L’urgence est réelle, nos jeunes hommes ont besoin du Québec pour les soutenir

Daniel Ortega, Gestionnaire de projets industriel (BEng.)
Les jeunes hommes du Québec vivent une crise silencieuse. En difficulté à l’école, vulnérables économiquement et en proie à une détresse psychologique croissante, les garçons peinent dans un système centré sur la réussite académique. Le Québec ne peut pas se permettre de les abandonner.
Les statistiques du ministère de l’Éducation et du Palmarès des cégeps du Journal sont préoccupantes. À chaque étape du parcours scolaire, les garçons sont surreprésentés parmi ceux qui décrochent: 20% en échec au secondaire, près de la moitié au cégep et un quart à l’université.
Même sans comparer avec les filles, les chiffres restent alarmants: une proportion significative de nos garçons décroche.
Avenir
Or, sans diplôme, leurs perspectives s’amenuisent, les exposant à la précarité. En 2024, le taux de chômage des 15-24 ans atteignait 13,5%, une vulnérabilité économique affectant principalement les jeunes sans éducation. Prisonniers d’emplois précaires et sans perspective, ces jeunes sont donc exclus, coincés dans une économie inflationniste qui leur laisse peu d’espoir.
Une vague de détresse psychologique déferle parallèlement sur les jeunes, dont un quart affirme se sentir souvent seul, une impression amplifiée par l’omniprésence des réseaux sociaux.
La pandémie, qui aurait détérioré la santé mentale de 41% des élèves du secondaire selon l’ISQ, a aggravé ce malaise généralisé. Déconnectés du monde réel, ces jeunes sombrent aujourd’hui dans un nihilisme grandissant, perdant ambition et motivation.
Ce mal-être peut même mener à des dérives dangereuses. Comme l’explique la psychologue clinicienne Ghayda Hassan, «la justification de la violence est corrélée à la présence de symptômes dépressifs et anxieux et aux expériences de discrimination» (Québec Science, 2024).
En manque de perspectives et désespérés, certains pourraient être vulnérables à des influences néfastes. Ce n’est pas un hasard si 77% des auteurs présumés de crimes violents sont de sexe masculin. Quand l’avenir semble bouché, les groupes criminels et idéologies extrêmes apparaissent comme une échappatoire tentante à nos jeunes hommes marginalisés.
Solutions
Face à cette crise silencieuse, nous devons agir maintenant avec des mesures concrètes:
1. Modifier l’éducation avec des méthodes mieux adaptées aux garçons et former les enseignants pour mieux répondre à leurs besoins.
2. Renforcer l’orientation scolaire et professionnelle pour guider les décrocheurs vers des perspectives claires et viables.
3. Améliorer le soutien en santé mentale avec des ressources accessibles pour les jeunes en détresse.
4. Faciliter l’insertion socioprofessionnelle en développant des programmes d’emploi accessibles aux jeunes sans diplôme.
L’urgence est réelle. Sans avenir, ces jeunes risquent de se tourner vers des solutions destructrices. Ils n’ont pas le luxe d’attendre des promesses vides qui s’éternisent. Ils ont besoin d’un message clair: «Garçons, le Québec croit en vous et agira pour vous offrir un futur.»
Cher gouvernement du Québec, vous devez faire un choix: soutenir nos jeunes hommes ou les abandonner.
Daniel Ortega
Gestionnaire de projets industriel (BEng), 27 ans