Vers un référendum gagnant sur la séparation de l’Alberta


Guillaume Rousseau
La première ministre albertaine vient d’annoncer qu’elle organisera une vaste réflexion sur l’avenir constitutionnel de sa province qui culminera avec un référendum. Si les Albertains en font la demande, ce référendum pourrait porter sur la séparation de l’Alberta.
Loin d’être un coup de tête, cette annonce a été mûrement réfléchie. Elle fait suite à des années de ras-le-bol des Albertains face aux politiques centralisatrices et autoritaires du fédéral qui s’attaquent au modèle albertain de développement.
Il faut savoir que pour les Albertains, leur modèle de développement est non seulement une source de prospérité, mais aussi une source de fierté et d’identité. C’est pourquoi le gouvernement albertain formule des revendications constitutionnelles et créera un comité d’experts pour mener des consultations et élaborer d’autres revendications, qui seront soumisses à un référendum en 2026.
Ce gouvernement exclut l’idée de mettre lui-même de l’avant une question référendaire portant sur la séparation de l’Alberta. Cependant, il ouvre la porte à ce que des citoyens albertains puissent forcer la tenue d’un référendum sur ce sujet.
Est-ce à dire qu’un tel référendum pourrait être tenu et gagné? Oui. Parce que le contre-exemple québécois démontre que la stratégie albertaine est la bonne. L’appui au projet de souveraineté du Québec n’a jamais été aussi élevé qu’après la tentative sincère et organisée de réforme constitutionnelle de la fin des années 1980. Et il n’est jamais aussi faible que lorsque ce projet est présenté sans avoir été précédé d’une tentative de réforme constitutionnelle à l’intérieur du Canada.
En procédant comme elle le propose, la première ministre albertaine permet aux Albertains plus hésitants de s’ouvrir à l’idée de l’indépendance, sans pour autant les brusquer. Comme elle l’affirme dans son discours, il s’agit de respecter et d’unir le plus grand nombre possible d’Albertains, qu’ils soient déjà souverainistes, indécis ou clairement fédéralistes. Les souverainistes et les fédéralistes québécois devraient prendre des notes...