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L'article provient de Le Journal de Québec
Culture

Marie Laberge s'est plongée dans le cœur, le corps et l'esprit d'une femme en fin de vie pour écrire son nouveau roman, «Dix jours»

Marie Laberge s'est plongée dans le corps, le cœur et l'esprit d'une femme en fin de vie pour écrire son nouveau roman, «Dix jours».
Marie Laberge s'est plongée dans le corps, le cœur et l'esprit d'une femme en fin de vie pour écrire son nouveau roman, «Dix jours». Pierre-Paul Poulin/ Le Journal de Montréal /Agence QMI
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Photo portrait de Marie-France Bornais

Marie-France Bornais

2024-10-05T15:30:00Z
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Marie Laberge, écrivaine exceptionnelle qui fêtera en 2025 ses 50 ans de vie artistique, propose cet automne un roman coup de poing, court mais très dense et très tendu, racontant le face-à-face avec la mort d’une femme qui n’en a plus pour longtemps avant le dernier voyage. Dix jours, c’est le journal intime d’une femme lucide qui a choisi le moment de sa fin. Tandis que chaque minute de vie compte, elle fait le point sur sa vie, sa famille, ses amours, ses rêves, ses accomplissements... mettant en lumière ce qui compte vraiment.

Marie Laberge publie «Dix jours» aux Éditions du Boréal.
Marie Laberge publie «Dix jours» aux Éditions du Boréal. © Éditions du Boréal

Marie Laberge, en entrevue, rappelle que sa grande amie et première lectrice, l’actrice Denise Gagnon, est décédée il y a quelques semaines. «C’était une alliée très proche. Je l’ai accompagnée beaucoup parce qu’elle a eu des ennuis de santé qui lui ont fait perdre son autonomie.»

«Dieu merci, j’avais écrit le livre avant! ajoute l’écrivaine. Je n’aurais pas pu l’écrire, ni avant ni après. J’aurais été difficilement capable de m’éloigner de moi-même. Et moi, quand j’écris, c’est pour m’emmener ailleurs. C’est pas pour parler de moi ni pour faire une espèce de résumé de tout ce que j’ai vécu dans ma vie. Ça ne m’intéresse pas.»

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Marie Laberge dit qu’elle a résisté longtemps à l’écriture de Dix jours, un ouvrage de fiction. «Je savais que ça me hantait, mais je ne voulais pas entrer dans la peau de cette femme. Je ne voulais pas faire son voyage.» La résistance venait, pense-t-elle, de la peur. «Un peu comme la peur de faire face à la réalité.»

«Ce que j’avais comme crainte, c’était d’entrer dans la tête, le cœur et le corps de quelqu’un qui est en train de perdre la vie. Or moi, comme tu sais, c’est la grande affaire, moi, la vie. J’y tiens et je n’ai pas envie de voir sa fin, ni rien de tout ça!»

L’aide médicale à mourir

Elle était apeurée de devoir plonger dans cette histoire. «L’histoire de l’aide médicale à mourir, on en parle toujours quand on va bien. Il y a deux discours: le discours des bien-portants et le discours des gens qui, eux, sont en train de faire la démarche. Je me disais: on ne sait jamais comment nous, on va être dans la démarche.»

«On ne le sait pas, appuie-t-elle. De la même façon que tu ne sais pas, si ça pogne en feu chez vous, ce que tu vas faire: est-ce que tu vas être immobile et complètement inutile ou si tu vas devenir, tout à coup, un sauveur pour quelqu’un qui est en péril? Ou si tu vas être en train de pleurer, assez pour éteindre le feu?»

«On ne le sait pas, ce qui va être notre vraie réaction devant quelque chose d’aussi ultime que sa propre mort. On espère, bien sûr, tous, avoir un peu de courage et avoir de la détermination, mais on n’est pas certains.»

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Un roman lumineux

Marie Laberge voulait être au cœur de cette situation, dans l’intériorité du personnage, pour écrire Dix jours. «Je savais que je ne voulais pas sortir d’elle: je voulais rester. Et c’est ça, je pense, qui me faisait peur. Je pensais que ça serait trop dur à vivre et trop déchirant, mais finalement, c’était lumineux: elle m’entraînait dans la vérité de ce qui compte.»

«Je ne voulais pas lâcher ce qui compte. Parce que quand on sait ce qui compte, on s’y tient. C’était quelque chose qui me faisait un bien fou. Et ça, je ne l’avais pas prévu. Je pensais qu’elle me déprimerait. Pantoute!»

Marie Laberge va fêter ses 50 ans de vie artistique en 2025.
Marie Laberge va fêter ses 50 ans de vie artistique en 2025. © Pierre-Paul Poulin / Le Journal de Montréal / Agence QMI

Les choix

Son roman parle de choix. Et de l’importance de faire des choix pertinents avant qu’il soit trop tard. «Je pense qu’il y a une urgence de vivre et de peut-être aborder les vrais chemins de la vie. C’est pas très complexe, mais on les oublie dans le jour après jour, la quotidienneté, les petites tâches.»

Dix jours

Marie Laberge

Éditions Boréal

168 pages

En librairie le 8 octobre.

  • Marie Laberge est actrice, metteuse en scène, auteure dramatique et écrivaine.
  • Elle va célébrer 50 ans de vie artistique en 2025.
  • Ses livres sont lus dans toute la francophonie.
  • Sa grande trilogie Le Goût du bonheur a marqué l’histoire de la littérature québécoise.
«Le 14 décembre à onze heures – on me l’a offert et j’ai dit oui. Toute seule. Sans personne pour me pousser ou m’empêcher. M’influencer. J’ai dit oui, parfait. Et j’ai été soulagée d’une immense frayeur. Soulagée de l’inconnu. Je tenais mon sort entre mes mains. Je ne serais pas victime de mon corps. Je lui ordonnerai d’en finir. À ma manière. Selon mon désir, ma volonté. Sans douleur.»
- Marie Laberge, Dix jours, Éditions du Boréal

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