Maison qui empeste la fumée de cigarette: un problème à écraser avec précaution
Félix Desjardins
Le prix des propriétés grimpe en flèche et l’état du parc immobilier se détériore. Les maisons qui restent abordables (et encore!) ont souvent manqué de beaucoup, beaucoup d’amour! Le Journal est allé à la rencontre d’acheteurs qui se sont lancés dans le projet de rénover une maison insalubre pour économiser des dizaines de milliers de dollars. Mais ont-ils remporté leur pari?
Acheter une maison qui empeste la fumée de cigarette n’est pas une décision à prendre à la légère... et la façon dont vous traiterez le problème est d’autant plus importante.
Pour plusieurs aspirants propriétaires, cette odeur nauséabonde peut représenter un frein aussi important que des problèmes structuraux beaucoup plus sérieux. Pour les autres, qui choisissent d'en faire fi, deux options s’offrent à eux: faire appel à une compagnie spécialisée et débourser plusieurs milliers de dollars, ou bien mettre la main à la pâte.
«Des gens sont capables de contrôler l’odeur en dégraissant le mur avec un TSP [phosphate trisodique soluble] et en appliquant un scellant à l’alcool ou à l’huile», explique Frédéric Langlois, président de la compagnie spécialisée Océanick Nettoyage.
Par la suite, suggère Marie-Josée Ouellette, technicienne chez Suprême Gestion Parasitaire, la clé est de trouver un produit qui sent le citron, dont l’odeur peut camoufler celle de la fumée.
«Tout est une question d’enzymes dans les odeurs, précise-t-elle. On n’utilise pas les mêmes produits pour l’odeur d’urine de chat que pour la suie, par exemple.»
Une erreur monumentale à éviter
Certains propriétaires – bon nombre d’entre eux sont des gestionnaires d’immeuble, note M. Langlois – commettent une erreur des plus coûteuses en repeinturant un mur taché de nicotine sans le dégraisser.
À l’instar de la moisissure, un coup de pinceau ne fait pas disparaître la graisse et l’odeur de la fumée de la cigarette; il les rend plutôt indélogeables. Cette gaffe est très commune, commise par «un peu moins de la moitié» des clients de M. Langlois.
«J’ai fait un cas grave récemment, c’était un quatre et demi d’à peu près 800 pieds carrés. Le client avait repeinturé. Normalement, ça aurait coûté environ 4000$... finalement, ça lui a coûté 12 000$.»
«C’est quelque chose qu’on voit souvent dans la période de déménagement, lorsque les propriétaires reprennent possession de leur logement, corrobore Mme Ouellette. Il y en a beaucoup qui commencent à faire les travaux eux-mêmes pour se rendre compte que ça n’a pas fonctionné.»
Tous les recoins
La fumée, que ce soit d’incendie ou de cigarette, est extrêmement intrusive. Son odeur peut se loger dans tous les recoins de la maison, y compris les conduits d’air, les luminaires et même les plinthes électriques.
C’est un des arguments de vente principaux des compagnies spécialisées en décontamination: même en faisant preuve de beaucoup de détermination, il est presque impossible de se débarrasser complètement de l’odeur soi-même, dans les cas plus graves.
«Quand on fume à l’intérieur, les molécules de fumée s’attachent à tout: le gyproc, les portes, les fenêtres... ça colle encore plus sur le plastique», observe M. Langlois.
«La nicotine s’attache toujours aussi aux contours de fenêtres en PVC. Il est facile d'oublier les interrupteurs, les poignées de porte, les petits accès. La molécule d’odeur, quand on rentre dans un appartement, elle n’a pas besoin d’être grosse pour venir contaminer tout le travail qu’on a fait», poursuit-il
Pour ne pas gaspiller des heures et des heures à frotter vos murs avant de vous rendre à l’évidence, M. Langlois conseille de faire appel à un professionnel pour demander une soumission. Si le problème est mineur et qu’il peut être réglé avec du TSP, vous travaillerez en paix; dans le cas contraire, les quelques centaines de dollars demandées pour la soumission vous seront crédités.
