ 29 ans

■ Originaire de Toronto, Ontario

■ Or aux Jeux olympiques de Pékin en 2022

■ Argent aux Jeux olympiques de Pyeongchang en 2018

■ Capitaine au Collège Dartmouth (NCAA)

■ Gagnante de la coupe Clarkson avec Markham

Sources : Olympique.ca et eliteprospects.com

Les autres joueuses autonomes qui ont signé dans la LPHF

Boston

Hilary Knight, attaquante américaine

Megan Keller, attaquante américaine

Aerin Frankel, gardienne américaine

Minnesota

Kendall Coyne Schofield, attaquante américaine

Kelly Pannek, attaquante américaine

Lee Stecklein, défenseuse américaine

Ottawa

Emily Clark, attaquante canadienne

Brianne Jenner, attaquante canadienne

Emerance Maschmeyer, gardienne canadienne

Toronto

Sarah Nurse, attaquante canadienne

Renata Fast, défenseuse canadienne

Blayre Turnbull, attaquante canadienne

New York

Abby Roque, attaquante américaine

Alex Carpenter, attaquante américaine

Micah Zandee-Hart, défenseuse canadienne

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