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L'article provient de Le Journal de Québec
Culture

Marie-Hélène Sarrasin aborde par la littérature la détresse des proches aidants et le sentiment d'amertume dans son nouveau roman

«Ce qui nous dévore»

Marie-Hélène Sarrasin habite à Saint-Gabriel-de-Brandon et enseigne la littérature au cégep de Joliette.
Marie-Hélène Sarrasin habite à Saint-Gabriel-de-Brandon et enseigne la littérature au cégep de Joliette. © MHS / Éditions Tête Première
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Photo portrait de Marie-France Bornais

Marie-France Bornais

2024-07-06T07:30:00Z
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Campé dans le même univers que Douze arpents, le précédent roman de Marie-Hélène Sarrasin, Ce qui nous dévore, aborde des thèmes importants avec des personnages émouvants, bien campés, en quête d’absolu et de liberté. La maternité, les liens familiaux, l’amertume, la santé qui se délite et la détresse des proches aidants sont mis en évidence dans un univers rempli de fleurs et de belle nature, où le réalisme magique aide à prendre une distance avec la lourdeur du quotidien. 

Marie-Hélène Sarrasin publie «Ce qui nous dévore» aux Éditions Tête Première.
Marie-Hélène Sarrasin publie «Ce qui nous dévore» aux Éditions Tête Première. © Éditions Tête Première

Marie-Hélène Sarrasin transporte ses lecteurs dans le quotidien de Siméon, un policier à la retraite qui commence à perdre la mémoire, et de sa femme, Madeleine, qui est fleuriste. Elle a de plus en plus de mal à s’occuper de lui... et Siméon se sent de plus en plus enfermé dans la maladie.

Marine, leur petite-fille, attend un enfant et lit des livres à son grand-père. Elle soutient sa grand-mère comme elle peut et constate avec tristesse à quel point leur quotidien s’alourdit. La mort de Siméon amènera les proches à revoir des pans de leur vie.

L'amertume et la fin de vie

Marie-Hélène Sarrasin aborde des thèmes liés à la fin de vie et aux grands bilans de vie dans ce roman. «Je voulais aussi aborder toute l’idée de l’amertume qu’ont les personnages, qui ont l’impression qu’il y a quelque chose qui leur a échappé, ou qui n’ont pas pu réaliser. Ils sont tous un peu pris, d’une certaine façon. Oui, il y a une dimension métaphorique, avec les plantes carnivores.»

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Siméon est enfermé dans sa maladie. «C’est comme s’il se faisait dévorer sa mémoire et son autonomie. C’est dur pour lui.»

Marie-Hélène Sarrasin s’est inspirée d’une connaissance qui a vraiment exercé le métier de fleuriste pour décrire le quotidien de Madeleine. L’autrice a constaté que les fleurs n’étaient pas toujours liées aux occasions joyeuses. Et qu’il y avait parfois des demandes étranges de la part des clients.

«Elle pouvait avoir des commandes étranges, par exemple peinturer des fleurs à l’aérosol pour donner une couleur «x», même si elle n’existe pas! Je trouvais le fun d’intégrer ces commandes bizarres, pour que le métier de fleuriste ne soit pas un long fleuve tranquille.»

Les proches aidants

Toute la question de la détresse des proches aidants est aussi arrivée en observant ce que des gens de son entourage ont vécu, bien que l’histoire décrite dans le roman soit totalement fictive.

«Je voyais ce mélange d’émotions, à la fois beaucoup d’amour et en même temps un épuisement. Ça devient très lourd. J’avais le goût d’explorer la complexité des sentiments des gens qui accompagnent des personnes en fin de vie.»

Le théâtre et le réalisme magique

Le réalisme magique et la pièce de théâtre faisant partie du roman lui ont permis de créer une distance entre la réalité et la fiction, de façon à enlever de la lourdeur au récit. Cette subtilité permet aux lecteurs sensibles d’être empathiques vis-à-vis des personnages et de ce qu’ils vivent, sans être surchargés eux-mêmes par les émotions.

«Mon pari, c’est que le réalisme magique permet un peu ça. Ça met une distance, par ce côté magique, comme les plantes carnivores ou les inondations. Il y a un côté ludique qui est présent. Ça ajoute une petite légèreté, malgré tout.»

Ce qui nous dévore

Marie-Hélène Sarrasin

Éditions Tête Première

168 pages

  • Marie-Hélène Sarrasin enseigne la littérature au Cégep régional de Lanaudière à Joliette.
  • Elle vit à Saint-Gabriel-de-Brandon.
  • Son premier roman, Douze arpents (2023) a été sélectionné pour le Prix des libraires.
«Marine sourit devant les variétés choisies par sa grand-mère. Des urnes pourpres, nervurées. Des feuilles recouvertes de pièges à mucilages. Des mâchoires attrape-mouches. Fascinées, les plantes et la future mère se regardent. Se reconnaissent.»
- Marie-Hélène Sarrasin, Ce qui nous dévore, Éditions Tête Première

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