Marc Messier a failli dire non au film à succès «Les Boys»!

Daniel Daignault
Marc Messier est carrément un monument dans le milieu culturel québécois. Cet acteur de grand talent peut se targuer d’avoir joué des personnages inoubliables, notamment ceux de Marc Gagnon, Bob et Réjean, sans compter tous ses autres rôles à la télé, au cinéma et sur scène.
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«J’ai eu la chance de jouer dans des productions qui ont eu beaucoup de succès, des productions qui ont duré, dit-il. On n’a qu’à penser à Broue — 38 ans à l’affiche! — et à Lance et compte, avec laquelle on a fait neuf séries, des téléfilms et un film. On ne voit plus ça, maintenant. Et puis, il y a eu aussi Les Boys.»
Marc Messier était âgé de 31 ans quand il a commencé à jouer la pièce Broue avec ses amis Michel Côté et Marcel Gauthier. «Honnêtement, on ne pensait jamais connaître un tel succès. Ça pressait d’ouvrir le Théâtre des Voyagements que nous avions fondé, parce que nous n’avions pas d’argent; on avait tout investi dans les rénovations. Notre idée était de jouer notre pièce durant un mois, puis louer ensuite le théâtre à d’autres. Comme Véronique (Le Flaguais) était enceinte, on a décidé, les trois gars (Michel Côté, Marcel Gauthier et Marc), de chercher un sujet de gars. Comme les tavernes allaient fermer pour faire place aux brasseries, on s’est dit qu’on allait célébrer cette vieille institution chauviniste! On avait l’idée de faire des personnages et des sketchs et on a fait appel à des auteurs qu’on connaissait. Puis, on est partis des textes de Claude Meunier, Louis Saia, Francine Ruel et Jean-Pierre Plante. On a répété, monté la pièce et on a ouvert le théâtre le 21 mars 1979 avec le spectacle Broue.»
Après 3322 représentations...
Le reste fait partie de l’histoire, comme on dit. «On pensait vraiment jouer seulement un mois, parce qu’on avait loué la salle à une autre production. Je pense que c’était à Pauline Martin, qui faisait Bachelor, son one woman show. Comme notre spectacle a eu beaucoup de succès, on s’est remis à l’affiche l’automne suivant, et ça n’a jamais fini! On a fait 3322 représentations, mais pendant longtemps, on se disait qu’il fallait en profiter parce qu’on pensait tout le temps que ça allait finir. Au bout de quatre ou cinq ans, on a réalisé qu’on avait un public qui était sans fin, et que plusieurs revenaient voir la pièce. C’est à ce moment qu’on a décidé de réduire le nombre de représentations par année — Broue a déjà été présentée à 200 reprises en un an —, et de la jouer plus longtemps. On la présentait donc cinq mois par année, et le reste du temps, on tournait dans autre chose ou on ne faisait rien», ajoute Marc. C’est Michel qui a voulu continuer le plus longtemps. On voulait arrêter Broue les trois en même temps et on a attendu deux ou trois saisons, car Michel disait tout le temps: «Avant que je retrouve un personnage aussi complet que Pointu, ça va être difficile.» Finalement, c’est en 2017 qu’on a décidé de se retirer.»
Il a fait sa chance...
Lance et compte a aussi marqué la carrière de Marc. «Ç’a été majeur dans ma vie. C’était un personnage riche qui allait dans toutes sortes de dimensions et que j’ai beaucoup développé avec les réalisateurs, Jean-Claude Lord et Richard Martin, ainsi que Réjean Tremblay.» Puis, il y a eu La petite vie et Les Boys. «J’ai été bien occupé, très heureux et comblé professionnellement parlant. J’ai adoré chaque minute que m’a donnée ce métier-là, et je pense que j’ai fait ma chance. Ça fait longtemps que je suis là, et j’ai toujours senti l’amour que les gens me portaient, je suis très content de ça.»
Broue

«C’était irréel! Le Québec est réputé pour être un petit bassin de population qui va voir des spectacles, mais ce n’est pas ça qui est arrivé avec Broue. On a battu des records mondiaux pour le plus grand nombre de représentations avec la même distribution. J’ai toujours été très fier de nous trois, de la façon dont on a géré ça.»
Lance et compte

«J’ai passé une audition pour jouer dans cette sérieLance et compte. Au départ, mon rôle était très marginal. Marc Gagnon était un vétéran dans l’équipe. Les personnages principaux étaient des jeunes gars dans la vingtaine alors qu’il avait 35 ou 36 ans. Ce personnage était très amer, déçu et colérique. J’ai dit à Jean-Claude qu’il faudrait trouver pourquoi il était comme ça et les auteurs ont embarqué dans cette proposition. C’est comme ça que mon rôle est devenu beaucoup plus important au cours des saisons suivantes. Je pense que Marina avait 17 ans quand je l’ai connue. J’ai beaucoup travaillé avec elle en dehors du tournage, on préparait nos scènes ensemble. Elle avait du guts, elle voulait s’améliorer et ça fittait très bien avec moi. J’ai eu beaucoup de plaisir à jouer ce personnage.»
Appelez-moi Stéphane

«Pour le Théâtre des Voyagements, on avait demandé à Claude (Meunier) et Louis (Saia) de nous écrire une pièce, ce qui a donné Appelez-moi Stéphane. La première mouture était composée de Michel Côté, Véronique Le Flaguais, Marcel Gauthier, Francine Ruel et Frédérique Bédard. On a eu beaucoup de succès et la pièce est encore montée aujourd’hui. J’ai rejoué dans une autre version par la suite avec, entre autres, Gilles Renaud et Serge Thériault.»
Avec un grand A

«C’était le premier épisode de L’Amour avec un grand A, que j’ai fait avec Louisette Dussault. L’histoire était celle d’une femme plus âgée qui sort avec un gars plus jeune. C’était l’histoire de Janette qui venait tout juste de rencontrer Donald Jeanson, qui est encore son chum aujourd’hui. Il était décorateur à Télé-Québec. Janette est une femme tellement extraordinaire et généreuse! C’est drôle parce que Louisette m’avait enseigné à l’option théâtre de Saint-Hyacinthe. Quand on jouait des pièces dans lesquelles il y avait des chansons, elle venait nous faire répéter.»
Les voisins

«Mon rêve était de jouer Bernard dans cette pièce, qui a été écrite à partir d’un sketch qui s’appelait Le party plate. Je faisais la série pour enfants La fricassée, écrite par Claude Meunier. C’est de cette façon qu’on s’est rencontrés. Je trouvais Les voisins tellement drôle! Je me disais qu’un jour, j’allais jouer le rôle de l’un des parents, parce que j’étais trop jeune à l’époque. C’est quand la pièce a été enregistrée pour Télé-Québec que j’ai pu réaliser mon grand rêve. L’autre père était joué par Serge Thériault.»
La petite vie

«Ce qui était formidable avec La petite vie, c’est que c’était complètement une autre affaire. Réjean était un personnage de composition. Au lieu d’être une espèce de héros, c’était un deux de pique, un loser, mais drôle. C’était tripant comme acteur de jouer ça. Ç’a été une période tellement bénie. Tout le groupe était bon et drôle sous l’écriture de Claude Meunier. Jouer dans des trucs qui ont un succès populaire est tellement valorisant, ça donne un sens à tout.»
La fête des rois

«J’avais complètement oublié ça! C’est un film qui a été fait à l’ONF. Il avait été écrit et réalisé par Marquise Lepage. C’est Marc-André Grondin qui jouait le personnage principal, il avait neuf ans. C’était un petit bonhomme exceptionnel, il était tellement bon, et il a été bon toute sa vie. Il a fait une très belle transition vers le monde adulte. Marcel Sabourin, Monique Mercure et Denis Bouchard jouaient dans ce film, mais je n’en ai qu’un vague souvenir.»
Le sphinx

«C’est Louis Saia qui a réalisé ce film dans lequel jouait Céline Bonnier, qui était une jeune actrice très douée. Elle n’était pas très connue à cette époque. Ç’a été très long à monter, ça a pris sept ans avant que ça se fasse. Il y a des scènes que j’ai écrites dans ce film-là.»
Les Boys (film)

«Crois-le ou non, mais j’ai failli dire non à ça. Louis Saia, qui était mon ami et avec qui je travaillais beaucoup, m’a appelé pour me parler du film Les Boys. Il m’a envoyé le premier scénario qui n’était vraiment pas bon. Ce n’était pas Louis qui l’avait écrit — il allait le retravailler —, et il m’a dit de lui faire confiance. Je ne l’ai pas regretté parce que c’était formidable et tout le monde s’aidait durant le tournage. On a tellement ri! Il y avait une distribution extraordinaire, tous de bons acteurs.»
Lance et compte – Nouvelle génération

«La directrice de casting Hélène Robitaille m’avait appelé pour me dire qu’ils avaient décidé de me confier le rôle de Marc Gagnon pour la première série. Crois-le ou non, je lui avais dit que je ne savais pas si j’allais le faire: il y avait Broue, le Bye Bye, et on m’avait demandé de jouer dans la version télé de la pièce Les voisins. Je me rappelle très bien qu’elle m’a dit: «Si j’étais toi, je le ferais.» C’était 70 jours de tournage. Je venais d’avoir mon premier enfant, alors ç’a été épique, mais je n’ai jamais regretté d’avoir accepté le rôle.»
Grande Ourse

«Quelle chance d’avoir joué là-dedans! C’était une série tellement relevée artistiquement, réalisée par Patrice Sauvé. J’ai eu de grands moments de plaisir à jouer avec Fanny Mallette et Normand Daneau.»
Les Boys (série télé)

«Après les films, il y a eu la série télé. On avait du plaisir à être ensemble, on s’amusait beaucoup. Mais vers la fin, ça traînait un peu de la patte. Le citron a été pas mal pressé, comme on dit.»
Le grand départ

«C’est un film écrit par Claude Meunier qui parlait d’une histoire d’amour et d’une séparation de couple. C’était la première fois, je pense, qu’on faisait quelque chose d’aussi touchant ensemble. J’avais de belles scènes à jouer avec Guylaine (Tremblay).»
Adam et Ève

«Il n’y a pas grand monde qui s’en souvient, et c’est peut-être mieux comme ça! (sourire) Ce projet-là recevait des critiques négatives avant même qu’il soit tourné! Ce qui était difficile, c’était qu’on voyait les personnages à différentes époques de leur vie et c’était presque devenu un show de maquillage. Il y avait trop de transformations.»
Toute la vérité

«C’était une très bonne série. Mon personnage était un avocat baveux et arrogant qui ne lésinait pas sur les moyens pour arriver à ses fins. Il était le père biologique de l’avocat joué par Éric Bruneau. C’est comme ça que j’ai connu Éric et qu’il est devenu mon ami.»
Boomerang

«Je jouais un bon p’tit monsieur dans Boomerang. J’avais beaucoup de scènes avec Catherine-Anne Toupin, Antoine Bertrand et Marie-Thérèse Fortin. Il y avait beaucoup de talent sur ce plateau-là, on a eu bien du plaisir.»
Le pacte des anges

«Je jouais un monsieur un peu triste qui se faisait kidnapper par deux jeunes, dans ce film-là. C’était un scénario très riche en émotions, qui a été tourné de Québec jusqu’en Gaspésie.»
Prémonitions

«J’ai retrouvé mon ami Éric Bruneau sur ce plateau. On jouait des personnages un peu glauques. Mon personnage se faisait tuer là-dedans, et je m’en souviens, parce que j’ai passé un après-midi sur le plancher ensanglanté...»
Hubert et Fanny

«Je pensais que cette série allait durer plus longtemps. Je jouais un personnage secondaire — le père du personnage campé par Thomas Beaudoin — qui était à couteaux tirés avec son ex-femme, jouée par Anne-Marie Cadieux. C’était vraiment bien écrit par l’auteur Richard Blaimert, qui a ensuite fait Cerebrum.»
La mort d’un commis voyageur

Ç’a été extraordinaire, cette pièce de théâtre. C’est tout de suite après la fin de Broue que j’ai fait ça. J’avais énormément de texte, tu n’as pas idée à quel point j’étais sur les nerfs! C’était un rêve de jouer ce personnage, au Rideau Vert puis en tournée. Éric Bruneau et Mikhaïl Ahooja jouaient mes fils.»
Neuf

«C’était une pièce bien spéciale de Mani Soleymanlou, un spectacle qui parlait de nos vies personnelles. On devait le présenter dans 32 villes, mais la pandémie est arrivée et on n’en a fait qu’une! J’avais écrit un petit monologue sur l’ego qui a été la prémisse du spectacle solo de deux heures que j’ai fait par la suite.»
La faille

«Je n’avais pas un rôle très important. Je jouais le père du personnage de Jean-Philippe Perras, qui était propriétaire de la mine. On a tourné cinq ou six jours à Fermont. Je n’ai jamais autant gelé de ma vie, il faisait à peu près -45 °C!»
Une affaire criminelle

«Je jouais avec Louis-Philippe Dandenault qui avait incarné mon fils dans Lance et compte. Céline Bonnier avait le rôle principal et je détenais une partie de l’énigme de l’enquête qu’elle menait.»
L’arracheuse de temps

«J’ai eu beaucoup de plaisir à faire ça. J’ai aimé mon rôle de Méo le barbier dans ce film de Francis Leclerc et écrit par Fred Pellerin. Le film a été tourné au village de Saint-Armand, où est né mon père, et il était barbier! Alors, j’ai senti comme un appel.»
À cœur battant

«Hervé Dubois était un personnage d’une tristesse incroyable, qui voulait avoir le pardon de sa fille après être sorti de prison. J’avais beaucoup de scènes avec Roy Dupuis, qui est un acteur exceptionnel, et aussi avec Eve Landry, qui est vraiment très bonne.»
Avant le crash

«Je retrouvais Éric Bruneau sur ce plateau. Mon personnage savait qu’il allait mourir et j’aimais son arrogance face à la mort. Il était très touchant. J’en garde un bon souvenir.»
Le retour de La petite vie

«Quand on s’est revus, c’était comme si on s’était laissés la veille. C’était aussi plaisant, et on a vu que le public était content. Je pense que La petite vie fait partie des mœurs au Québec.»
Les hommes de ma mère

«C’était le premier film d’Anik Jean. Mon personnage était très touchant. Il était un peu abandonné, dans un CHSLD, et reprenait vie quand la fille de son ex allait le retrouver. J’ai bien aimé jouer avec Léane Labrèche-Dor, j’ai eu du plaisir à faire ça.»
Le père

«C’était une pièce magnifique, j’ai eu bien de la chance. Je ne pensais pas rejouer sur scène, mais quand ils m’ont appelé, puisque j’avais beaucoup aimé le film, j’ai décidé d’accepter après avoir lu la pièce. Je ne pouvais pas passer à côté de ça.»
Marc Messier – Seul... en scène!

«Ça faisait très longtemps que je voulais faire ça, depuis que j’avais vu Yvon Deschamps la première fois. Après Broue, j’avais plein de possibilités. Il y avait deux choses que je voulais faire: un spectacle solo et jouer un texte dramatique sur scène. C’est ce que j’ai fait avec La mort d’un commis voyageur.»