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L'article provient de Le Journal de Québec
Société

Jusqu'à trois mois d'attente: la demande pour les cours de francisation explose à Québec

À Québec, il faut patienter jusqu’à trois mois avant de commencer un cours pour apprendre le français

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Photo portrait de Daphnée  Dion-Viens

Daphnée Dion-Viens

2022-11-21T05:00:00Z
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La demande pour des cours de francisation grimpe en flèche à Québec. Des cours affichent complet, si bien qu’il peut s’écouler jusqu’à trois mois avant de pouvoir amorcer une formation, a constaté Le Journal.

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Edward Neis, qui est originaire de la Colombie-Britannique, est arrivé à Québec au début septembre avec l’intention d’y rester pendant quelques années, le temps d’apprendre le français tout en travaillant.

«J’ai pensé que ça pouvait être bien d’apprendre une deuxième langue», dit-il.

Avec l’aide d’une amie qui habite dans la capitale, il a rapidement entrepris des démarches pour s’inscrire à des cours de francisation à temps plein aux centres d’éducation des adultes Louis-Jolliet et Le Phénix.

Mais les démarches ont traîné en longueur et il n’a toujours pas pu commencer à apprendre le français. «C’est vraiment décevant», dit-il.

Photo Daphnée Dion-Viens
Photo Daphnée Dion-Viens

Forte hausse des inscriptions

Au Centre de services scolaire de la Capitale, on confirme que les délais pour les cours de francisation offerts au centre Louis-Jolliet ont augmenté au cours des derniers mois, en raison de la forte demande.

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En un an seulement, le nombre d’inscriptions pour les cours offerts pendant la journée est passé de 350 à 566 présentement, soit une augmentation de 62 %, indique sa porte-parole, Marie-Claude Lavoie. «La demande en francisation a vraiment explosé», dit-elle.

L’impact sur les délais est bien réel. M. Neis a dû patienter jusqu’au 24 octobre avant d’obtenir un rendez-vous pour l’évaluation de ses besoins, avant de se retrouver au 85e rang sur la liste d’attente.

Il n’a donc pas pu s’inscrire à la session qui a démarré au début novembre, alors que la suivante débutera le 30 janvier.

Toutefois, l’équipe du centre Louis-Jolliet «travaille activement à créer un groupe supplémentaire qui pourrait commencer les cours le 19 décembre», indique Mme Lavoie.

«L’équipe fait tout ce qu’elle peut pour accommoder un maximum d’élèves», assure-t-elle.

Des salles de réunion ont notamment été transformées en salles de classe, puisque le manque de locaux est un enjeu, précise la porte-parole.

À pleine capacité

Du côté du centre d’éducation des adultes Le Phénix, les cours de francisation sont aussi « à pleine capacité », indique la porte-parole du Centre de services scolaire des Découvreurs, Marie-Ève Malouin.

Le nombre de groupes est passé de 10 à 15 cette année et une dizaine de nouveaux enseignants ont été embauchés, indique-t-elle.

Dans les organismes communautaires d’aide aux immigrants, on précise que plusieurs nouveaux arrivants se sont installés dans la capitale au cours des derniers mois (voir autre texte plus bas).

Ces délais d’attente surviennent alors que le maire de Québec, Bruno Marchand, a récemment été critiqué pour sa réaction intransigeante concernant l’impossibilité pour un restaurateur du quartier Sillery de servir ses clients en français.

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Le maire a affirmé que la pénurie de main-d’œuvre ne peut servir de prétexte pour ne pas offrir de service dans la langue de Molière. 

L’intégration des nouveaux arrivants écope 

Des organismes communautaires constatent que les délais pour commencer des cours de francisation retardent l’intégration des nouveaux arrivants dans la communauté.

Au cours des derniers mois, plusieurs immigrants provenant de l’Ukraine, de l’Iran, de l’Afrique du Nord et de l’Amérique latine sont arrivés dans la capitale, indique Sarra Ben Latifa, chargée de projet en francisation au Centre R.I.R.E. 2000.

Cet automne, sept groupes suivent des cours à temps partiel pour apprendre le français, ce qui constitue un « record » pour cet organisme.

Et malgré l’ajout de deux groupes, des gens se retrouvent néanmoins sur une liste d’attente, se désole Mme Ben Latifa.

«C’est très difficile pour eux de pouvoir s’intégrer sans apprendre la langue», dit-elle.

Alternative

Le son de cloche est semblable du côté du Service d’aide à l’adaptation des immigrants et immigrantes, qui offre des ateliers de francisation afin de pallier le manque de place dans les cours offerts aux centres d’éducation des adultes de la capitale.

«Ça leur permet d’avoir quand même des outils et de faire face à l’isolement», indique sa directrice générale, Aicha Mansoor.

Alors que le gouvernement fédéral veut hausser les seuils d’immigration, il est primordial de renforcer les services en francisation, ajoute-t-elle : «L’un ne va pas sans l’autre. C’est le premier outil dont ils ont besoin.»

À l’organisme Lis-moi tout Limoilou, qui offre des cours de francisation à temps partiel depuis une dizaine d’années, la coordonnatrice, France Lantagne, se désole d’avoir dû refuser des gens cet automne. 

«Il y a beaucoup de personnes qui sont arrivées à Québec récemment, mais il faut aussi être prêt à les accueillir», dit-elle.

Selon la loi 96, qui a été adoptée à la fin mai, tous les services publics doivent être rendus en français à l’ensemble de la population, y compris aux nouveaux arrivants, dans un délai de six mois.

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