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L'article provient de Le Journal de Québec
Politique

100 ans pour être carboneutre: le ministre Charette défend le plan vert de la CAQ pour le 3e lien

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Photo portrait de Geneviève Lajoie

Geneviève Lajoie

2021-12-01T16:21:52Z
2021-12-01T22:07:03Z
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Le ministre de l’Environnement, Benoit Charette, défend l'approche de son gouvernement visant à rendre la construction du 3e lien carboneutre, ridiculisée par les partis d’opposition.

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La plantation d’arbres compensera une partie de la pollution engendrée par la construction éventuelle du tunnel entre Québec et Lévis. Mais ce ne sera pas la seule mesure mise de l’avant pour réduire l’impact des émissions de GES produites durant la réalisation de cette structure sous-fluviale. 

«C’est un élément parmi tant d’autres qui sera présenté au cours des prochains mois, au moment opportun, pour limiter l’impact de cette infrastructure-là», a fait valoir mercredi M. Charrette, au sortir de la réunion hebdomadaire du Conseil des ministres.

«La plantation d’arbres, c’est un volet oui, mais ça ne peut pas être la seule réponse à donner pour s’assurer de la carboneutralité. Il y a plusieurs possibilités, il peut y avoir l’achat de crédits carbone, des mesures compensatoires autres que la plantation d’arbres», a insisté le ministre. 

Son collègue des Transports, François Bonnardel, a récemment cité l’échangeur Turcot comme modèle de projet carboneutre.  

Mais le ballet de bretelles autoroutières qui s’entrecroisent au sud-ouest de l’île de Montréal est encore loin d’être vert, a constaté Le Journal. Les minuscules arbres plantés en bordure d’autoroute prendront un siècle avant de compenser les 35 000 tonnes de CO2 générées par le ministère des Transports du Québec durant la reconstruction de l’échangeur.  

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La «forêt» qui doit sortir de terre pour compenser la pollution générée s’étendra sur 81 hectares de terres publiques, l’équivalent de 182 terrains de football, un avant-goût du gigantesque reboisement qui sera nécessaire pour le tunnel entre Québec et sa Rive-Sud. 

La science

Le maire de Québec estime que la carboneutralité de tous les grands projets, y compris de celui de 3e lien, doit être démontrée par la «science» et ne pas se réaliser seulement dans 100 ans.  

«Si on est capable de démontrer à la population qu'on est carboneutre [...], il faut être capable d'appuyer nos dires avec de la science. Ce qu'on a vu à matin dans Le Journal, ça nous fait douter. Alors il faut qu'on soit capable de rétablir le tir et qu'on soit capable de démontrer qu'un projet carboneutre, il l'est réellement. Pas dans 100 ans. Maintenant», a commenté Bruno Marchand.  

Pour les partis d’opposition, le délai avant que les arbres puissent séquestrer l’équivalent du carbone rejeté dans l’atmosphère pour la construction du projet est risible.  

«Supposons que le troisième lien est ouvert en 2032, on aurait des résultats de carboneutralité en 2132! a pesté mercredi le chef péquiste, Paul St-Pierre Plamondon. Le problème, c'est que la décision du troisième lien est indéfendable et vraiment irresponsable sur le plan environnemental. Et ensuite on fait de l'écoblanchiment pour un résultat potentiel dans 100 ans. C'est une insulte à notre intelligence!»  

La carboneutralité, c’est un concept pour répondre à l’urgence climatique, a souligné le chef du Parti québécois. 100 ans, c’est beaucoup trop long pour y arriver, a-t-il plaidé.    

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«Les gens sont plus intelligents que ça. Ils s'attendent à des décisions gouvernementales intelligentes sur le plan de l'environnement, mais aussi sur le plan des finances publiques et sur le plan des transports. Malheureusement, les trois critères ne sont aucunement remplis par le projet du troisième lien», a-t-il insisté.   

Se cacher derrière un arbuste  

Selon le chef parlementaire solidaire, la CAQ ne peut se peinturer en vert en prétendant que le tunnel Québec-Lévis sera carboneutre grâce à la plantation de milliers d’arbres pour compenser la pollution engendrée.   

«Le troisième lien de François Legault, il est trop gros pour qu'il tente de nous le cacher derrière un arbuste. Ça ne marchera pas», a soutenu Gabriel Nadeau-Dubois. Il estime que les Québécois sont «assez intelligents» pour comprendre qu'une autoroute à six voies sous le fleuve Saint-Laurent ne sera jamais un projet vert.   

Aux yeux de la cheffe libérale, Dominique Anglade, il ne suffit pas de planter des arbres pour qu’un projet devienne acceptable du point de vue environnemental. 

«Le tunnel caquiste à 10 milliards n'a aucun lien avec la carboneutralité. On parle de passer un tunnel sous le fleuve, avec des conséquences réelles en matière d'étalement, pour notre eau, avec des conséquences réelles aussi en matière de congestion.»

– Avec la collaboration de Stéphanie Martin

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