Malgré une faillite de 6,6 M$ en janvier, le ketchup et d’autres condiments québécois reviennent déjà sur les tablettes
Les contribuables avaient perdu 2 M$ dans la première incarnation de Canada Sauce


Mathieu Boulay
En dépit d'une faillite de plus de 6 millions $ en janvier dernier, le ketchup québécois est déjà de retour sur les tablettes.
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«Attention aux Heinz et aux Kraft de ce monde, nous sommes de retour!» rigole le PDG de Canada Sauce, Simon-Pierre Murdock.
Cette annonce a de quoi surprendre. Peu d’entreprises sont en mesure de se relever rapidement d’un tel échec.
«Ce fut une décision très difficile de nous diriger vers la faillite, raconte l’homme d’affaires. Un bris technique à notre usine de Saguenay en plein cœur de l’été a déclenché tous nos problèmes.
«On a dû annuler des commandes pour tout le Québec, le Canada et même pour la série NASCAR aux États-Unis.»

Il ne faut pas penser que M. Murdock n’a pas de considération pour ses créanciers qui ont perdu des milliers de dollars dans sa faillite. Près de 2 millions $ d’argent public avaient notamment été investis dans sa compagnie.
«J’ai cru à chaque dollar de mes créanciers jusqu’à la dernière minute, explique-t-il. On a investi tout ce qu’on avait dans la business pour la faire rouler.
«J’ai pleuré quelques fois dans les derniers mois, et des sandwichs, j’en ai mangé en masse.»
De grandes leçons
S’il est parvenu à se relever rapidement, c’est en raison de sa résilience, mais aussi de la foi qu’il porte à ses produits.
«C’était illogique de laisser aller cette marque-là, mentionne celui qui a racheté les marques de commerce et une partie des stocks. C’était impossible de ne pas la relancer parce que la demande est au rendez-vous.»
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Bien sûr, il reconnaît qu’il a eu du mal à gérer la croissance rapide de Canada Sauce. Il retient des leçons qu’il compte appliquer à l'avenir.
«Quand tu as des augmentations de ton chiffre d’affaires de 30% par année, ça désorganise ton administration et ta production. Mon objectif avec cette nouvelle compagnie est de voir arriver les problèmes au lieu d’être en réaction.
«J’ai gagné en sagesse. Je veux aller moins vite et travailler mieux.»
Depuis son retour sur le marché, il a signé de nouvelles ententes avec des détaillants, dont les entrepôts Costco et d’autres enseignes d’alimentation.

Un pincement au cœur
Pour l’aider dans sa relance, l’entrepreneur a trouvé des partenaires d’affaires du Saguenay et de l’Estrie. Il n’est plus l’actionnaire majoritaire de la compagnie, mais il a encore un gros mot à dire dans sa direction.
Le plus gros changement réside dans la production. Le ketchup, la moutarde et la relish sont maintenant préparés dans des usines à Montréal et à Québec.
«Ça m’a fait un pincement au cœur que nos produits ne soient plus faits au Saguenay, mais ce sont deux usines 100% locales. Le siège local va demeurer à Chicoutimi, explique M. Murdock. On voulait se rapprocher des deux grands centres urbains afin de réduire nos coûts de transport.
«L’objectif est d’être plus efficace avec une meilleure rentabilité.»
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