Malgré le recul du français, Ottawa investit de plus en plus pour promouvoir la vitalité de l’anglais au Québec


Raphaël Pirro
Avec plus de 200 millions $ en deux ans, le gouvernement fédéral continue d’investir des sommes de plus en plus colossales pour défendre la vitalité de l’anglais au Québec, où le français est en recul depuis des années.
• À lire aussi: Reconnaître le déclin du français au Québec est essentiel pour diriger le PLC, selon Duclos
• À lire aussi: En anglais SVP: 26% des entreprises ont exigé des compétences anglophones à l’embauche en 2023
• À lire aussi: Le Canada s’apprête à sacrifier le bilinguisme, même s’il ne l’avoue pas
«C’est vraiment inacceptable. Tout le monde s’entend pour constater que le français est en déclin au Québec, mais le fédéral continue de financer la promotion de l’anglais au Québec», constate le député bloquiste Mario Beaulieu.
Il y a deux ans, ce défenseur de la langue française avait calculé, à partir des comptes publics, que le fédéral avait investi plus de 2 milliards $ pour soutenir l’anglais au Québec depuis 1995.
M. Beaulieu revient à la charge: pour les années 2023 et 2024, les montants investis pour l’anglais au Québec étaient respectivement de 101 598 651$ en 2023 et de 102 millions $ (102 950 254$) en 2024, selon les derniers comptes publics.
Cela représente une hausse par rapport à l’année 2022, où le montant dédié à l’anglais au Québec était de 95 millions $.
Ces enveloppes sont accordées en vertu de la Loi sur les langues officielles, qui accorde la part du lion de son budget à la défense du français hors Québec.
Depuis l’adoption de la réforme de la loi en 2023, le gouvernement reconnaît qu’il existe une «asymétrie» entre la situation minoritaire du français au Canada et de l’anglais au Québec.
Environ la moitié des 100 millions $ versés pour défendre l’anglais en 2024 sont allés au système d’éducation anglo-québécois. Environ 35 millions $ sont allés aux «organismes et groupes d’intérêt anglophones», la plupart sous le volet «mise en valeur du bilinguisme et de l’anglais langue seconde».
«C’est l’argent de nos impôts fédéraux qui nous revient uniquement pour l’anglais, au Québec. Ils utilisent notre argent à l’encontre de nos intérêts nationaux, pour faire du français la langue commune», déplore M. Beaulieu.
Ces montants, croit-il, devraient servir à la promotion du français. «C’est de l’argent qui pourrait servir à la francisation des immigrants.»
L’automne dernier, des classes de francisation avaient dû fermer en raison d’un manque de fonds, plaçant le gouvernement de François Legault sur la défensive.
Le ministre Jean-François Roberge a annoncé en janvier la reprise des cours pour 964 groupes, totalisant 18 400 élèves.
Si Ottawa ne donne pas d’argent pour défendre le français au Québec en vertu de la Loi sur les langues officielles, il accorde des centaines de millions pour la francisation des immigrants en vertu de l’Accord Canada-Québec sur l’immigration.
En 2023-2024, ce montant s’élevait à 720 millions $.
Entre les recensements de 2026 et 2021, Stastique Canada notait un recul du français comme langue maternelle (de 77,1% à 74,8%), comme première langue officielle parlée (de 83,7% à 82,2%) et comme langue prédominante à la maison (79,0% à 77,5%).
Les baisses les plus marquées étaient à Montréal (-2,4%), à Laval (-3%) et en Outaouais (-2,4%).
À l’opposé, l’anglais comme première langue officielle parlée au Québec était en progression.