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L'article provient de Le Journal de Montréal
Politique

Marchand «déçoit» et agit en «spectateur», selon Claude Villeneuve

Pas tendre envers le maire, le chef de l'opposition officielle réfléchit à briguer le poste en 2025

Pour le chef de l’opposition officielle, Claude Villeneuve (photo), le maire de Québec, Bruno Marchand n’a pas répondu aux attentes dans plusieurs dossiers depuis son élection, comme ceux du troisième lien et de la fermeture de Medicago.
Pour le chef de l’opposition officielle, Claude Villeneuve (photo), le maire de Québec, Bruno Marchand n’a pas répondu aux attentes dans plusieurs dossiers depuis son élection, comme ceux du troisième lien et de la fermeture de Medicago. Photo Stevens LeBlanc
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Photo portrait de Stéphanie  Martin

Stéphanie Martin

2023-02-16T05:00:00Z
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Bruno Marchand agit en «spectateur» et n’a pas le poids politique de ses prédécesseurs, clame le chef de l’opposition, qui réfléchit à la possibilité de briguer la mairie aux prochaines élections, tout en étant conscient de son déficit de notoriété.

• À lire aussi: Les déceptions du chef de l’opposition

En entrevue éditoriale, le chef de l’opposition officielle à l’hôtel de ville de Québec, Claude Villeneuve, n’est pas tendre à l’endroit du maire, Bruno Marchand.

Après la collaboration annoncée en début de mandat, il y a eu une cassure, dit-il, quand il a conclu que le maire ne répondait pas aux attentes.

En tentant de «faire plaisir à tout le monde», Bruno Marchand «a déçu», lance-t-il. «C’est difficile de marcher avec un partenaire qui ne rencontre pas les attentes.»

Photo Stevens LeBlanc
Photo Stevens LeBlanc

M. Villeneuve estime que dans des dossiers comme le troisième lien et la fermeture de Medicago, le maire adopte l’attitude de «spectateur».

Si M. Marchand n’a pas été avisé par le gouvernement Legault des ennuis financiers de la biopharmaceutique, dit-il, c’est qu’il «n’a pas donné l’impression que l’économie l’intéresse beaucoup». 

«Contraste»

«Bruno Marchand ne réussit pas à se positionner comme quelqu’un qui fait partie de la solution», assène Claude Villeneuve, traçant un contraste avec les maires qui l’ont précédé.

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«Dans la dynamique politique de Québec, son rapport de force s’incarne beaucoup à travers le maire. On nomme [Régis] Labeaume, Andrée Boucher, Jean-Paul L’Allier, Jean Pelletier, Gilles Lamontagne : il n’y a pas un nom là-dedans qui restait sur les lignes de côté. C’est du monde qui sautait dans la mêlée et qui était là, à se battre pour chaque pouce. Et Bruno Marchand, il casse le moule dans ce [à quoi] on s’attend d’un maire de Québec.»

Selon lui, M. Marchand est en train de «dilapider le très gros capital de sympathie qu’il est allé chercher dans l’ensemble du Québec».

Il y avait un «buzz» autour de lui, «mais il n’a pas su utiliser ça pour devenir un partenaire incontournable».

Le dernier sondage Léger publié par Le Journal en novembre octroie au maire un taux de satisfaction enviable de 67 %, contre 36 % pour Claude Villeneuve.

Photo Stevens LeBlanc
Photo Stevens LeBlanc

Selon ce dernier, la tendance a changé récemment, «du point de vue des décideurs», et l’effet de nouveauté s’est déjà estompé.

Le sondage a aussi montré que M. Villeneuve est peu connu. «Je travaille à me faire connaître», acquiesce-t-il.

Le rôle de l’opposition est «ingrat», car il est «dans l’ombre de Bruno Marchand» et doit critiquer, mais il est convaincu qu’il part sur de bonnes bases.

Feu vert pour la mairie

Il a d’ailleurs le «feu vert» de son équipe et de sa conjointe pour se présenter comme candidat à la mairie, en 2025. Il y réfléchit sérieusement. «J’aimerais ça être maire de Québec, un jour.»

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Mais son «gros test personnel», c’est la venue d’un deuxième enfant, qui naîtra en juillet.

Il ne veut pas que sa famille «pâtisse» de son implication en politique.

Il rendra sa décision un an avant les élections.  

Tramway: «un autre boulevard Charest en ville»?

Illustration fournie par la ville de Québec
Illustration fournie par la ville de Québec

Claude Villeneuve craint que le projet de tramway crée «un autre boulevard Charest en ville», car l’administration Marchand laisse selon lui trop de place à de larges voies automobiles. «On n’a pas besoin de ça pour la fluidité du trafic.»

Il déplore d’ailleurs qu’il n’y ait aucun spécialiste de l’aménagement du territoire sur le comité de réalisation du projet.

«Il n’y a personne qui se demande : ça va être quoi l’expérience du piéton et du cycliste, et même de l’automobiliste qui va passer là?»

Par ailleurs, il s’attend à une hausse de coûts du projet, «conséquente au marché», mais, comme le maire, il dit que cela ne peut pas se faire à n’importe quel prix.

Pour lui, les conditions importantes sont le maintien de la portée du projet et la participation des gouvernements supérieurs pour les dépassements de coûts.

Il répète aussi qu’il est contre toute redevance imposée le long du tracé. Cette mesure est « terrible » pour le développement économique et l’aménagement de la ville, puisqu’elle inciterait les constructeurs à s’éloigner du tramway, croit-il.

«Si un jour on me présente des arguments qui me montrent que c’est bon, il y a juste les fous qui ne changent pas d’idée et je ne suis pas cave. Mais à ce stade-ci, je suis contre. J’ai vraiment de la misère à m’imaginer que je pourrais voter pour un budget qui comprend cette mesure-là.» 

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«Choqué» par la réaction du maire sur les congés parentaux

Photo Stevens LeBlanc
Photo Stevens LeBlanc

La réponse de Bruno Marchand à une proposition de la conseillère Jackie Smith sur les congés parentaux a «choqué» Claude Villeneuve.

«C’est d’une mesquinerie que j’ai de la misère à qualifier», s’insurge-t-il.

À la suite de la proposition de Mme Smith, elle-même enceinte, le maire avait laissé entendre que de permettre à un non-élu de remplacer un conseiller en congé parental pouvait mener à la nomination d’un «ami».

«Pour un maire qui veut faire de la politique autrement, j’ai trouvé ça particulièrement cheap», exprime M. Villeneuve.

M. Marchand s’en était aussi pris au chef de l’opposition, dont le parti a appuyé le dépôt de la proposition au conseil.

«Il a ignoré Jackie. Le maire féministe, quand il va se lever pour souligner la Journée internationale des femmes, le 8 mars, je vais avoir un sourire en coin.»

M. Villeneuve répète cependant qu’il n’est «pas à l’aise» avec le fait qu’un non-élu siège au conseil. 

Marchand doit se prononcer sur le troisième lien

Illustration fournie par le gouvernement du Québec
Illustration fournie par le gouvernement du Québec

La position du maire de Québec sur le troisième lien doit être précisée, selon le chef de l’opposition.

«Bruno Marchand, en campagne, a dit qu’il ne voulait pas que le troisième lien sorte dans Saint-Roch. J’aimerais ça qu’il dise s’il est à l’aise qu’il sorte sur Laurentienne ou sur Dufferin-Montmorency?»

Claude Villeneuve estime qu’un tunnel sur Laurentienne est incompatible avec le projet de boulevard urbain que la Ville de Québec veut y aménager. Il pense qu’il y a peut-être une part de calcul politique dans le choix de Bruno Marchand de ne pas se prononcer sur le sujet.

«Quand le maire est juste spectateur sur cette question et fait peut-être le calcul stratégique qu’il pense que ça va tomber de soi-même, dans ce temps-là, il ne parle pas des autres sujets», comme la gestion des voies sur le pont Pierre-Laporte ou le réaménagement de la tête des ponts.

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