Malgré les tensions commerciales, Trump «optimiste» sur un accord avec Pékin
AFP
Après plusieurs jours de tensions croissantes avec Pékin, le président américain Donald Trump a semblé infléchir sa position, alors que la Maison-Blanche le dit «optimiste» quant à la conclusion d'un accord avec la Chine, malgré une escalade dans leur duel commercial à coup de tarifs douaniers.
• À lire aussi: La Chine réplique: des contre-tarifs haussés à 125% sur les produits américains
• À lire aussi: Trump déclare que sa politique douanière «fonctionne vraiment bien»
• À lire aussi: Donald Trump et sa guerre commerciale: «Quel mauvais politicien!»
• À lire aussi: Tesla freine l’importation de certains modèles en Chine
«Le président a signifié clairement qu'il était très ouvert à la question d'un accord avec la Chine», a assuré la porte-parole de la présidence, Karoline Leavitt, sans pour autant préciser pourquoi M. Trump était «optimiste», lorsqu'un journaliste l'a pressée sur cette question.

Car dans l'immédiat les tensions ne cessent de monter: Pékin a annoncé porter ses tarifs sur l'ensemble des produits américains entrant sur son territoire à 125%, le niveau imposé par Washington pour répondre aux précédentes représailles chinoises, en plus des taxes préexistantes.
Une guerre commerciale ouverte entre les deux premières puissances économiques qui inquiète de plus en plus investisseurs comme consommateurs.
Les marchés boudent à la fois la devise, la dette et les actions américaines, dans un accès de défiance généralisée que l'on observe d'ordinaire envers certains pays émergents, pas pour la première puissance mondiale.
Face aux incertitudes, la Fed s'est dite «absolument prête» à agir pour stabiliser les marchés financiers, si nécessaire, une action qui dépendra «des conditions que nous observerons», a déclaré au Financial Times l'une de ses responsables, Susan Collins.
Quant à la confiance des consommateurs, elle ne cesse de reculer aux États-Unis, comme l'a rappelé pour avril un baromètre très suivi publié vendredi par l'Université du Michigan, un recul «généralisé et unanime, quels que soient l'âge, le revenu, le niveau d'études, le lieu de vie ou l'appartenance politique», selon l'enquête.
Le président américain a malgré tout estimé sur son réseau Truth Social que sa politique en matière de tarifs douaniers «fonctionnait vraiment bien», concentrant depuis mercredi ses foudres douanières sur la Chine, après avoir dans un premier temps ciblé l'ensemble des partenaires commerciaux des États-Unis.
S'il est persuadé que la Chine veut négocier, le communiqué du ministère chinois des Finances annonçant une nouvelle hausse des tarifs douaniers signale plutôt un enlisement du duel.
«Comme à ce niveau de tarifs douaniers, les produits américains exportés vers la Chine ne sont plus viables sur le marché» chinois, si Washington continue d'augmenter ses droits de douane, «la Chine l'ignorera», a-t-il averti.
Demande d'enquête
Mercredi, M. Trump avait fait en partie marche arrière dans son assaut protectionniste en suspendant pour 90 jours des surtaxes douanières visant les partenaires commerciaux des États-Unis, sauf pour Pékin, tout en laissant en place certains tarifs douaniers augmentés et une taxe plancher de 10%.
La Chine a été finalement frappée par une taxe totale monumentale de 145%, soit 125% s'ajoutant à des tarifs de 20% préexistants.
Cette annonce du président américain avait entraîné l'euphorie sur les marchés financiers, Wall Street connaissant au final une des meilleures séances de son histoire alors que la place boursière s'enfonçait encore en début de journée.
Tôt mercredi, Donald Trump avait écrit sur son réseau social que «c'est le bon moment pour acheter», avant d'annoncer cette suspension quelques heures plus tard, un message qui a poussé vendredi plusieurs sénateurs démocrates à demander au gendarme boursier américain, la SEC, d'ouvrir une enquête.
Ils souhaitent que l'instance vérifie si «les annonces douanières ont enrichi les proches et les amis de l'administration aux dépens du public américain» qui auraient notamment «eu préalablement connaissance de la pause tarifaire», ce qui constituerait un délit d'initié.
Pris entre deux feux, les Européens tentent de leur côté de négocier avec Washington, tout en devant composer avec Pékin.
Le premier ministre espagnol Pedro Sanchez a appelé à «rectifier» le déficit commercial des Européens avec la Chine, mais sans «entraver le potentiel de croissance des relations» avec Pékin.
Dans l'immédiat, l'UE a suspendu sa riposte aux tarifs douaniers américains.
Le commissaire européen responsable du commerce, Maros Sefcovic, se rendra lundi à Washington.
Si les discussions avec les États-Unis échouent, la Commission européenne pourrait taxer les géants américains de la tech, a menacé sa présidente Ursula von der Leyen.