Locaux de prière bannis des écoles: l’Assemblée des évêques catholiques n’appuie pas Drainville


Geneviève Lajoie
Les catholiques ne sont pas incommodés par l’interdiction des salles de prière et l’obligation de prier en silence dans les écoles, mais l’Assemblée des évêques catholiques du Québec n’appuie pas pour autant la décision du ministre Bernard Drainville.
• À lire aussi: «L’école, ce n’est pas un lieu de prière!»: le ministre Bernard Drainville interdit aux écoles de transformer les classes en salles de prière
«Pour un État qui est neutre, que des enfants se réunissent pour jouer aux échecs dans une salle, pour faire du yoga, pour faire de l’improvisation ou pour prier, ce sont des activités sociales qui sont égales», plaide le secrétaire général de l’organisation, Mgr Pierre Murray, en entrevue avec notre Bureau parlementaire.
La semaine dernière, le ministre de l’Éducation a sonné la fin des locaux de prière dans les établissements scolaires. Les élèves qui le souhaitent pourront continuer de se recueillir «silencieusement», mais pas dans des salles dédiées à l’enseignement ou dans des gymnases.
Préoccupé, le Conseil national des musulmans Canadiens a déjà fait savoir qu’il suivra de près l’application concrète de ces nouvelles directives, qui n’ont pas encore été rendues publiques par Bernard Drainville.
De leur côté, les catholiques ne seront pas indisposés par ces nouvelles mesures, de par la nature même de leur spiritualité et de leurs rites, a convenu Mgr Murray. «Il est toujours possible de prier seul et intérieurement, quel que soit le lieu, le temps ou le contexte», insiste-t-il. Et le lieu privilégié pour célébrer les rites demeure l’église.
Mais l’ecclésiastique souligne que ce n’est pas le cas pour toutes les religions. «Chez les musulmans, pendant le Ramadan, la prière doit nécessairement être en groupe avec la gestuelle sur le tapis et avec une dimension vocale. C’est là où on ne peut pas mettre tous les croyants dans le même bateau, parce qu’ils n’ont pas les mêmes règles à suivre».
«Athéisme officiel»
D’ailleurs, Mgr Murray est plutôt d’accord avec la position de l’imam Hassan Guillet, qui écrivait cette fin de semaine dans La Presse qu’«il ne faut pas ériger la laïcité comme une nouvelle religion ayant comme mission d’éradiquer toutes les autres».
Les évêques du Québec appuient la laïcité de l’État et sa neutralité par rapport à la religion, y compris dans les écoles publiques. Mais la laïcité de l’État ne signifie pas qu’il faille proscrire toute manifestation religieuse. «À partir du moment où on interdit tout, l’État n’est plus neutre» et se rapprocherait plutôt d’une sorte «d’athéisme officiel».
Devrait-on, comme veut le faire Bernard Drainville, interdire les salles de prière dans les écoles? «Selon la conception que les évêques ont de la neutralité, la réponse serait non», précise Mgr Murray.
Vous avez des informations à nous communiquer à propos de cette histoire?
Vous avez un scoop qui pourrait intéresser nos lecteurs?
Écrivez-nous à l'adresse ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.