Manifestations à Los Angeles: des Québécois sur place craignent une escalade
Certains s’inquiètent que les affrontements entre policiers et protestataires se répandent à travers la mégalopole californienne

Olivier Faucher
Des Québécois vivant à Los Angeles craignent que les choses s’enveniment entre les autorités et les manifestants contre la politique migratoire de Trump qui s’affrontent depuis quatre jours.
«C’est sûr qu’on pense tous à ça», redoute Bruno Perron, qui vit à Redondo Beach, dans l’ouest du comté de Los Angeles. Il s’inquiète de la possibilité que les manifestations qui durent depuis vendredi dernier se répandent partout dans la ville et causent le chaos.
C’est ce qui était arrivé en 1991, lorsque les émeutes liées à la brutalité policière qu’avait subie l’Afro-Américain Rodney King s’étaient rendues jusque dans le quartier de M. Perron. Il vit dans la mégalopole californienne depuis 35 ans.

Les manifestations sont pour l’instant localisées au centre-ville de Los Angeles et dans les villes de Paramount et de Compton, situées au sud. Elles ont éclaté lorsque des agents de la police de l’immigration fédérale (ICE) ont mené diverses opérations pour arrêter plus d’une quarantaine de personnes à travers la région.
Des affrontements violents se sont depuis multipliés, les manifestants ont brûlé des véhicules et lancé notamment des bouteilles de vitre et des roches sur les policiers. Ceux-ci ont répondu en tirant des balles de caoutchouc et en arrêtant des dizaines de personnes.

La police est venue dimanche soir interdire tout rassemblement au centre-ville de Los Angeles.
«Ça pourrait amener une escalade»
«Si tu empêches les gens de protester de façon pacifique, il y en a qui vont trouver ça important de les faire valoir, ces droits-là, et ça pourrait amener une escalade», s’inquiète de son côté Louise Murray, une Québécoise qui vit à Hermosa Beach, à une vingtaine de kilomètres des manifestations.
Au lieu de calmer le jeu, le président Donald Trump a déployé dimanche 2000 membres de la Garde nationale, une branche de l’armée américaine. La procédure veut pourtant qu’un gouverneur ou un maire envoient une demande officielle au président pour l’envoi de ces troupes.
Or, Trump n’a jamais reçu une telle demande, prétextant plutôt que le gouverneur démocrate de la Californie, Gavin Newsom, avait perdu le contrôle de la situation. Ce dernier a vivement dénoncé ce déploiement, qu’il a qualifié «d’illégal et immoral».
«C’est un abus de pouvoir de la part de Trump», croit Bruno Perron, qui espère tout de même que la présence de la Garde nationale contribuera à «restaurer la loi et l’ordre».
Selon lui, la mauvaise gestion des frontières de l’administration Biden, sous laquelle il y a eu une explosion de l’immigration illégale, est toutefois à blâmer en partie pour la situation. «ICE essaie d’arrêter les criminels», martèle-t-il faisant référence à la police de l’immigration.
«Le climat à Los Angeles est tendu depuis novembre dernier. Entre la situation politique et les incendies, les gens sont à bout, comme on dit au Québec. Cependant, les [Angelenos] sont très résilients et courageux», commente pour sa part la Québécoise Sergine Dumais, qui réside à Hancock Park, à une dizaine de kilomètres à l’ouest du centre-ville.
De son côté, Louise Murray croit que la population répondra aux actions de Trump en multipliant les manifestations pacifiques.

«On ne veut jamais de la violence. Je ne peux pas soutenir ça», conclut-elle.
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