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L'article provient de Le Journal de Québec
Politique

«Ça ne peut pas être pire»: manque criant d’ambulances sur les routes de Québec

Photo FOTOLIA
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Photo portrait de Vincent Desbiens

Vincent Desbiens

2023-12-04T16:39:48Z
2023-12-04T20:56:22Z
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Ambulanciers paramédicaux surmenés, manque d’ambulances disponibles et délais de service à la hausse: le syndicat des ambulanciers de Québec implore à nouveau le gouvernement d’ajouter plusieurs équipes de travail afin de répondre à la demande grandissante dans la région. 

Depuis 2019, le nombre d’ambulanciers paramédicaux en poste dans un cycle de 24 heures est demeuré inchangé. On en compte toujours entre 70 à 72 en même temps pour un territoire vieillissant et de plus en plus populeux.

«Faut que les gens sachent que, plusieurs fois par jour dans la ville de Québec, il n’y a aucune ambulance disponible immédiatement en cas de besoin. Ça ne peut pas être pire que ça», déplore la vice-présidente de l’Association des travailleurs du préhospitalier, Ariane Bernier.

Son organisation demande au ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) d’avancer les fonds nécessaires pour qu’une trentaine d’autres ambulanciers, dans une quinzaine de véhicules, se joignent à ceux qui ont peine à garder la cadence sur le terrain. 

Le président et la vice-présidente de l'Association des travailleurs du préhospitalier, Frédéric Maheux et Ariane Bernier, et la présidente du Conseil centrale de Québec–Chaudière-Appalaches de la CSN, Barbara Poirier, ont imploré le gouvernement du Québec d'augmenter le financement du corps ambulancier à Québec pour assurer la sécurité des patients, dont le nombre ne cesse d'augmenter.
Le président et la vice-présidente de l'Association des travailleurs du préhospitalier, Frédéric Maheux et Ariane Bernier, et la présidente du Conseil centrale de Québec–Chaudière-Appalaches de la CSN, Barbara Poirier, ont imploré le gouvernement du Québec d'augmenter le financement du corps ambulancier à Québec pour assurer la sécurité des patients, dont le nombre ne cesse d'augmenter. Photo Le Journal de Québec Vincent Desbiens

«C’est une situation difficile à vivre pour nos membres, qui n’ont souvent même pas le temps de manger dans la journée. Mais c’est surtout un constat alarmant pour les patients qui doivent être traités en priorité, pour qui la vitesse de réponse est une question de vie ou de mort», souligne le président du syndicat, Frédéric Maheux.

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Explosion des urgences

D’après les données colligées par l’Association des travailleurs du préhospitalier, le nombre d’appels a augmenté de 7% entre 2022 et 2023. Le nombre d’appels de «priorité un», c’est-à-dire qui implique un risque de décès si la personne n’est pas prise en charge rapidement, aurait, lui, bondi de 30% au cours de la même période.

Dans un «cadre de travail normal», une équipe d’ambulanciers devrait toujours être disponible pour répondre aux situations d’urgence immédiatement depuis l’un des six points de service sur le territoire. Entre deux appels, les ambulanciers devraient pouvoir décompresser après un évènement troublant ou manger.

«On étire l’élastique au maximum, fait valoir M. Maheux. [...] C’est comme s’il n’y avait personne à la caserne de pompier pour aller secourir les gens dans un incendie. Il faut pouvoir ajouter assez de personnel pour en mettre dans nos points de service en plus de ceux qui sont sur la route.»

Pas de pénurie de main-d’œuvre

Contrairement à de nombreuses régions du Québec, ce n’est pas la pénurie de personnel qui cause le surmenage des 380 membres de l’Association des travailleurs du préhospitalier, dans la capitale.

«On a tout notre monde et on a même plus de paramédics que de places disponibles à Québec. Le problème, c’est qu’on n’a pas le budget pour ajouter des heures, donc on vit la même chose qu’ailleurs: le temps d’attente pour avoir une ambulance augmente et les équipes sont épuisées. C’est la cause qui est différente», précise Frédéric Maheux.

  • Écoutez l'entrevue avec Frédéric Maheux, président de l'association des travailleurs du préhospitalier, via QUB radio:
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D’après les données du MSSS, les ambulanciers vivent une surcharge de travail lorsqu’ils excèdent 90% de taux d’utilisation clinique. C’est donc dire, que, normalement, ils doivent passer environ 10% de leur temps en pause dîner ou à désinfecter et ramasser leur matériel d’intervention.

«En 2021, on était autour de 126% de taux d’utilisation clinique et ça continue à monter depuis. Ça veut dire qu’en moyenne, tout le monde fait presque 40% de tâche supplémentaire chaque jour. Ça ne peut pas continuer comme ça. On ne veut pas attendre qu’il y ait des morts», conclut celui qui travaille dans le domaine préhospitalier d’urgence depuis plus de 20 ans.

Zones ambulancières en surcharge au Québec selon le taux d’utilisation clinique recommandé de 90%

Capitale-Nationale – Québec métropolitain: 126,9%

Laurentides – Sainte-Thérèse: 117,1%

Montréal et Laval: 115,7%

Laurentides – Saint-Eustache: 108,6%

Montérégie – Longueuil métropolitain: 105,8%

Montérégie – Valleyfield: 101,4%

Lanaudière – Joliette: 100,9%

Estrie – Sherbrooke: 100,6%

Montérégie – La Prairie: 99,4%

Laurentides – Saint-Jérôme: 98,8%

Montérégie – Rigaud-Dorion: 94,9%

Montérégie – Saint-Hyacinthe: 93%

*Données tirées du classement provincial des charges de travail par zone ambulancière 2020-2021 du ministère de la Santé et des Services sociaux.

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