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L'article provient de TVA Nouvelles
Politique

La loi 96 «pourrait accroître les prix» de plusieurs produits, dit l’ambassadeur des États-Unis

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Raymond Filion

2024-07-02T18:17:18Z
2024-07-02T21:02:13Z
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Le gouvernement américain demeure préoccupé par la loi 96 du gouvernement Legault et les consommateurs québécois risquent d’en faire les frais, affirme l’ambassadeur des États-Unis au Canada.

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«Les vrais perdants, je crois, seront les citoyens du Québec», dit David Cohen en entrevue à TVA Nouvelles.

Des discussions ont lieu depuis plusieurs mois entre le gouvernement Legault et des responsables américains au sujet de la Loi sur la langue officielle et commune du Québec, le français dont le règlement a récemment été adopté.

Dans le but de freiner le déclin de la langue française dans la province, la loi forcera les entreprises à afficher deux fois plus de français que d’anglais.

Québec a remis l’imposition des nouvelles règles pour les électroménagers, mais le gouvernement Legault dit ne pas avoir l’intention de reculer pour autant.

«Cela pourrait nuire au commerce entre les États-Unis et le Canada», dit l’ambassadeur Cohen.

«La chose la plus normale qui pourrait arriver est que les entreprises américaines qui ne peuvent pas se conformer aux exigences inscrites dans la loi vont simplement cesser de faire des affaires au Québec. Cela va priver les consommateurs du Québec de choix. Ça pourrait accroître les prix qu’ils paient alors que la concurrence se réduit et que les entreprises américaines disparaissent du marché.»

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Le ministre québécois responsable de la Langue française, Jean-François Roberge, n’était pas disponible pour commenter, mardi, a indiqué son bureau.

Son cabinet affirme que le gouvernement demeure ferme sur ses objectifs et a bon espoir de pouvoir arrimer le tout avec les Américains.

L’ambassadeur Cohen n’a pas voulu spéculer sur la possibilité de sanctions commerciales contre le Canada en lien avec la loi 96, comme évoquée dans un document récemment obtenu par CBC News.

«C’est trop hypothétique», répond-il, reconnaissant que les discussions se poursuivent avec Québec et qu’il n’est pas en mode «panique».

«Le premier ministre Legault est un ancien homme d’affaires, il veut bâtir des relations d’affaires», ajoute l’ambassadeur.

Les dépenses militaires canadiennes sont «insuffisantes»

L’ambassadeur Cohen somme par ailleurs le gouvernement Trudeau d’accroître ses dépenses militaires qu’il qualifie d’insuffisantes.

Il rappelle qu’à l’instar des autres alliés de l’OTAN, le Canada s’était engagé, en 2014, à consacrer 2% de son produit intérieur brut (PIB) au militaire.

Or, 10 ans plus tard, les dépenses militaires canadiennes n’atteindront que 1,39% du PIB et 1,76% à la fin de la présente décennie.

«Le Canada doit dépenser davantage, il doit atteindre le 2%», dit l’ambassadeur Cohen, saluant toutefois les contributions canadiennes pour l’Ukraine, Haïti et l’Arctique.

Le gouvernement Trudeau n’a toujours pas présenté de plan pour respecter l’engagement du Canada auprès de ses alliés.

Ce sujet sera assurément sur la table la semaine prochaine alors que Justin Trudeau rencontrera les autres dirigeants des pays de l’OTAN à Washington.

Joe Biden et Donald Trump

Questionné sur la performance de Joe Biden lors du débat télévisé de jeudi dernier, David Cohen – un démocrate – a d’entrée de jeu affirmé que ses fonctions de diplomate l’empêchent de se prononcer sur des enjeux politiques.

Il invite toutefois à ne pas sauter aux conclusions.

«Ça serait une erreur de regarder un seul événement et lui accorder une importance énorme», dit-il.

Quant au retour possible de Donald Trump à la Maison-Blanche et aux conséquences que cela pourrait avoir sur le Canada, M. Cohen a plaidé le même devoir de réserve.

Il souligne cependant que le système politique américain est considérablement plus décentralisé que celui du Canada, où le premier ministre jouit d’une plus grande influence.

«Le président est très important, bien sûr, mais l’élection présidentielle n’est qu’une élection», dit-il.

De nombreux gouverneurs et membres du Congrès seront, en effet, aussi élus le 5 novembre prochain.

Le gouvernement Trudeau mène d’ailleurs, depuis plusieurs mois, une opération pour raffermir les relations auprès de plusieurs élus américains locaux, qui pourraient éventuellement servir de contrepoids à Donald Trump.

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