Manque de toilettes publiques à Montréal: voici les enjeux de santé d'une hygiène déficiente dans ces lieux
Agence QMI
Le manque d'accès à des toilettes publiques propres à Montréal nuit à la santé de milliers de personnes souffrant de troubles intestinaux, prévient le Dr Michaël Bensoussan, chef du service de gastro-entérologie à l'hôpital Charles-Lemoine.
Pour les personnes atteintes de troubles intestinaux comme le syndrome du côlon irritable – touchant entre 20 et 30 % des Canadiens – ou de maladies inflammatoires chroniques telles que la colite ulcéreuse ou la maladie de Crohn, l'accès rapide à des toilettes est essentiel.
Le Dr Bensoussan souligne d’ailleurs que le Canada est le pays où «il y a le plus de patients au monde atteints par ces maladies inflammatoires intestinales», identifiant le mode de vie et l’alimentation ultratransformée comme facteurs aggravants.
«Un des symptômes du côlon irritable, ça peut être d’avoir de la diarrhée ou des impériosités, c’est-à-dire [...] qu'il y a une minute ou deux minutes devant nous», explique le gastro-entérologue, en entrevue au micro d'Isabelle Perron, à QUB radio et télé, diffusée simultanément au 99,5 FM Montréal. «Et si on n’a pas de toilette à ce moment-là, il va y avoir un accident, il va y avoir une catastrophe.»
En l’absence de toilettes publiques, les répercussions sociales et psychologiques pour ces personnes vont au-delà de l'inconfort. «Les gens vont s’isoler, ils vont craindre d’avoir ce genre d’accident, indique Dr Bensoussan. [...] Ça nuit immensément à la qualité de vie, à la vie professionnelle, à la vie sociale, à la vie affective.»
Problèmes de salubrité
Selon ce dernier, la problématique ne se limite pas à l'absence d'infrastructures. L'entretien des installations sanitaires devrait constituer une priorité, particulièrement dans un contexte où elles sont utilisées par des personnes en situation d'itinérance.
«Il va y avoir certainement des gens qui vont aller faire de la drogue à l'intérieur de ces toilettes, parfois y passer la nuit ou parfois faire d'autres activités peu recommandables, note-t-il. Ça pose aussi des problèmes de salubrité sur lesquels la Ville de Montréal devrait certainement engager du personnel pour surveiller, réparer ou maintenir toujours un niveau d’hygiène acceptable dans ces toilettes-là.»
Une hygiène déficiente dans ces lieux peut entraîner des conséquences graves. Le médecin rappelle que dans plusieurs régions du monde, l'absence de toilettes propres provoque des épidémies comme le choléra. «Ce manque de salubrité là est aussi un moyen de transmission d’épidémie qui peut être parfois mortelle.»
Pour le Dr Bensoussan, «l’accès à la toilette devrait être un besoin humain primordial qui doit être répandu comme l’accès à l’eau potable, à une alimentation, un toit sur la tête et l’accès à l’électricité. C’est un besoin vital.»
Voyez l'entrevue complète à QUB dans les extraits sonore et vidéo ci-dessus.