Maison Simons: une histoire étroitement liée à celle de Québec
La famille Simons est présente dans le paysage de la Vieille Capitale depuis 182 ans

Diane Tremblay
La Maison Simons a écrit un nouveau chapitre de son histoire, mardi dernier, en confiant pour la première fois le fauteuil de président à quelqu’un d’autre qu’un Simons. Relater l’histoire de cette entreprise, c’est comme faire un voyage dans le temps.
Pour Peter Simons, le moment était venu de passer le flambeau, bien qu’il continuera de jouer un rôle actif. Il confie les rênes de l’entreprise de cinquième génération à Bernard Leblanc, qui occupait le poste de vice-président exécutif et chef des opérations corporatives.
Depuis 1840, le nom Simons est associé à la ville de Québec. Ce trésor a longtemps été gardé pour nous puisqu’il a fallu attendre en 1999 pour que l’entreprise ouvre un premier magasin à l’extérieur de Québec, au centre-ville de Montréal, rue Sainte-Catherine.

Le grand magasin
La journaliste du Journal de Montréal Monelle Saindon écrivait alors : « Ça y est ! Le grand magasin de mode de la petite ville de Québec a taillé sa place aux côtés des géants montréalais ».
Puis, elle ajoutait : « Le magasin Simons ne ressemble à aucun autre. À la fois vaste et petit, multiple et douillet, tout neuf et tout en rondeurs, il propose une ambiance de magasinage nouvelle, à mi-chemin entre la grande boutique de luxe et le sympathique magasin à rayons ».
À cette époque, les destinées de l’entreprise étaient assurées par Gordon Donald Simons, qui a eu quatre enfants, dont Peter et Richard. Le patriarche est décédé en 2018, à l’âge de 89 ans.
Les années qui suivirent furent marquées par l’expansion de l’entreprise dans l’Ouest canadien et en Ontario. Aujourd’hui, on compte 15 magasins et une 16e succursale qui ouvrira ses portes à Pointe-Claire, en mai.
Plonger dans l’histoire de La Maison Simons, c’est faire un voyage qui ramène au cœur du Vieux-Québec, à l’époque des voitures à cheval. En 1840, John quitte la ferme familiale à 17 ans pour ouvrir à Québec une petite boutique où l’on vendait des marchandises sèches et divers produits importés.

Vieux-Québec
« Le Vieux-Québec était moitié anglais, moitié français. Tout le commerce de détail était concentré sur la rue Saint-Jean, la côte de la Fabrique et la rue Buade. C’est là que les affaires se passaient et c’est là que M. Simons a débuté. La majorité de la population de Québec vivait dans le Vieux-Québec et dans Saint-Roch », rappelle Jean-Marie Lebel, historien.
Après avoir eu une boutique sur la rue Saint-Jean, John Simons a déménagé en 1870 dans l’actuel magasin du 20, côte de la Fabrique, qui abrite encore aujourd’hui le siège social, dans l’arrondissement historique.
À cette période, beaucoup de vêtements étaient confectionnés à la maison.
« C’était même écrit sur la devanture du magasin Dry goods. C’était une expression qui venait d’Angleterre. Ça voulait dire qu’on vendait du tissu et tout ce qu’on avait besoin pour faire de la couture, en plus de produits “secs” », ajoute-t-il.

Produits importés
On y vendait des produits de qualité comme du lainage écossais, du cuir d’Angleterre et du lin d’Irlande. Deux fois par année, John traversait l’Atlantique pour aller s’approvisionner en Europe.
Le magasin Laliberté, en basse-ville, est arrivé en 1867. Selon l’historien, il existe toujours un magasin à Québec fondé avant Simons. Il s’agit de la boutique Darlington, rue Buade, créée en 1775 et spécialisée dans le vêtement militaire, dont le principal client était l’armée britannique. On y vend aujourd’hui des vêtements pour dames.
Holt-Renfrew aussi est née à Québec, sur la rue Buade, en 1837. Le détaillant a toutefois fermé la seule boutique à Québec en 2015, qui était alors située à Place Sainte-Foy. « Il y avait de grands magasins dans le coin. C’est ce qu’on avait de plus huppé à l’époque. C’est là qu’on allait magasiner. Plus tard, vers 1900, ce fut la rue Saint-Joseph, en basse-ville, qui a pris la relève. Elle fut une grande rue commerciale jusqu’à l’arrivée des centres commerciaux, dans les années 1960 », a poursuivi l’historien.

Attachée à ses racines
La famille Simons, dont les origines sont écossaises, a démontré en 2008 à quel point elle est attachée à ses racines en offrant la magnifique fontaine de Tourny en cadeau à la population, à l’occasion du 400e anniversaire de fondation de la ville. Peter Simons avait fait la découverte de la fontaine chez un antiquaire près de Paris.
La fontaine a été remise à neuf et elle est devenue un attrait incontournable de la ville de Québec, en face de l’hôtel du Parlement.
Moments charnières
- Fondée en 1840 par John Simons, qui n’a alors que 17 ans
- Le premier magasin Simons & Orkney était situé à l’angle des rues Saint-Jean et Sainte-Angèle
- Vingt ans plus tard, M. Simons déménage son magasin sur la côte de la Fabrique
- La famille vivait au-dessus du commerce. John a épousé une Irlandaise catholique et ils ont eu une dizaine d’enfants
- John Simons et James Orkney sont restés associés pendant plus d’un quart de siècle. Archibald Foulds et Jean Minguy se sont joints à leur tour à l’entreprise, qui devient exclusivement familiale en 1918.
- La confection pour dames a été introduite en 1937.
Source : Ville de Québec
Le travail de 5 générations
- 5 générations (John, Archibald, Gordon Donald, Peter et Richard et leurs descendants)
- John Simons est inhumé au cimetière Mount Hermon, à Sillery
- En 2018, la Ville de Québec a nommé une rue en l’honneur de John Simons, dans le quartier Des Châtels (il s’agit de la rue qui mène au nouveau centre de distribution)
- En tout, la Maison Simons compte près de 3000 employés
Source : Ville de Québec
Des magasins partout au pays
- 1870 : Ouverture du magasin sur la côte de la Fabrique
- 1961 : Place Sainte-Foy
- 1981 : Galeries de la Capitale (relocalisation en 2018)
- 1999 : Centre-ville de Montréal
- 1999 : Carrefour de l’Estrie, à Sherbrooke
- 2001 : Promenade St-Bruno
- 2002 : Carrefour Laval
- 2012 : West Edmonton Mall
- 2013 : Galeries d’Anjou
- 2015 : Promenades Gatineau
- 2015 : Vancouver
- 2016 : Mississauga
- 2016 : Ottawa
- 2017 : Calgary
- 2017 : Londonderry Mall, à Edmonton
- 2018 : Ouverture du nouveau magasin des Galeries de la Capitale
- 2022 : Ouverture prochaine au Centre Fairview Pointe-Claire
Des origines d’Adam et Ève
Qui connaît la signification de la feuille verte qui apparaît aux côtés du nom Simons ? La feuille rappelle le cycle des saisons et le renouvellement perpétuel. Pour la créer, Donald Simons avait fait appel à l’artiste de Québec Claude A. Simard. On raconte que l’idée de la feuille a jailli alors que les deux hommes discutaient de ce qui symbolisait le mieux le premier vêtement d’Adam et Ève.
Source : Maison Simons