24 ans plus tard, Marc-André Grenon admet avoir tué Guylaine Potvin
Dans un revirement inattendu qui vient un mois après l’ouverture de son procès, l’accusé reconnaît être le meurtrier, sans toutefois plaider coupable à l’accusation de meurtre prémédité

Pierre-Paul Biron
Près de 24 ans après la mort de Guylaine Potvin et après un mois de procès, Marc-André Grenon admet, dans un revirement de situation inattendu, avoir tué la jeune femme de 19 ans le 28 avril 2000.
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L’aveu est venu mercredi matin, en début des plaidoiries de la couronne.
«La défense admet maintenant l’identification de l’agresseur qui s’est présenté dans l’appartement de Guylaine Potvin dans la nuit du 27 au 28 avril 2000 comme étant Marc-André Grenon», a dévoilé en ouverture de plaidoirie le procureur de la couronne, Me Pierre-Alexandre Bernard.
La preuve d’ADN présentée par une biologiste judiciaire lors du procès démontrait qu’il était des «centaines de milliards de fois plus probable» que l’ADN suspect retrouvé sur la scène soit celui de Grenon plutôt que celui d’un autre individu.

Malgré cette admission, Marc-André Grenon ne plaide pas pour autant coupable aux accusations de meurtre prémédité et d’agression sexuelle graves qui pèsent contre lui.
«Foncièrement, on va vous présenter en défense que l’intention de Marc-André Grenon lorsqu’il s’est présenté chez Guylaine Potvin dans la nuit est de voler et qu’une altercation a causé la mort», a expliqué au jury, médusé de ce revirement de situation, le ministère public.
Les jurés devront donc trancher entre sa culpabilité sur le meurtre au premier ou au deuxième degré, selon les plaidoiries présentées par les deux parties au cours de la journée de mercredi.
Écoutez l'entrevue avec Pierre-Paul Biron, journaliste au Journal de Québec, via QUB :
Intention réelle selon la couronne
Si la défense plaide un vol qui a mal tourné, Me Bernard a balayé cette théorie, soulevant notamment le fait que plusieurs objets de valeur, dont la montre de la victime ou un baladeur n’avaient pas été dérobés.
«Le vol est effectué par l’opportunité du moment, une fois que Guylaine Potvin est morte et que l’agression est commise», a soumis le procureur au jury.
Il a également insisté que tous les éléments pointent vers un meurtre prémédité. Pour la couronne, le contexte sexuel était présent dès l’entrée de Marc-André Grenon dans l’appartement de sa victime, ce qui classifie automatiquement le meurtre comme étant au premier degré.
«Même en l’absence d’une preuve sur le moment précis de la commission des actes sexuels flagrants, vous pouvez malgré tout conclure à une agression sexuelle, parce que lorsque les premiers gestes de violence, les premières voies de fait surviennent, ces gestes peuvent être dans un objectif de faciliter l’agression sexuelle», a plaidé le ministère public.
«N’est-il pas plus raisonnable de penser que pour assouvir ses pulsions, utiliser un condom, faire une pénétration, que ce serait plus facile si la victime est inerte, immobile et inconsciente», a questionné Me Bernard.
La présence de l’ADN de Grenon à des endroits stratégiques du corps de la victime, la position de son corps qui était dénudé et l’utilisation d’une boite de condoms entre autres, militent également en faveur d’une agression sexuelle selon la couronne.
«La fin justifiait tous les moyens»
Pour la couronne donc, Marc-André Grenon a eu le sort de Guylaine Potvin entre ses mains et a choisi de l’agresser sexuellement et de lui enlever la vie.
«Elle était en droit à ce moment de s’attendre, de se sentir et d’être en sécurité dans sa chambre, sa demeure, son château fort», a insisté Me Bernard.
Et malgré qu’elle s’est débattue vivement, Grenon aura profité de sa grande vulnérabilité selon le ministère public.
«Marc-André Grenon a réussi son projet qui était d’assouvir ses pulsions sexuelles, et ce, coûte que coûte, même si la mort de sa victime devait en résulter», a martelé le procureur.
«Pour lui, la fin justifiait tous les moyens.»
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