L’Université Laval aussi touchée par l’incertitude causée par l’administration Trump

Daphnée Dion-Viens
L’Université Laval n’est pas épargnée par les turbulences causées par l’administration Trump. Des chercheurs sont moins nombreux à se rendre aux États-Unis alors que l’offre de stages pour les étudiants diminue en raison du contexte économique.
La rectrice de l’Université Laval, Sophie D’Amours, s’est dite «préoccupée» par la guerre commerciale et les attaques de l’administration Trump envers la liberté de l’enseignement, dans un message vidéo transmis à la communauté universitaire mercredi.
«Des répercussions se font déjà sentir au sein de notre institution», affirme-t-elle.
Des chercheurs sont notamment plus réticents à se rendre au sud de la frontière. «On voit déjà un ralentissement des déplacements vers les États-Unis», indique Mme D’Amours en entrevue avec Le Journal.

L’administration universitaire n’a pas lancé de mise en garde concernant les séjours en sol américain, comme l’a fait l’Université de Montréal la semaine dernière, mais rappelle les mesures à prendre lors de séjours à l’étranger: l’inscription à un registre est recommandée, alors qu’une formation sur la protection des données lors de déplacements est aussi disponible.
«On a remis à l’avant-plan les informations pour des personnes qui pourraient se retrouver dans des situations embêtantes», indique Mme D’Amours.
La rectrice «recommande» tout de même aux chercheurs de poursuivre leurs travaux avec les collègues américains «pour faire avancer la science, mais aussi en solidarité» avec le milieu de la recherche.
«On pense que la diplomatie scientifique est extrêmement importante en ce moment», affirme-t-elle.
Diminution des stages
L’incertitude économique engendrée par la guerre commerciale avec les États-Unis a aussi des répercussions bien concrètes pour plusieurs étudiants qui peinent à se trouver un stage cette année.
Face au contexte économique incertain, des entreprises et organisations cherchent à limiter leurs dépenses et la «suspension de programmes de stages semble être une solution» privilégiée, constate Mme D’Amours, qui déplore la situation.
La rectrice invite plutôt les entreprises à innover pour tirer leur épingle du jeu.
«Il faut miser sur cette génération de personnes très talentueuses. Les stages, c’est le meilleur outil pour avoir accès à tout ce beau talent-là. Ça fait partie de l’ensemble des solutions que les entreprises ont à leur portée», affirme-t-elle.
De son côté, l’association qui représente les étudiants du premier cycle s’inquiète de la situation. «Le contexte est anxiogène pour plusieurs», affirme la présidente de la CADEUL, Coralie Duchesneau.
La difficulté à obtenir un stage pourrait avoir des répercussions sur le cheminement scolaire des étudiants, prévient l’association qui se dit à la recherche de solutions, en collaboration avec l’administration universitaire.
Cellule de veille
L’Université Laval a par ailleurs mis en place depuis le début de l’année une «cellule de veille», afin d’évaluer les risques que représente la situation aux États-Unis (sur le plan des achats et de l’approvisionnement notamment), mais aussi les opportunités.
Le ralentissement économique anticipé pourrait encourager davantage de gens à retourner aux études, indique Sophie D’Amours.