Marie-Philip Poulin demeure le visage de la Victoire

Benoît Rioux
Soyez sans crainte: la Québécoise Marie-Philip Poulin demeurera le visage de la Victoire de Montréal, et elle sera protégée au prochain repêchage d’expansion de la Ligue professionnelle de hockey féminin (LPHF).
• À lire aussi: «Kori Cheverie est ici pour rester»
• À lire aussi: Un choix déchirant s’imposera
• À lire aussi: C’est terminé pour la Victoire
«Je ne vous apprends rien en vous disant que Marie-Philip Poulin ne s’en va nulle part, a ainsi lancé la directrice générale, Danièle Sauvageau, lors du bilan de fin de saison de la Victoire, mardi, à Verdun. On va continuer de construire autour d’elle.»
Si la déception demeurait présente dans le vestiaire à la suite de l’élimination de l’équipe montréalaise au premier tour des séries contre la Charge d’Ottawa, la tristesse, le doute, l’inquiétude et la peur se lisaient également sur les visages de plusieurs joueuses.

Lundi, la LPHF dévoilait les modalités entourant le repêchage d’expansion qui aura lieu le 9 juin pour les nouvelles équipes de Vancouver et Seattle. Seulement trois joueuses par équipe pourront alors être protégées.
«Il y a Ann-Renée [Desbiens], [Laura] Stacey et “Pou”, a avancé spontanément la défenseure Erin Ambrose, retenant ses larmes. Si j’étais directrice générale, je sais que ce ne serait pas un mauvais choix.»
Le but ultime: la Coupe Walter
D’après les mots prononcés par Mme Sauvageau, Poulin n’a plus à s’inquiéter.
«C’est le visage de l’organisation, la capitaine de l’équipe et la meilleure joueuse au monde», a-t-elle notamment qualifié la célèbre numéro 29.

Un peu plus tôt dans le vestiaire, l’auteur de ces lignes avait osé poser la fameuse question à «Pou»: «Est-ce que Danièle Sauvageau t’a déjà annoncé que tu étais protégée ou elle va te le dire plus tard?»
«Non, pas encore, a répondu Poulin, arborant un sourire complice. On l’espère!»
Le fait qu’elle demeure avec la Victoire représente évidemment une heureuse nouvelle pour la Beauceronne de 34 ans. Poulin espère de tout cœur mener Montréal à la conquête de la Coupe Walter d’ici la fin de sa carrière.
«Ça reste l’un de mes buts ultimes, a convenu la triple médaillée d’or olympique. Je suis encore motivée, je suis encore passionnée.»
«Je veux la gagner éventuellement. Mais ces moments-là, il y en reste moins que j’en ai eus», a-t-elle ajouté, expliquant pourquoi sa déception était si grande à la suite de l’élimination de l’équipe, vendredi dernier.
«Beaucoup d’inconnu»
Pour la suite des choses, l’organisation aura jusqu’au 3 juin pour décider des deux autres joueuses figurant sur la liste de protection. Évidemment, Stacey ne demanderait pas mieux que de rester à Montréal, elle qui est d’ailleurs mariée avec Poulin.
«Il y a beaucoup d’inconnu. Je ne sais pas ce qui va arriver, mais j’aime cette ville et je veux y rester», a affirmé Stacey.

À propos de Desbiens, la gardienne a d’abord laissé entendre que l’expansion faisait partie des aléas du sport professionnel et qu’elle serait prête à quitter Montréal.
«Si je dois faire ma valise et aller quelque part, ça va me faire plaisir de la faire et d’aller dans un autre marché, dans le sens où on voulait une ligue qui nous traite de cette façon», a-t-elle laissé tomber.

En poussant un peu plus loin, on a toutefois vite compris que Desbiens aimerait beaucoup mieux demeurer avec la Victoire.
«Si c’est moi qui choisis, c’est sûr que je reste à Montréal, a approfondi la gardienne de 31 ans. J’ai une maison ici, et ma famille est proche.»
«Danièle, je veux rester!» a-t-elle finalement ajouté, faisant semblant de lancer un cri du cœur à la directrice générale, ce qui ne fut pas sans provoquer les rires.
La réalité ne demeure pas moins parsemée d’inquiétudes en vue des prochaines semaines. Pour Ambrose, Stacey, Desbiens et plusieurs autres... Jennifer Gardiner, originaire de la Colombie-Britannique, fait néanmoins partie de celles qui dorment un peu mieux à l’idée de devoir peut-être partir pour Vancouver ou Seattle.
Ce qu’elles ont dit:
«Tu ne veux jamais perdre ces amies-là et ces coéquipières, mais ça fait partie du sport professionnel.» –Marie-Philip Poulin
«On n’a pas pris de décision, mais on sait qu’on va perdre quatre joueuses. Est-ce émotif? Visiblement. Ce sera toutefois pour le bienfait de la ligue.» –Danièle Sauvageau, directrice générale
«Chaque fille a peur, mais c’est une bonne chose, car ça signifie qu’on a créé quelque chose de spécial pour le hockey féminin.» –Laura Stacey