Visages de notre histoire: Marie-Claire Daveluy brillante pionnière

Centre des Mémoires Montréalaises
Bibliothécaire, suffragette et historienne
Née à Montréal le 15 août 1880, Marie-Claire Daveluy est la fille de George Daveluy, inspecteur et homme d’affaires, et de Maria Lesieur Desaulniers. La jeune fille grandit sur la rue Saint-Denis dans le Quartier latin, un secteur alors privilégié par la bourgeoisie francophone. Après de brillantes études au réputé couvent d’Hochelaga, elle perfectionne ses talents de pianiste à l’Académie de musique de Québec. Après avoir envisagé une carrière de concertiste, elle entre en fonction à la bibliothèque municipale de Montréal le 1er mai 1917. Bonne catholique et nationaliste, Marie-Claire Daveluy est pourtant une fervente suffragette. Ses connaissances sur le vote des femmes dans le monde font l’admiration de la féministe Marie Gérin-Lajoie, mais ne sont guère du goût du leader nationaliste Henri Bourassa, très réfractaire au suffrage féminin. Première femme à être acceptée à la prestigieuse Société historique de Montréal en 1917, c’est surtout par son travail d’historienne qu’elle donne aux femmes la place qui leur revient.
RÉALISATIONS
Mettre fin à l’invisibilité des femmes

Autodidacte à une époque où l’histoire en est à ses balbutiements comme discipline universitaire, Marie-Claire Daveluy bénéficie certainement de l’apport de ses pairs à la Société historique de Montréal, mais doit faire preuve d’une rigueur sans faille. Dans une biographie sur Jeanne Mance publiée en 1934, Marie-Claire Daveluy relève plusieurs erreurs dans le travail de ses prédécesseurs et énonce pour la première fois que Jeanne Mance mérite le titre de cofondatrice de Ville-Marie, à égalité avec Paul Chomedey de Maisonneuve. Que ce soit Marguerite Bourgeois, Madeleine de Chauvigny de la Peltrie, Jeanne Mance, Martine Messier, Barbe Poisson, Marie Morin, Marie Rollet... Marie-Claire Daveluy donne une voix à ces femmes du passé et rend l’histoire accessible à tous. Infatigable, elle rédige de populaires romans jeunesse d’inspiration historique comme Les aventures de Perrine et Charlot qui initient des milliers d’enfants à l’épopée de la Nouvelle-France ou encore sa série Le Richelieu héroïque, évoquant l’histoire des patriotes.
héritage
Un héritage partiellement oublié

Pendant de nombreuses années, le souvenir de Marie-Claire Daveluy perdure pour sa contribution à la professionnalisation du métier de bibliothécaire. Elle a créé avec Aegidius Fauteux, en 1937, la toute première école française de bibliothéconomie en Amérique, à l’Université de Montréal, qu’elle dirigea ensuite. Cette grande dame fut aussi reconnue pour sa production littéraire maintes fois récompensée, notamment pour Les aventures de Perrine et Charlot, qui sont, encore à ce jour, la première série romanesque éditée spécifiquement pour les jeunes au Québec. Comme elle exerce hors du milieu universitaire, sa contribution peu conventionnelle comme historienne érudite et vulgarisatrice est toutefois peu considérée par la suite. Pendant un temps, elle est victime de l’invisibilité historique des femmes qu’elle a si souvent décriée de son vivant. Son travail rigoureux pour mettre de l’avant la contribution des femmes dans l’histoire nationale a été récemment redécouvert par l’historienne Louise Bienvenue. Reconnue au sein de la discipline historique, elle fait aujourd’hui figure de pionnière.
*Recherche et rédaction par l’historienne Maude Bouchard-Dupont