«Ma sœur est décédée parce qu’elle a osé dire non à son ex»
La famille d’une Montréalaise assassinée en 2022 lance un cri du cœur contre les féminicides


Camille Payant
«Ma sœur est décédée parce qu’elle a osé dire non à son ex»: la famille d’une Montréalaise assassinée à l’aide d’un poison mortel par son ex-conjoint et la nouvelle flamme de celui-ci lance un cri du cœur contre les féminicides.
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«Pourquoi on ne peut pas dire “non, je ne veux pas de cette relation”? Pourquoi est-elle morte pour ça?» s’est questionnée Natacha Daudier, mardi matin au palais de justice de Montréal.
Sa sœur Odna «avait toute la vie devant elle» lorsqu’elle a été assassinée par son ex-conjoint Jacques Adonai Charpentier et la nouvelle copine de ce dernier, Mélissa Estimé, en mai 2022.

L’homme de 41 ans n’a jamais accepté la fin de sa relation avec Odna Daudier, ont témoigné des membres de sa famille à la cour.
Elle avait des craintes
Selon sa tante Smarthine Daudier, la victime «craignait que quelque chose de grave allait se passer» et devait quitter Montréal pour la rejoindre à New York.
Jacques Adonai Charpentier s’était alors mis à la traquer à l’aide d’un GPS sur sa voiture. Il avait même tenté de l’étrangler dans le stationnement d’un supermarché.
Odna Daudier ne s’est jamais rendue aux États-Unis. Depuis, sa tante ressent une «culpabilité constante», a-t-elle témoigné par visioconférence.
«Est-ce que cela aurait pu se terminer autrement si elle était venue à New York plus tôt? s’est demandé Mme Daudier, la voix nouée par l’émotion. Je sais que, logiquement, ce n’est pas ma faute. Mais je garde ce poids sur mes épaules.»
La femme de 32 ans avait été trouvée inanimée dans son véhicule stationné dans un secteur industriel de Rivière-des-Prairies, à Montréal. Elle avait, peu avant, été tuée par un poison qualifié «d’indétectable» par la Couronne, puisqu’aucune cause du décès n’avait pu être établie.

Longue enquête
Après de longs mois d’enquête, Charpentier et Estimé ont été accusés de meurtre prémédité. Et la semaine dernière, ils ont été reconnus coupables sur toute la ligne par un jury.
Ils ne pourront demander leur libération conditionnelle avant 25 ans.
«Vous avez été condamnés à la prison à vie. C’est la loi, c’est la justice. Pour nous, la famille d’Odna, il n’y aura jamais de libération, ni conditionnelle ni définitive. Odna ne reviendra jamais», a clamé Clarens Daudier, le frère de la victime.
Lors des funérailles, le choc a tellement été grand pour une de ses sœurs qu’elle a fait une chute, qui l’a laissée avec des complications neurologiques graves. Sa mère, qui habitait en Haïti, est passée «à une virgule de se suicider» et n’a pas pu arriver à temps pour lui dire un dernier au revoir.
Clarens Daudier a ainsi souhaité envoyer un «message clair et courageux contre les féminicides, des crimes odieux qui dévastent des familles, afin que jamais d’autres ne soient plongés dans l’abîme dans laquelle [la sienne] est plongée».
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