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L'article provient de Le Journal de Montréal
Société

Visages de notre histoire: Marie-Claire Daveluy brillante pionnière

Portrait de Marie-Claire Daveluy avant 1924.
Portrait de Marie-Claire Daveluy avant 1924. Photo courtoisie, Division des archives de l’Université de Montréal, fonds Victor Morin, P0056, photographie 1FP/00480
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Centre des Mémoires Montréalaises

2021-11-28T05:00:00Z
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Bibliothécaire, suffragette et historienne

Née à Montréal le 15 août 1880, Marie-Claire Daveluy est la fille de George Daveluy, inspecteur et homme d’affaires, et de Maria Lesieur Desaulniers. La jeune fille grandit sur la rue Saint-Denis dans le Quartier latin, un secteur alors privilégié par la bourgeoisie francophone. Après de brillantes études au réputé couvent d’Hochelaga, elle perfectionne ses talents de pianiste à l’Académie de musique de Québec. Après avoir envisagé une carrière de concertiste, elle entre en fonction à la bibliothèque municipale de Montréal le 1er mai 1917. Bonne catholique et nationaliste, Marie-Claire Daveluy est pourtant une fervente suffragette. Ses connaissances sur le vote des femmes dans le monde font l’admiration de la féministe Marie Gérin-Lajoie, mais ne sont guère du goût du leader nationaliste Henri Bourassa, très réfractaire au suffrage féminin. Première femme à être acceptée à la prestigieuse Société historique de Montréal en 1917, c’est surtout par son travail d’historienne qu’elle donne aux femmes la place qui leur revient. 

RÉALISATIONS  

Mettre fin à l’invisibilité des femmes 

Marie-Claire Daveluy avec des membres et amies de l’Association des gardes-malades de l’Hôtel-Dieu, devant le monument dédié à Jeanne-Mance, en 18 mai 1939
Marie-Claire Daveluy avec des membres et amies de l’Association des gardes-malades de l’Hôtel-Dieu, devant le monument dédié à Jeanne-Mance, en 18 mai 1939 Photo courtoisie, BAnQ Vieux-Montréal, Fonds La Presse, P833S3D0450_0009_

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Autodidacte à une époque où l’histoire en est à ses balbutiements comme discipline universitaire, Marie-Claire Daveluy bénéficie certainement de l’apport de ses pairs à la Société historique de Montréal, mais doit faire preuve d’une rigueur sans faille. Dans une biographie sur Jeanne Mance publiée en 1934, Marie-Claire Daveluy relève plusieurs erreurs dans le travail de ses prédécesseurs et énonce pour la première fois que Jeanne Mance mérite le titre de cofondatrice de Ville-Marie, à égalité avec Paul Chomedey de Maisonneuve. Que ce soit Marguerite Bourgeois, Madeleine de Chauvigny de la Peltrie, Jeanne Mance, Martine Messier, Barbe Poisson, Marie Morin, Marie Rollet... Marie-Claire Daveluy donne une voix à ces femmes du passé et rend l’histoire accessible à tous. Infatigable, elle rédige de populaires romans jeunesse d’inspiration historique comme Les aventures de Perrine et Charlot qui initient des milliers d’enfants à l’épopée de la Nouvelle-France ou encore sa série Le Richelieu héroïque, évoquant l’histoire des patriotes.

héritage 

Un héritage partiellement oublié

D’abord publiée dans la revue L’oiseau bleu, la série de Marie-Claire Daveluy Perrine et Charlot devient, en 1923, le premier livre pour enfants édité au Canada français. L’aventure épique de deux orphelins français en Nouvelle-France est illustrée par James McIsaac, comme cette composition intitulée Je ne veux pas que tu partes, Julien, sanglote Charlot.
D’abord publiée dans la revue L’oiseau bleu, la série de Marie-Claire Daveluy Perrine et Charlot devient, en 1923, le premier livre pour enfants édité au Canada français. L’aventure épique de deux orphelins français en Nouvelle-France est illustrée par James McIsaac, comme cette composition intitulée Je ne veux pas que tu partes, Julien, sanglote Charlot. Photo courtoisie, BAnQ Vieux-Montréal, L’Oiseau bleu, vol. 1, no 7-8, juillet-août 1921, p. 4. 163101_001-007-0004

Pendant de nombreuses années, le souvenir de Marie-Claire Daveluy perdure pour sa contribution à la professionnalisation du métier de bibliothécaire. Elle a créé avec Aegidius Fauteux, en 1937, la toute première école française de bibliothéconomie en Amérique, à l’Université de Montréal, qu’elle dirigea ensuite. Cette grande dame fut aussi reconnue pour sa production littéraire maintes fois récompensée, notamment pour Les aventures de Perrine et Charlot, qui sont, encore à ce jour, la première série romanesque éditée spécifiquement pour les jeunes au Québec. Comme elle exerce hors du milieu universitaire, sa contribution peu conventionnelle comme historienne érudite et vulgarisatrice est toutefois peu considérée par la suite. Pendant un temps, elle est victime de l’invisibilité historique des femmes qu’elle a si souvent décriée de son vivant. Son travail rigoureux pour mettre de l’avant la contribution des femmes dans l’histoire nationale a été récemment redécouvert par l’historienne Louise Bienvenue. Reconnue au sein de la discipline historique, elle fait aujourd’hui figure de pionnière. 

*Recherche et rédaction par l’historienne Maude Bouchard-Dupont

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