Publicité
L'article provient de Le Journal de Québec
Politique

Manifs : PSPP et Samson, les plus cohérents

«“Rambo” Gauthier est devenu une vedette et une voix pour sa région», écrit Mario Dumont dans sa chronique le 8 février 2025.
«“Rambo” Gauthier est devenu une vedette et une voix pour sa région», écrit Mario Dumont dans sa chronique le 8 février 2025. Photo Émy-Jane Déry
Partager
Photo portrait de Antoine Robitaille

Antoine Robitaille

2022-02-05T10:00:00Z
Partager

Fascinant, l’effet que peuvent avoir 10 ans en politique.

En 2012, c’est Gabriel Nadeau-Dubois, les carrés rouges et la gauche qui revendiquaient le « droit de manifester » jusqu’à légitimer une certaine « désobéissance civile », le blocage de rues, de centres-villes, de l’entrée d’universités ou de cégeps. Ils pourfendaient la hausse des frais de scolarité, mais aussi la corruption, la collusion, le consumérisme ; les plus idéalistes en appelaient à une nouvelle démocratie, dénonçaient les « dérives autoritaires » du gouvernement.

Aujourd’hui, c’est au tour de Rambo Gauthier, les Kevin (Grenier, Bilodeau, Laurendeau), organisateurs de convois destinés à assiéger Québec aujourd’hui, de revendiquer le droit de manifester. Au départ, le mouvement qui a paralysé Ottawa avait un but précis : protester contre l’obligation de vaccination pour camionneurs. Mais, ici aussi, la cause s’est élargie : on exige la levée de toutes les mesures sanitaires, on crie « liberté », on dénonce l’autoritarisme, une prétendue « corruption » ; on réclame une forme de nouvelle « démocratie ».

GND

Il était plutôt suave d’entendre GND, jeudi, ancien militant étudiant devenu cochef de QS, affirmer que le « droit de manifester », c’est bien important, « mais en même temps, moi, je pense aux familles, oui, qui veulent aller au Carnaval de Québec, avoir du fun ». En 2012, parions qu’il aurait fait passer son « droit de manifester » avant le plaisir de toute personne souhaitant aller au Carnaval, au Festival, ou au Grand prix de Montréal !

Publicité

En 2022, GND doute même du droit de manifester des Kevin et des Rambo parce qu’ils manifestent « contre la solidarité, puis ça, on n’a pas besoin de ça au Québec ».

Duhaime

En 2012, c’était Eric Duhaime, lui aussi devenu entre-temps chef de parti, qui pourfendait les manifestants aux « carrés rouges », et condamnait indistinctement : « ces voyous abusent de leur droit de manifester pour s’adonner à des activités illégales ».

En 2022, Duhaime rappelle le droit de manifester, devient chantre de la nuance, de l’écoute ; il soutient qu’il est « bizarre de voir certains politiciens et commentateurs s’inquiéter de l’arrivée des camionneurs ce week-end à Québec ».

Ah oui ? Quand ceux-ci affirment qu’ils souhaitent paralyser une ville, faire du bruit, bref commettre des « activités illégales », il faudrait ouvrir grand les bras ?

Samson et PSPP

Finalement, les deux plus cohérents, dans cette histoire, c’est Claire Samson, l’unique députée conservatrice, et le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre-Plamondon. Samson a condamné l’idée des Kevin et Rambo de bloquer les rues de Québec : « On ne devrait pas faire ça. Les citoyens ont le droit de vivre librement dans leur ville. Je ne suis pas d’accord avec ça du tout ».

PSPP, lui aussi, a dénoncé l’idée d’assiéger Québec. Tout en plaidant franchement pour le droit de manifester.

En 2012, comme avocat, il avait défendu l’association étudiante de l’Université de Montréal contre sa direction de l’UdM qui souhaitait y restreindre le droit de manifester. En juin 2012, cependant, dans une entrevue, il avait dénoncé « le culte de la désobéissance civile » dans le mouvement étudiant qui conduisait à la banalisation des illégalités de la violence.

Il l’a rappelé avec raison cette semaine, s’inquiétant de la polarisation où la gauche radicale et la droite radicale « ne tolèrent les manifestations que si ce sont les leurs ». Inquiétude légitime, non ?

Publicité
Publicité