Loi 96: le Bloc ne veut pas voir Ottawa intervenir dans le projet
Audrey Sanikopoulos
La question du français continue de créer des remous à Ottawa entre les libéraux et le Bloc Québécois, après que huit députés libéraux ont été vus à la manifestation contre le projet de loi 96 à Montréal, samedi, une situation qui a suscité l’indignation des bloquistes.
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«Comme provocation dans les champs de compétence du Québec, on ne peut pas imaginer pire que ça», a indiqué le député bloquiste Alain Therrien avant la période de questions, lundi.
Son parti souhaitait déposer une motion, en après-midi, afin de réitérer le fait que «Québec est le seul maître d’œuvre de sa politique linguistique» et qu’Ottawa ne doit pas «entraver ni restreindre» l’application de la Charte de la langue française.
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Cette décision a été prise après la présence de huit députés libéraux de circonscriptions de la région de Montréal à la manifestation tenue samedi dernier contre le projet de loi 96, qui compte renforcer la protection du français au Québec.
Les députés Peter Schiefke, Anthony Housefather, Patricia Lattanzio, Emmanuella Lambropoulos, Annie Koutrakis, Anju Dhillon, Francis Scarpaleggia et Sameer Zuberi étaient présents au rassemblement. Il s’agit des mêmes libéraux québécois qui, en juin dernier, s’étaient abstenus lors du vote d’une motion permettant au Québec de modifier librement le segment de la Constitution qui lui appartient.
«[Les libéraux] disent qu’ils sont pour la défense du français au Québec [...], mais quand les gestes comme on voit en fin de semaine sont clairement dans un sens de l’anglicisation pure et simple du Québec, ça veut dire que ce gouvernement ne respecte pas la volonté de la majorité du Québec», a soutenu M. Therrien.
Face aux reproches, le ministre du Patrimoine canadien, Pablo Rodriguez, a assuré que les députés du Parti libéral du Canada «ont le droit d’aller manifester pour leur point de vue».
«Tous les députés libéraux reconnaissent que le français est menacé et qu’il faut faire plus, et on fait plus. On vise à protéger le français chez nous au Québec, mais également à protéger le français à l’extérieur du Québec», a-t-il souligné.
Rappelons que le gouvernement Trudeau planche sur la réforme de la Loi sur les langues officielles depuis plusieurs mois, qui doit notamment instaurer l’adhésion au français des entreprises fédérales à charte fédérale.
Patricia Lattanzio se retrouve d’ailleurs parmi les députés membres du comité des langues officielles. Sa collègue Emmanuella Lambropoulos y siégeait elle aussi, mais elle a dû quitter son poste en novembre 2020, après des propos jugés controversés sur le déclin du français dans la Belle Province.