Mark Carney confirme que Mark Wiseman sera le prochain ambassadeur aux États-Unis

OTTAWA | Le premier ministre Mark Carney confirme que l’homme d’affaires Mark Wiseman sera le prochain ambassadeur du Canada à Washington, malgré de vives réactions d’opposition à Ottawa et au Québec, surtout. 

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«Nous pourrons compter sur l’expérience considérable, le réseau de contacts et le dévouement sans faille de Mark Wiseman pendant cette période cruciale où se transforme notre relation avec les États-Unis. En tant que membre essentiel de notre équipe de négociation, il contribuera à promouvoir les intérêts des travailleurs, des entreprises et des institutions du Canada tout en créant des possibilités pour le Canada et les États-Unis», a déclaré Mark Carney dans une déclaration écrite.

Les ministres du cabinet de Carney ont tranché en faveur de M. Wiseman la semaine dernière. 

Ancien exécutif du fonds d’investissement américain BlackRock, M. Wiseman est considéré comme un proche de M. Carney et a contribué financièrement à sa course à la chefferie du Parti libéral et aux élections fédérales.

Il disposerait d’une liste de contacts très enviable du côté des États-Unis, un atout que le premier ministre juge primordial pour naviguer la guerre commerciale alors que s’ouvriront en 2026 les négociations concernant l’Accord Canada–États-Unis–Mexique.

Le bureau du premier ministre vante la «vaste expérience» de Mark Wiseman dans les domaines du droit, des affaires et de la finance. «Il démontre depuis longtemps qu’il peut créer de nouvelles possibilités pour les Canadiens et Canadiennes», lit-on dans un communiqué.

M. Wiseman est surtout connu comme l’un des cofondateurs de l’Initiative du siècle, une organisation d’affaires qui fait du lobby auprès des gouvernements pour hausser de manière substantielle les seuils d’immigration permanente et temporaire.

L’expert en politiques d’immigration de l’Université de Waterloo Mikal Skuterud a indiqué que M. Wiseman plaidait pour l’élimination de toutes les barrières à l’arrivée d’immigrants temporaires. Le plan, largement adopté par Ottawa, a mené à une crise puis à un rétropédalage en 2024.

«Difficile de trouver une seule personne qui soit davantage responsable d’avoir brisé le système d’immigration canadien», a-t-il commenté.

Controversé au Québec

En 2023, Mark Wiseman a partagé un article d’opinion du Globe & Mail appuyant la cible de 100 millions d’habitants au Canada pour 2100, «même si ça fait hurler le Québec».

Lorsque les rumeurs à Ottawa amenaient l’homme d’affaires à Washington, ce commentaire a refait surface et a été repris par les opposants à sa nomination, si bien que Mark Wiseman a supprimé la publication de son compte.

Le mal était cependant déjà fait: le Parti Québécois, le Bloc Québécois et le Parti conservateur du Canada sont partis en croisade contre le choix d’Ottawa.

«Je pourrais écrire que cette nomination est ahurissante, mais non. C’est l’histoire qui se répète. Tant que le Québec ne sera pas indépendant, nous n’aurons pas notre propre voix dans le concert des nations et nous devrons subir les choix d’Ottawa à l'encontre de nos intérêts», a commenté lundi le péquiste Pascal Paradis, pour qui M. Wiseman «n’a aucune légitimité pour représenter le Québec à Washington».

En entrevue à LCN, le bloquiste Alexis Brunelle-Duceppe a lancé une charge contre le premier ministre Carney. «Il ne nous a pas écoutés et c’est irrespectueux. C’est une insulte au Québec», a déclaré le député de Lac-Saint-Jean.

À la période des questions, Pierre Poilievre a dit que M. Wiseman «a fait preuve de mépris envers le Québec» et «ne peut pas négocier pour le Québec».

Yves-François Blanchet disait quant à lui que «si c’est cette personne-là qui prend la parole aux États-Unis au nom du Canada, mais forcément aussi au nom du Québec, on a un énorme problème et il y aura un prix politique extraordinairement élevé à payer».

Mark Wiseman remplacera Kirsten Hillman, qui avait été nommée ambassadrice en 2020.