M. Saputo, sauvez le CF Montréal!
Les amateurs en ont plein le pompon


Marc de Foy
Dire que rien ne va plus pour le CF Montréal est un euphémisme. Car il y a des gens qui n’usent pas de diplomatie pour parler des misères de notre équipe de la MLS.
Jeudi matin, une pancarte placée sur la clôture du centre Nutrilait, donnant sur la rue Notre-Dame, traduisait dans un juron québécois le ras-le-bol de son ou de ses signataires anonymes. Dimanche dernier, le groupe 1642MTL a diffusé un communiqué de presse dans lequel il faisait part de son désarroi à la suite de l’humiliante défaite de 6 à 1 subie la veille par le CFM aux mains du Toronto FC.
Vous pouvez lire tout ce qui se rapporte à cette histoire dans un texte de mon collègue Étienne Bouchard, de l’Agence QMI.
Mardi, la troupe de Marco Donadel a baissé pavillon 1 à 0 en quart de finale du Championnat canadien devant le Forge de Hamilton, une formation de la Première ligue canadienne. Perdre contre une équipe faisant partie d’une ligue de calibre inférieur, c’est comme toucher le fond du baril.
Aussi, quand les partisans d’une organisation sportive vont sur la place publique pour exprimer leur mécontentement, c’est qu’ils en ont vraiment plein leur casse.
Le Canadien peut s’estimer chanceux à cet égard. À ma connaissance, il est arrivé une fois qu’un spectateur lance son chandail bleu-blanc-rouge sur la glace du Centre Bell en signe de dépit. C’était lors de la saison suivant la participation de l’équipe en finale de la Coupe Stanley en 2021. Le geste avait frappé l’imaginaire de Nick Suzuki, qui n’était pas capitaine du club à ce moment-là.
Comment former des jeunes sans club-école?
À voir le CFM, on se demande où ses dirigeants s’en vont. Son propriétaire, Joey Saputo, affirme ne pas avoir les moyens financiers pour embaucher des joueurs désignés. Il prône le développement et l’utilisation de talents locaux pour alimenter l’effectif de son club.
Mais un problème se pose et il est de taille. Le CFM est la seule équipe sans club-école parmi les 30 formations de la MLS.
Méchant paradoxe!
Je ne connais M. Saputo que pour lui avoir parlé à quelques reprises. L’homme a toujours été poli et courtois. Ces dernières années, il s’est détaché de son équipe en confiant d’abord la responsabilité à Kevin Gilmore, puis à Gabriel Gervais, qui en est le président depuis trois ans.
Le propriétaire en a contre pas mal de monde, à commencer par les autorités de la Ville de Montréal qui lui refusent de l’aide pour son projet d’agrandissement et d’hivernisation du stade portant son nom. Il en veut aux médias pour l’avoir critiqué, il en veut aux groupes de partisans qui se font entendre.
Pour ces raisons, il s’est exilé à Bologne, où son équipe vient de remporter la coupe d’Italie. Il se dit parfaitement heureux au pays où sont nés ses parents, Lino et Mirella, avant qu’ils n’émigrent au Canada.
Pas intéressé par la vente
Dans ces circonstances, on se dit qu’il devrait vendre son équipe montréalaise, mais voilà. Selon des gens bien au fait de la situation, M. Saputo en conserve la propriété au bénéfice de ses fils, Luca et Simone, qui se sont joints à l’équipe technique l’automne dernier.
M. Saputo demeure ainsi la seule personne qui peut améliorer la situation du CF Montréal. À voir aller les choses, on se dit qu’il n’en a pas envie, mais je n’arrive pas à croire que ce soit le cas. Il vient d’une famille fière qui a bâti un empire en partant de rien.
Il n’a pas investi des millions dans ce qui était son départ, son bébé pour baisser les bras sans rien faire.
Montréal a besoin du CF Montréal comme elle a besoin du Canadien, des Alouettes, de la Victoire, des Roses, des Carabins et de toutes autres formations sportives qui lui apportent du rayonnement et qui rassemblent les gens.
Les équipes professionnelles contribuent au développement économique en créant de l’emploi. Contrairement à ce que les objecteurs de conscience pensent, le départ des Expos a fait mal à la ville. Comme le déménagement des Nordiques a nui à Québec.
M. Saputo, sauvez le CF Montréal!