«Magic Mike: dernière danse»: le dernier tour de piste de Channing Tatum

Isabelle Hontebeyrie
Dans ce dernier volet, Steven Soderbergh donne à Channing Tatum toute la latitude voulue d’explorer son talent de danseur... et ce n’est pas Salma Hayek qui va s’en plaindre.
Avec son sens de l’humour habituel, Channing Tatum a qualifié ce dernier Magic Mike de «Superbowl de l’effeuillage». En effet, cette fois-ci, son personnage de Michael Lane traverse l’Atlantique à la suggestion de Max (Salma Hayek) afin de monter un spectacle à Londres.
«Un troisième Magic Mike n’était pas vraiment prévu, a dit Steven Soderbergh à la publication "Total Film". Cela fait environ deux ans que nous travaillons à une version théâtrale – une version plus traditionnelle pour Broadway – tandis que les scénaristes Chan et Reid ainsi que les chorégraphes planchaient sur une tournée d’une version de spectacle "live", mais je n’étais pas préparé au spectacle que j’ai vu, 18 mois plus tard, à Londres. Et cela m’a tellement plu que j’ai pris le téléphone et suggéré que nous abandonnions le spectacle sur Broadway pour faire un film qui expliquerait comment Mike développe l’idée du spectacle.»
Évolution
Sans renier les origines de Magic Mike – l’exploration du passé de danseur de Channing Tatum –, ce dernier volet est, comme le souligne l’acteur dans les pages de Vanity Fair, plus honnête et explique l’inclusion de Max.
«En fait, à mon avis, les deux premiers films sont étranges. Ce sont des films sur des hommes pour un public féminin, mais aucun n’a de personnage fort féminin. C'était donc comme si nous trompions les gens à un certain niveau. Comme si nous avions triché», a-t-il indiqué.
Ainsi que l’a précisé Steven Soderbergh dans les pages du mensuel Empire, «le premier film était un rendu assez simple d’un ensemble de personnages qui existent dans ce milieu, demeuré inchangé depuis sa création. Le deuxième film s’aventurait dans l’exploration de ce que cherchent les femmes lorsqu’elles sortent pour explorer leurs fantasmes et leur sexualité. Comment conserver cette aura de mystère dans un environnement dans lequel des sujets comme le consentement et les permissions sont au premier plan?»
«Le troisième film plonge vraiment dans ces sujets d'une manière beaucoup plus importante, en partie parce que pour la première fois, nous voyons Mike dans une relation. Cela permet donc une dynamique et un ensemble de discussions que nous ne pouvions pas avoir avant ce long métrage.»
Car, ainsi qu’il l’a amplement souligné, Magic Mike: dernière danse explore – sous couvert de divertissement pur – des sujets peu traités. «D'abord, qu'est-ce que le désir? Qu'est-ce qui est sexy? Qu'est-ce que le fantasme? Quel est le rôle du fantasme dans la vie de quelqu'un? C'était une très bonne occasion de parler de sexualité dans une relation amoureuse, sujet vers lequel les deux premiers films se dirigent progressivement.»
«J’ai toujours présenté "Dernière danse" comme un "deux en un". J’ai toujours insisté sur le fait que nous devions présenter une sorte d’étude médico-légale sur la façon de monter un spectacle de danse, et, ensuite, que nous devons vraiment approfondir les autres thèmes des films précédents.»
Au départ, Magic Mike: dernière danse devait être diffusé via HBO Max, idée trop restrictive qui a été abandonnée. Ainsi que l’a expliqué le cinéaste à Variety, Magic Mike est en train de devenir une franchise. En plus de la tournée de spectacles, «il y a d’autres choses que l’on peut faire quand on réalise à quel point l’univers de Magic Mike est étendu. On peut raconter plein d’histoires avec le même genre de philosophie et qui abordent les mêmes sujets, toujours avec de la danse, mais qui ne font pas mention de Mike Lane.»
Dansez maintenant
Évidemment, la danse... ou plutôt les danses figurent en bonne place. «Je voulais des danseurs professionnels des quatre coins du monde, des danseurs de ballet russes, etc. Je voulais créer un genre complètement nouveau», a mentionné Channing Tatum, également producteur du film.
Évidemment, ce qui est montré à l’écran n’a plus rien à voir avec la réalité. «Aucun spectacle dans la vraie vie et dans lequel je me suis déshabillé n’est aussi bon que le film. Nous brisons les règles et la réalité», a-t-il souligné dans les pages du magazine People, avant d’ajouter qu’il faut bien admettre que les spectacles de danseurs masculins n’ont rien de génial.
Divulgué à Empire par Steven Soderbergh, le fait que le film contienne un numéro de danse de... 30 minutes est un événement en soi. «Nous voulions faire exploser la danse de manière considérable. Il y a un numéro de danse avec Channing et Salma au tout début. Et puis, les 30 dernières minutes du film ne sont qu’une séquence de danse géante.»
Toutes les scènes de danse ont nécessité une préparation rigoureuse. «Le calendrier de mise en scène de ces séquences était très, très serré. Je regardais beaucoup de comédies musicales pendant que nous tournions, juste pour me rafraîchir la mémoire et ramasser des idées. Mais généralement, pour certaines de ces scènes, j’avais vraiment très peu de temps, et je devais vraiment fonctionner à l'instinct et presque les traiter comme un sport. Mais j'avais tout le soutien dont j'avais besoin, et tous ces danseurs fantastiques, donc ce n'était pas stressant, c'était juste super rapide», a détaillé le cinéaste.
«J'aime l'énergie et l'élan qui découlent du fait de savoir que vous disposez d'un certain temps pour accomplir quelque chose. On ne peut tout simplement pas penser tous les jours de la même manière. Il faut penser latéralement, être créatif et efficace, se dire que l’on ne dispose que de trois heures du début à la fin pour filmer une scène complète. Cela met tout le monde dans un état d'alerte élevé, et j'aime cette partie.»
«Quand je regarde en arrière, je ne me dis pas que j’aurais aimé que nous ayons beaucoup plus de temps pour faire telle ou telle chose. Nous avons tout laissé dans le film», a-t-il ajouté.
Magic Mike: dernière danse fait vibrer les cinéphiles dès le 10 février.