Marché immobilier: quoi faire devant la baisse des prix?


Michel Girard
Le marché immobilier résidentiel est en forte correction, partout au Canada.
C’est évidemment une très mauvaise nouvelle pour les gens qui ont récemment acquis une propriété à un prix artificiellement gonflé. Même chose pour les propriétaires qui souhaitent vendre leurs maisons, après avoir raté le sommet.
Mais les futurs acquéreurs, quant à eux, apprécieront de toute évidence la sévère correction qui est en cours. Par contre, ils font face à un problème de taille, soit le financement de leur éventuel achat à des taux hypothécaires passablement élevés.
Selon l’Indice de prix de maison Teranet-Banque Nationale, la baisse cumulative des prix depuis le sommet en mai dernier atteignait en décembre les 10%. C’est «la plus forte contraction de l’indice jamais enregistrée», indique l’économiste Daren King, de la Financière Banque Nationale.
«La baisse des prix que nous connaissons présentement, ajoute-t-il, a même surpassé la perte de valeur de 9,2% survenue lors de la crise financière de 2008.»
La correction du marché résidentiel devrait se poursuivre au fil des prochains mois. En raison de la forte augmentation du taux directeur de la Banque du Canada qui a fait exploser les taux hypothécaires, le prix des propriétés devrait continuer de chuter.
En présumant que la Banque du Canada cesse bientôt de hausser son taux directeur, la correction pourrait plafonner à 15% dans l’ensemble du pays.
Pire au Québec
En analysant les statistiques compilées par l’Association professionnelle des courtiers immobiliers du Québec (APCIQ), force est de constater que la correction semble encore plus sévère au Québec.
À preuve, voici les baisses enregistrées entre le récent sommet atteint le printemps dernier et le mois de décembre dernier.
Pour l’ensemble de la province, la chute du prix médian s’élève à 13,5% dans l’unifamiliale, passant de 451 000$ à 390 000$, en recul de 61 000$.
Dans le marché de la copropriété, la baisse est de 10,2%, alors que le prix médian a chuté de 384 000$ à 345 000$, en chute de 39 000$.
C’est dans le marché du plex (deux à cinq logements) que la plus forte correction a été enregistrée. Le prix médian a reculé de 125 000$ (-22%), soit de 565 000$ en mai à 440 000$ en décembre.
Pour connaître l’ampleur de la correction immobilière qui a sévi dans votre région, je vous invite à consulter le tableau ci-contre.
Que faire?
Les probabilités que la correction immobilière s’amplifie au cours des prochains trimestres sont très fortes, et ce, en raison notamment de la menace d’entrer sous peu en récession, de la flambée des prix survenue à la suite de l’inflation galopante, du niveau élevé des taux hypothécaires et autres prêts à la consommation.
Le jeu de l’offre et de la demande favorise donc les futurs acquéreurs aux dépens des vendeurs potentiels. Ce qui exerce une possible pression à la baisse sur les prix actuels.
Toutefois, comme la fin du cycle à la hausse du taux directeur de la Banque du Canada approche, cela laisse présager que les taux hypothécaires vont bientôt plafonner. Et selon plusieurs économistes, dont ceux de Desjardins, les taux hypothécaires devraient diminuer à partir de l’an prochain.
Cette diminution éventuelle des taux hypothécaires devrait relancer le marché immobilier, ou à tout le moins le stabiliser, laissant sur le qui-vive les futurs acquéreurs.
Taux hypothécaires
Au début de l’année 2022, selon le baromètre de l’APCIQ, le taux hypothécaire d'un an s’élevait à 2,79% et celui du terme de cinq ans était de 4,79%.
Moins d’un an plus tard, le taux d’un an a grimpé à 6,9% et celui de cinq ans à 6,37%, en hausse, respectivement, de 3,3 points de pourcentage et de 1,58 point de pourcentage.
Il en coûte donc aujourd’hui nettement plus cher pour financer l’achat d’une propriété ou refinancer celle qu’on a.
Les économistes de Desjardins prévoient que le terme hypothécaire d'un an plafonnera cette année à 6,4% et celui de cinq ans à 6,75%. Par la suite, les taux hypothécaires devraient amorcer une descente, les ramenant en 2027 à 4,35% pour le terme d'un an et à 5,7% pour celui de cinq ans.
CORRECTION IMMOBILIÈRE PAR RÉGION
Plus spécifiquement, voici le prix médian affiché en décembre dernier et la baisse concrète dudit prix par rapport au récent sommet, selon les diverses régions du Québec. Les données sont basées sur les statistiques publiées par l’APCIQ et le système Centris.
Île de Montréal
- Unifamiliale: 653 200$ (-131 800$ / -16,8%)
- Copropriété: 435 000$ (-30 000$ / -6,5%)
Laval
- Unifamiliale: 486 000$ (-115 000$ / -19,1%)
- Copropriété: 356 000$ (-52 000$ / -12,7%)
Rive-Nord de Montréal
- Unifamiliale: 440 000$ (-85 500$ / -16,3%)
- Copropriété: 322 000$ (-31 800$ / -9,0%)
Rive-Sud de Montréal
- Unifamiliale: 517 000$ (-62 000$ / -10,3%)
- Copropriété: 335 000$ (-45 000$ / -11,9%)
Région de Québec
- Unifamiliale: 328 000$ (-22 000$ / -6,3%)
- Copropriété: 222 500$ (-17 450$ / -7,3%)
Région de Gatineau
- Unifamiliale: 415 000$ (-60 000$ / -12,6%)
- Copropriété: 285 000$ (-31 000$ / -9,2%)
Région du Saguenay
- Unifamiliale: 237 324$ (-11 176$ / -4,5%)
- Copropriété: 195 000$ (-4450$ / -2,3%)
Région de Sherbrooke
- Unifamiliale: 350 000$ (-19 000$ / -5,1%)
- Copropriété: 265 000$ (-20 000$ / -7,0%)
Région de Trois-Rivières
- Unifamiliale: 284 500$ (-20 500$ / -6,7%)
- Copropriété: 232 500$ (0$ / 0%)