Malgré une grave pénurie de psychologues, Québec refuse cette Française qui cumule des années d'expérience dans le domaine

Une psychologue originaire de la France qui souhaite venir s’établir au Québec et, ainsi combler les besoins de la profession qui est en grave pénurie dans la province, s’est fait refuser sa candidature sous prétexte qu’elle n’a pas le doctorat en psychologie, exigé au Québec pour pratiquer la profession.

Léa Ledru est une psychologue qui cumule plusieurs années d’expérience en France. Elle connaît bien le Québec, l’Ordre des psychologues du Québec (OPQ) a approuvé sa candidature et elle a même commencé sa formation pour obtenir son équivalence au Québec.

L’employeur qui souhaite la recruter, Cédric Lemitre de l’entreprise Therapsy, et elle croyaient bien que les procédures fonctionneraient facilement. Puisque le Québec fait face à une importante pénurie de psychologues, la profession est admissible à un traitement simplifié dans le Programme des travailleurs étrangers temporaires.

Toutefois, le ministère de l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration du Québec (MIFI) voit les choses autrement. La candidature a été refusée, parce que M^me Ledru n’a pas de doctorat en psychologie, comme il est exigé au Québec.

L’employeur qui souhaite la recruter déplore une application rigide des règlements sur l’immigration du Québec de la part du MIFI, sans qu’il tienne compte des options qui permettraient à M^me Ledru de venir travailler en tant que psychologue, tout en respectant les exigences de l’OPQ.

«L’OPQ a prévu dans ses statuts que l’on pouvait devenir psychologue au Québec avec un master obtenu en France et avec un processus d’intégration», rappelle M. Lemitre.

Avec des listes d’attente qui prennent jusqu’à un an pour voir un psychologue au public, M. Lemitre essaie tant bien que mal de recruter ici.

«On a publié des annonces pendant deux ans pour essayer de recruter des Québécois et on n’a pas eu une seule candidature», poursuit-il.

Complètement démunie

Depuis la France, M^me Ledru s’est confiée au Journal. Amoureuse du Québec, elle désire plus que tout faire sa part pour contrer la pénurie.

«Je suis complètement démunie, lance-t-elle. J’avais trouvé un logement à Québec que je sous-louais pour arriver en mai. Ma valise est faite depuis un mois, je n’ai plus de logement, plus de boulot, plus rien».

L’avocat spécialisé en immigration, M^e Maxime Lapointe, déplore cette discrimination du MIFI envers les candidats français, malgré la pénurie.

«En exigeant un doctorat pour obtenir une étude d'impact sur le marché du travail (EIMT) favorable, le MIFI vient non seulement se substituer à l’Ordre professionnel pour cette profession, mais vient également discriminer tous les candidats de France», souligne-t-il.

Le MIFI a pour sa part souligné qu’une modification réglementaire, présentée le 5 juin dernier, pourrait permettre d’éviter ce genre de situation.

«[Elle] pourrait permettre à un psychologue formé à l’étranger détenant une autorisation d’exercer de l’OPQ d’être admissible au Programme des travailleurs étrangers temporaires, même s’il n’a pas de doctorat en psychologie», a indiqué Xavier Daffe-Bordeleau, porte-parole au MIFI.

Si cette modification réglementaire est entérinée par le Conseil des ministres, elle serait en vigueur dès la fin de l’automne 2025.