Marc Bélanger a de mauvais souvenirs de Pablo Rodriguez au Parti libéral du Canada


Antoine Robitaille
Malgré le retrait de l’impétueux Coderre, ça risque de barder lors des débats de la course à la chefferie du Parti libéral du Québec.
Les candidats ne croiseront pas le fer avant la fin avril, mais avec la publication prochaine d’un livre sur son parcours politique, Marc Bélanger lancera les hostilités.
«C’est qui déjà?» vous entends-je dire. Agir par conviction (Performance Édition) a pour objectif de répondre à cette question en 293 pages.
Originaire de Matane, Bélanger a travaillé en droit commercial international à Montréal et à Ottawa, entre autres pour Raymond Chabot, KPMG et DS Avocats.
Nation québécoise
Il rêve aujourd’hui de devenir chef du PLQ, mais a presque toujours évolué au PLC. Il en fut à deux reprises candidat défait (2000 et 2004).
Comme membre de la Commission politique de l’aile québécoise, Bélanger a défendu en 2006 un projet de reconnaissance de la nation québécoise. Il s’agissait, écrit-il, de contrebalancer un «lourd héritage» du PLC au Québec: rapatriement de la Constitution de P.E. Trudeau, «plan B» de Jean Chrétien, Loi sur la clarté référendaire, «scandale des commandites».
Bélanger offre un récit très détaillé du difficile cheminement de cette idée qui tourmenta la classe politique fédérale à l’époque.
Même si l’ADN du PLC la rejetait, les circonstances amenèrent les délégués à l’adopter, début 2006, lors d’un congrès de l’aile québécoise. Mais les conservateurs de Harper au pouvoir leur piquèrent l’idée, et en firent une motion dûment adoptée par les Communes, fin novembre 2006.
Perdre la face
Bélanger croit que cette motion n’aurait jamais existé sans l’acharnement de son groupe de «nationalistes» du PLC dans les premiers mois de 2006. Pablo Rodriguez, qui affirme aujourd’hui avoir «toujours défendu le Québec» au PLC, en faisait-il partie?

«Non», répond sèchement Bélanger, jeudi, lors de l’entrevue qu’il m’a accordée. Dans son livre (p. 169), il cite sans le nommer un député, «aussi un ami», qui l’aurait pressé d’abandonner sa résolution. Cet élu rouge lui aurait lancé: «Tu vas me faire perdre la face, car j’ai dit aux gens du caucus de ne pas s’inquiéter, que je te contrôlais.» Ce député, révèle Bélanger, c’était «Pablo».
Engagé à l’époque – comme Rodriguez – auprès de Michael Ignatieff, Bélanger conservera un «goût amer» de son engagement au PLC.
Il fustige le gouvernement libéral de Justin Trudeau pour sa nomination de la gouverneure générale Mary Simons, qui ne parle pas français. Il ne comprend pas «comment un élu du Québec» à Ottawa a pu accepter un tel «affront», écrit-il. En entrevue, il en fait une pointe à Rodriguez, soutenant que ce type de position le disqualifie au PLQ.
Rouge nord-coréen?
Bélanger se dit partisan d’un nationalisme «économique», ouvert à l’exploitation de «nos ressources naturelles» et de projets comme GNL Québec. Il prône la nationalisation de l’eau.
Positions exposées dans son livre, à travers certains récits surprenants. Notamment dans son chapitre 14 où il raconte avec enthousiasme son séjour en Corée du Nord (2014). Quelques mois après son retour, il se livra à un intense lobbying auprès du nouveau gouvernement Trudeau afin que le Canada normalise ses relations avec la dictature des Kim.