Malgré des subventions doublées, la performance s’est détériorée à la Société des traversiers du Québec
Les subventions ont augmenté de 116 M$, mais les cibles de satisfaction et de fiabilité des traverses ne sont pas atteintes

Stéphanie Martin
La performance de la Société des traversiers du Québec (STQ) s’est détériorée, malgré les subventions doublées à 243,8M$ par le gouvernement Legault et un plan de transformation mis en place en 2019, à la suite de la saga du NM F.-A.-Gauthier.
En six ans, à la STQ, les embauches de personnel professionnel et administratif ont explosé de 129% et 47% respectivement.
En parallèle, les coûts de transport et d’entretien, ainsi que les frais d’exploitation et d’administration ont tous bondi.
À l’avenant, les subventions du gouvernement du Québec ont pratiquement doublé, passant de 127,7M$ en 2018-2019 à 243,8M$ en 2023-2024, soit 116M$ de plus.
Cibles non atteintes
Malgré tout, la STQ n’atteint pas ses cibles en matière de satisfaction de la clientèle et de réalisation du taux de traversées prévues.
C’est ce que révèlent des informations colligées par l’opposition officielle libérale, dans le cadre de l’étude des crédits du ministère des Transports et de la Mobilité durable.
«La STQ elle-même a dit que la cible est non atteinte. Pourtant, la subvention est doublée», a soutenu Monsef Derraji, critique de l’opposition en matière de transports, en s’adressant à la ministre Geneviève Guilbault.
«Vous vous êtes donné une mission de rendre la STQ plus performante. Aujourd’hui, vous me dites: “Tout va bien, je suis contente de ce qui se passe à la STQ.”»
Mme Guilbault a rejeté le blâme sur le gouvernement libéral précédent, qui, selon elle, n’a pas investi en entretien des navires.
«On doit compenser les déficits d’entretien des précédents gouvernements.»
Depuis quelques années, la STQ est en pleine restructuration, à la suite de la saga du F.-A.-Gauthier, assurant la liaison Matane–Baie-Comeau–Godbout, un traversier italien flambant neuf payé 175M$, qui a été mis hors service en raison de bris majeurs aux propulseurs en décembre 2018.
Nouveau PDG
Un plan de transformation a été implanté en 2019, sous un nouveau PDG, Stéphane Lafaut, arrivé en renfort après avoir été nommé par intérim par le ministre de l’époque, François Bonnardel.
Le ministre venait de congédier l’ancien PDG, François Bertrand.
M. Lafaut est ensuite passé à la Ville de Lévis, en 2023, pour y demeurer 16 mois comme directeur général, avant de prendre sa retraite en 2024.
À la STQ, M. Lafaut a présidé au départ ou à la réaffectation des trois quarts des gestionnaires et il promettait un grand ménage à la Société ainsi qu’une meilleure planification des projets, avait-il confié à notre Bureau parlementaire en 2020.
Les documents de crédits révèlent que les cibles n’ont pas pour autant été atteintes.
Le plan établissait un taux de satisfaction de la clientèle de 88% à atteindre en 2024. Le taux de 2024 n’est que de 82%, un écart de six points.
La fiabilité des traversées s’est aussi détériorée, passant de 98,5% de voyages effectués en 2018-2019 à 94,3% en 2023-2024.
La cible de 99,5% n’est ainsi pas atteinte en 2024. Quelque «94%, ça pourrait être pire. On est sur une bonne tangente», a souligné la ministre.
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