Loi sur le travail: les restaurateurs veulent gérer le pot de pourboire

Gabriel Côté
Les restaurateurs demandent au gouvernement Legault de les laisser gérer la répartition des pourboires pour mettre fin aux inégalités entre les employés de service et le personnel de cuisine.
«C’est difficile de recruter des gens pour travailler dans la cuisine, et c’est difficile de les garder», se désole Louis-Charles Tremblay, qui est copropriétaire du restaurant Chez Temporel à Québec.

À l’heure actuelle, la loi prévoit que les conventions de répartition du pourboire sont établies entre les employés d’un même établissement, et que les employeurs n’ont pas le droit de s’en mêler.
«L’idée était d’assurer que cet argent aille aux travailleurs. Mais le monde de la restauration a tellement changé qu’il faut désormais un meilleur encadrement», observe le PDG du Groupe Restos Plaisirs, Pierre Moreau, qui est allé plaider sa cause mardi matin en commission parlementaire.

«Il est grand temps de rétablir l’équité dans les restaurants!» tonne-t-il.
Grand écart
De fait, l’écart de salaire entre un employé de cuisine et un serveur frôle aujourd’hui les 50%, comme en témoigne un récent sondage de l’Association restauration Québec (ARQ).
Le salaire de base moyen d’un serveur est en effet de 15,80$ de l’heure, mais à cela s’ajoutent 26,97$ de l’heure en pourboire, pour un revenu annuel estimé à 77 841$, selon les données de l’ARQ.
Malgré un salaire de base plus élevé (22,94$ de l’heure), un cuisinier touche au bout du compte 19$ de l’heure de moins, ce qui représente un écart annuel d’environ... 36 000$!
«C’est plate, parce que souvent les conditions de travail ne sont pas très belles pour la cuisine», observe le chef du restaurant La Tanière, François-Emmanuel Nicol.

La main sur le pot... mais pas dedans
C’est sans compter que la façon de faire actuelle cause des maux de tête aux restaurateurs qui possèdent plusieurs établissements.
«Il y a 20 000 restaurants au Québec, et les conventions varient énormément entre les restaurants. Quand on fait la paye, ce n’est pas pareil d’un endroit à l’autre», explique Pierre Moreau, en déplorant certaines «dérives».
«À certains endroits, des serveurs ne peuvent pas toucher de pourboire pendant les six premiers mois», illustre-t-il. «Et puis il y a des restaurateurs qui abusent dans le système et qui se gardent un pourcentage. C’est pour ça qu’un meilleur encadrement est nécessaire», renchérit-il.
Le copropriétaire du Temporel est du même avis. «L’employeur devrait avoir 100% du contrôle, mais sans prendre absolument rien dans la poche de ses employés», lance-t-il.
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