Marianne Brisebois explore les effets pernicieux de la maculinité toxique sur les relations sociales dans son nouveau roman, «Balcons»


Marie-France Bornais
Après avoir conquis son lectorat avec Tant que ce sera l’été et Mais l’automne est arrivé, Marianne Brisebois explore la vie intérieure et la vie urbaine de Xavier, un jeune homme accablé par la honte après avoir abandonné ses études, son engagement militant à l’université et le stage de ses rêves. Balcons, son nouveau roman, est un récit doux-amer qui met en lumière les petites et les grandes violences qui peuvent survenir dans une jeune vie.

Xavier, dans l’appartement qu’il partage avec Éli, un coloc au pouce vert, il essaie de ne pas concentrer toutes ses pensées vers les événements qu’il a traversés et les souvenirs qui provoquent son insomnie. Il cherche les mots pour décrire ce qui le dévore de l’intérieur.
Marianne Brisebois aborde des thèmes différents de ceux des livres précédents dans ce nouveau roman très urbain. «J’ai l’impression d’être un peu sortie de ce que je faisais habituellement, dans le type de narration et le type d’écriture, mais on va quand même retrouver des sujets et des thèmes qui me sont chers dans tous mes romans.»
Ce roman, explique-t-elle, aborde le fait de devenir très attaché à quelqu’un et d’admirer cette personne-là jusqu’à céder beaucoup de choses et à perdre le contrôle sur soi-même dans le processus d’être obnubilé par quelqu’un, de sentir qu’on lui doit beaucoup de choses.
«Ce livre a une narration plus crue que ce que je fais normalement, avec un personnage très imparfait, qui va sembler très vulnérable.»
Son personnage principal vient du milieu militant étudiant. «C’est un jeune homme de 24 ans. Je me suis inspirée du contexte que je vivais moi-même quand j’étais étudiante, en 2012. Mais j’ai aussi toujours travaillé dans le milieu communautaire donc le côté très militant, c’est quelque chose qui me rejoint beaucoup. J’aimais avoir une trame de fond comme celle-là.»
Dès le début de l’histoire, on comprend que Xavier a abandonné tout ce qu’il avait. «Il a abandonné ses études, sa maîtrise, et son engagement qui était vraiment important dans le milieu étudiant et on va, par le biais de souvenirs, comprendre qu’est-ce qui l’a mené à se retirer complètement.»
Les effets pernicieux de la masculinité toxique
Marianne Brisebois ajoute qu’on va reconnaître son style en découvrant que deux personnes qui semblent n’avoir rien en commun vont rester ensemble.
«On va en apprendre beaucoup plus et on va voir deux trajectoires de vie différentes. La trajectoire de vie de ces deux jeunes hommes a été très affectée par la masculinité toxique. Je voulais dépeindre comment elle affecte la vie de jeunes femmes, mais aussi d’hommes.»
Des comportements inacceptables
L’écrivaine note que la masculinité toxique est souvent représentée dans le cadre de relations amoureuses, mais qu’elle a voulu la montrer à travers des relations qui n’en sont pas.
«Je voulais aller dans des contextes qui sont différents, où ces privilèges qu’on va accorder à certains hommes qui ont du pouvoir, qui ont du charisme ou qui ont de la prestance, vont affecter la vie de femmes, mais aussi la vie d’hommes qui sont eux-mêmes victimes de ce côté-là où on va donner le droit à beaucoup de comportements qui sont totalement inacceptables.»
Balcons
Marianne Brisebois
Éditions Hurtubise
248 pages
- Marianne Brisebois est diplômée en psychologie et en communications.
- Elle a publié Sauf que Sam est mort en 2021 et Quelques solitudes en 2022 de même que Tant que ce sera l’été et Mais l’automne est arrivé en 2023.
«J’ai quand même eu le temps de conclure qu’y a deux sortes
de monde qui chill sur leur balcon. Les gens heureux d’enfin
prendre l’air, qui se sentent donc ben privilégiés d’avoir leur
petit espace extérieur qu’ils envahissent de plantes pis de
tomates jusqu’à ce que le vieux jus de terre déborde chez tout
le monde. Les mêmes qui sont habiles pour ignorer le fumeux
de pot d’en haut pis le coût du loyer qui leur fait croire que
d’avoir juste assez de place pour deux chaises de patio, ça justifie
de couper dans l’épicerie.»
- Marianne Brisebois, Balcons, Éditions Hurtubise
• À lire aussi: Tant que ce sera l’été: quitter une secte et refaire sa vie
• À lire aussi: Nouveau roman de Marianne Brisebois: le poids de la solitude