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L'article provient de Le Journal de Montréal
Culture

«La parfaite victime»: l’ombudsman des Services français blâme Radio-Canada

Pierre Champoux
Pierre Champoux Photo d'Archives Agence QMI
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Photo portrait de Guillaume Picard

Guillaume Picard

2022-02-07T22:23:44Z
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L’ombudsman des Services français de Radio-Canada a affirmé lundi que la diffusion le 7 décembre 2021 du documentaire «La parfaite victime» sur ICI TÉLÉ «a enfreint les Normes et pratiques journalistiques» du diffuseur public «en ne prévenant pas les téléspectateurs d’erreurs de fait et en ne précisant pas qu’il s’agissait d’un documentaire d’opinion». 

Dans sa décision, Pierre Champoux a rappelé qu’il s’agit d’une révision, car le 4 décembre dernier il avait rejeté une première plainte, jugée irrecevable, puisque le documentaire produit par Denise Robert et coréalisé par Monic Néron et Émilie Perreault n’avait alors pas encore été diffusé sur ICI TÉLÉ.

Le documentaire qui s’intéresse au processus judiciaire touchant aux victimes d’agressions sexuelles avait toutefois pris l’affiche en salle le 30 juin 2021.

Le 6 janvier dernier, le président de l’Association québécoise des avocats et avocates de la défense, Me Michel LeBrun, s’est adressé de nouveau à l’ombudsman Champoux au nom de trois autres groupes, dont l’Association des avocats de la défense de Montréal-Laval-Longueuil, «pour dénoncer la diffusion du documentaire», ajoute-t-on dans la décision révisée. 

  • Écoutez l'entrevue de Sophie Durocher avec Me Michel Lebrun sur QUB radio : 

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Les plaignants soutiennent qu’on aurait dû notamment corriger «des erreurs de fait relevées dès la sortie du documentaire, en juillet 2021. Ils prennent pour exemple ce passage où l’avocat criminaliste Patrick Davis se targue de n’avoir perdu aucune cause d’agression sexuelle, affirmant que tous ses clients ont été acquittés. Me LeBrun écrit: "Or, une simple recherche sur internet permet de constater que cette affirmation est fausse. J’ai moi-même recensé quatre décisions publiées dans lesquelles des accusations d’agressions sexuelles ont été retenues malgré les représentations contraires de Me Davis"».

De plus, le documentaire soutient qu'à peine 20 % des plaintes transmises au Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) par le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) sont retenues.

«Or, dès le lendemain de la première du film, le DPCP, par la voix de Me Rachelle Pitre, a fait valoir que cette donnée était inexacte. Selon ses calculs, sept plaintes sur dix sont autorisées par son équipe. Les réalisatrices ont réagi vivement à cette annonce puisque, selon elles, le DPCP leur avait toujours dit que cette statistique n’existait pas, ce qui les avait amenées à faire des demandes d’accès à l’information sur le nombre de dossiers autorisés à Montréal entre 2014 et 2018», ajoute M. Champoux.

  • Écoutez aussi en balado la chronique culturelle d'Anaïs Guertin-Lacroix tous les jours en direct 6 h 40 à QUB radio via l'app QUB ou le site qub.ca :  

Un correctif nécessaire

Ce dernier précise également que «si les réalisatrices avaient parfaitement le droit de ne pas corriger leur documentaire, je crois que Radio-Canada avait la responsabilité d’en prévenir l’auditoire, surtout que cinq mois s’étaient écoulés entre la première du film et sa diffusion sur ICI TÉLÉ. Je rappelle qu’au moment de diffuser le documentaire, Radio-Canada était informée des inexactitudes. La direction a quand même décidé de le présenter dans sa version originale. "La parfaite victime" étant disponible pour visionnement sur ICI TOU.TV, il est encore temps d’ajouter un correctif sur la page [au bénéfice] des futurs auditoires».

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