Manquement à l’éthique: l’ex-ministre Andrée Laforest s’est placée en situation de conflit d’intérêts


Nicolas Lachance
Par «maladresse», l’ex-ministre caquiste Andrée Laforest s’est retrouvée en situation de conflit d’intérêts lors d’un appel avec un citoyen, au cours duquel elle semblait défendre une pratique illégale dans la garderie dirigée par ses filles.
Le 25 mars dernier, la candidate à la mairie de Saguenay «s’est placée dans une situation où son intérêt personnel pouvait influencer son indépendance de jugement», conclut la commissaire à l’éthique et à la déontologie de l’Assemblée nationale, Ariane Mignolet.
Toutefois, elle n’a pas posé «d’action visant à avantager qui que ce soit», précise la commissaire.
C’est donc par «maladresse et non par négligence» que l’ex-ministre «s’est retrouvée dans une situation contraire au Code».
Un entretien téléphonique entre un citoyen et Mme Laforest a attiré l’attention de la commissaire à la suite d’une plainte.
Selon l’émission Enquête de Radio-Canada, l’Académie des Mini-Amours, dirigée par les filles de la ministre, aurait exigé que des parents paient une place en garderie dès l’inscription de leur enfant, même si celui-ci ne commençait à la fréquenter que plusieurs mois plus tard.
Le bon réflexe
Lors de cet appel, ces allégations concernant les pratiques administratives de l’Académie des Mini-Amours ont été évoquées.
L’Académie a été fondée par Mme Laforest et l’une de ses filles.
«La ministre a eu le bon réflexe, lors de l’entretien, de reconnaître rapidement la situation de conflit d’intérêts dans laquelle elle se trouvait», indique Mme Mignolet dans sa décision.
«Toutefois, ce réflexe ne s’est pas traduit, dans les faits, par une gestion adéquate et opportune du conflit. Plutôt que d’y mettre fin après avoir constaté que les allégations concernaient ses filles et l’Académie, elle a poursuivi l’entretien pendant une vingtaine de minutes et a participé activement à l’échange en posant des questions spécifiques au citoyen.»
Il s’agissait «d’allégations graves», écrit Mme Mignolet.
L’enquête visait à déterminer si la ministre avait contrevenu au code d’éthique de l’Assemblée nationale en se plaçant en situation de conflit d’intérêts et en agissant de manière à favoriser son intérêt personnel ou celui de ses filles.
La commissaire conclut qu’il n’est pas opportun de recommander l’imposition d’une sanction.
L’ex-ministre n’a pas voulu accorder d’entrevue à ce sujet. Dans un communiqué, sa porte-parole Mélanie Côté a écrit que «le rapport confirme clairement qu’aucun avantage n’a été accordé à ses proches et qu’aucune sanction n’est jugée nécessaire».
Dans une simple déclaration, Mme Laforest a mentionné qu’elle a «toujours été à l’écoute» et «toujours eu une grande proximité avec les citoyens».
«C’est comme ça que j’ai conçu mon rôle de bienveillance et d’humanité. Je demeure fière du travail accompli et le souci de respecter les règles en étant proche des gens sera toujours une priorité», a-t-elle dit.
L’ex-ministre Pierre Fitzgibbon avait reçu un blâme de l’Assemblée nationale pour son manque d’éthique en 2020.
«Un autre dossier d’éthique, une autre tache au bilan de la CAQ. Quand une ministre ne réalise même pas qu’elle est en conflit d’intérêts en défendant ses propres enfants entrepreneurs devant ses électeurs, c’est signe que la boussole morale est vraiment détraquée», a dénoncé le député solidaire Vincent Marissal.
–Avec la collaboration de Patrick Bellerose