«Maggaly, elle rêvait d'avoir sa propre famille»: une jeune femme de 26 ans meurt en attente d’une chirurgie
Anne-Marie Lemay
Une femme de 26 ans atteinte d’une maladie rare est décédée alors qu’elle était en attente d’une opération, dénonce sa famille qui refuse qu’elle devienne une statistique oubliée.
«J’ai l’impression que je vais me réveiller un moment donné puis que ça va être juste un gros cauchemar. Je ne peux pas croire qu’en 2025, on n’ait pas accès aux soins nécessaires», laisse tomber Carole-Anne Fréchette Beauvais, en entrevue avec TVA Nouvelles, assise à la table de sa maison de Trois-Rivières, en compagnie de ses parents.
Depuis plus de 10 ans, sa sœur Maggaly Lacourse Beauvais se savait atteinte de la maladie de Moya-Moya.
«Cette maladie-là fait en sorte que les veines qui partent du cou jusqu’au cerveau sont plus petites que la normale», précise la sœur de la défunte.

Résidente de Drummondville, la femme de 26 ans attendait depuis des années une chirurgie au cerveau qui aurait pu améliorer sa condition et, surtout, éviter les crises d’épilepsie qu’elle vivait à répétition.
«Elle a eu une date le 9 mai. Puis, le 8 mai, ils l’ont appelée pour lui dire que malheureusement, ils devaient reporter la chirurgie: cause de "surbookage" dans les salles d’opération», indique Carole-Anne.
Appels toutes les semaines
Par la suite, la jeune femme «a appelé à toutes les semaines au CHUM [...] pour savoir quand ça allait être "rebooké". Elle n’a jamais eu de réponse. La semaine dernière... ils ont appelé. Mais il était trop tard, rapporte sa sœur, la gorge nouée par l’émotion. Maggaly, elle rêvait d’avoir sa propre famille.»

La jeune femme est décédée dans la nuit du 15 au 16 septembre à l’hôpital de Drummondville des complications d’une crise d’épilepsie causée par sa maladie.
«Peut-être que l’opération n’aurait rien changé. Peut-être qu’elle aurait tout changé. On ne peut pas le savoir parce que ce n’est pas arrivé», se désole Carole-Anne.

Tout comme ses parents, elle ne blâme pas le personnel qui s’est occupé de sa sœur, mais se pose de sérieuses questions sur les façons de faire du système de santé.
La famille se demande pourquoi elle n’a pas pu être opérée plus rapidement.
«Ce n’était pas une petite chirurgie pour un bouton mal placé. C’était une chirurgie cérébrale. Pourquoi ? Qu’est-ce qu’on peut faire pour aider notre système de santé à être plus en santé lui-même, puis donner accès aux gens à des interventions nécessaires ?» fait valoir Carole-Anne Fréchette Beauvais.
Elle interpelle le ministre
Elle a aussi pris la parole sur les réseaux sociaux pour interpeller le ministre de la Santé, Christian Dubé, parce qu’elle refuse que sa sœur soit morte en vain.
«Je sais que ça ne la ramènera pas, mais si ça peut faire en sorte qu’une famille comme la nôtre ne vive jamais ça, bien au moins je vais avoir gagné quelque chose», insiste-t-elle.
Le cabinet du ministre n’a pas donné de réponse à la demande de TVA Nouvelles.