Manifestations à Los Angeles: le drapeau mexicain, un signe de solidarité avec les immigrants à risque d’expulsion

Le drapeau mexicain est devenu l'étendard des rassemblements contre la politique migratoire de Donald Trump à Los Angeles, agité par des manifestants qui revendiquent leurs origines, mais pris pour cible par le gouvernement américain, qui en fait le signe d'une «invasion étrangère».

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Depuis cinq jours à Los Angeles, pendant que l'essentiel de la ville, ses touristes et ses célébrités, vivent sans encombre, les manifestations qui s'opposent aux arrestations de sans-papiers se multiplient.

Et, au milieu de ces manifestations plutôt calmes, des incidents violents ont capté l'attention. Les images fortes des manifestants portant des drapeaux mexicains sur fond de gaz lacrymogènes ou de rangées de policiers en tenue antiémeute ont donné du grain à moudre à Donald Trump, qui a ordonné le déploiement de troupes militaires dans la ville.

«Ce que vous voyez en Californie, c'est un assaut généralisé contre la paix, l'ordre public et la souveraineté nationale, menés par des émeutiers portant des drapeaux étrangers et ayant pour objectif de poursuivre une invasion étrangère de notre pays», a déclaré Donald Trump mardi devant des militaires.

«Le seul drapeau qui sera hissé, triomphant, dans les rues de Los Angeles, est le drapeau américain», a-t-il ajouté.

Pour des manifestants, c'est un signe de solidarité avec les immigrants risquant de se faire expulser des États-Unis.

«Même si je sais que je suis privilégiée, car je vis ici, je pense qu'il est très important de savoir d'où nous venons», a assuré mardi Diana Mena à l'AFP. Cette jeune femme de 28 ans est une citoyenne américaine de parents mexicains et dit avoir de la famille dans l'armée américaine.

«Je bénéficie du fait d'être dans un endroit qui m'a permis d'avancer dans ma vie, mais cela ne veut pas dire que j'oublierai mes racines et ma culture», justifie-t-elle.

Faire flotter un drapeau étranger n'est pas illégal aux États-Unis.

Vote latino

En 1994 à Los Angeles -- qui abrite une importante diaspora mexicaine -- le drapeau mexicain avait aussi été déployé par des manifestants en signe de solidarité avec les sans-papiers, menacé de perdre l'accès à l'éducation et à la santé par une mesure alors discutée en Californie.

À l'époque, rappelle le consultant politique républicain Mike Madrid, le drapeau était déjà perçu comme un symbole anti-américain, un marqueur si fort que cela avait desservi les manifestants et aidé la mesure à être adoptée.

«C'est donc étrange de voir à nouveau cette stratégie utilisée (par les manifestants), alors qu'elle avait complètement échoué la dernière fois», pointe-t-il.

Selon ce spécialiste du vote des Hispaniques, cette capacité qu'ont les personnes issues de l'immigration à être fières de leur biculturalisme peut paraître étrange aux yeux de Donald Trump, car le républicain a bénéficié pour son élection en novembre 2024 d'une droitisation du vote latino.

Ce revirement, pour un électorat historiquement prodémocrate, intervient en parallèle d'un changement démographique: de plus en plus de Latinos sont nés aux États-Unis et ne sont pas arrivés comme immigrés. Et en politique, cela les transforme en électeurs de la classe ouvrière plutôt qu'en minorité ethnique, assure le consultant politique.

De nombreux Hispaniques soutiennent ainsi l'offensive de Donald Trump contre l'immigration.

Dans une interview accordée à la chaîne de télévision CBS News, un policier en poste au Capitole, à Washington, a dit trouver absurde que les républicains s'indignent de la présence de drapeaux mexicains.

«Ils ne se souviennent pas des drapeaux confédérés du 6 janvier?», s'est-il interrogé, en référence aux partisans de Donald Trump qui ont pris d'assaut le Capitole le 6 janvier 2021, brandissant ce drapeau des États rebelles du Sud lors de la guerre de Sécession, souvent perçu comme un symbole de racisme et d'ailleurs interdit sur les bases militaires américaines.