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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

L’obsession de Pierre Poilievre: l’horloge biologique des femmes

CAPTURE D'ÉCRAN / TVA NOUVELLES / AGENCE QMI
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Photo portrait de Yasmine Abdelfadel

Yasmine Abdelfadel

2025-04-02T04:00:00Z
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Au-delà de Justin Trudeau, de Mark Carney et de la feue taxe sur le carbone, Pierre Poilievre a une autre obsession tenace: l’horloge biologique des femmes.

Depuis plusieurs mois, le chef conservateur revient sur ce thème avec une régularité troublante. Lorsqu’il parle de la crise du logement, il évoque systématiquement ces jeunes dans la trentaine dont l’horloge biologique sonne, coincés dans des logements trop petits, incapables d’acheter une maison pour enfin «fonder une famille».

En soi, le lien entre logement et désir de stabilité familiale n’est pas nouveau. Mais chez Poilievre, ce n’est jamais un couple. Ce n’est jamais une famille. C’est toujours elle, la femme, son horloge, ses ovaires, son anxiété reproductive. Comme si l’enjeu principal de l’accès à la propriété était le compte à rebours de nos ovules.

• Écoutez aussi cet épisode balado tiré de l'émission de Mario Dumont, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

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Childless cat ladies

Rien de tout cela n’est innocent. Ça rappelle étrangement la célèbre formule de J.D. Vance, maintenant vice-président des États-Unis, qui dénonçait les femmes sans enfants et entourées de chats. La femme stérile devient un repoussoir culturel, un symbole de décadence. Et tout à coup, les enjeux économiques se parent d’un vernis moral: si vous n’avez pas de maison, mesdames, c’est tragique... parce que vous n’aurez pas d’enfants. Et ça, c’est inacceptable.

Pensez-vous qu’il soit possible de parler de crise du logement sans ramener ça à notre âge de fécondité? Est-ce que les femmes doivent vouloir une maison uniquement pour faire des bébés? Est-ce qu’on peut exister dans le débat public autrement qu’en matrice potentielle?

Le drame

Le plus insultant, c’est le paternalisme derrière tout ça. Comme si Poilievre nous faisait une faveur: «Donnez-leur une maison, elles n’ont plus beaucoup de temps». C’est une vision réductrice et rétrograde, qui instrumentalise le désir de maternité pour justifier un programme politique.

Oui, la crise du logement est réelle. Oui, il est plus difficile que jamais d’acheter une maison. Mais les femmes, qu’elles veuillent des enfants ou pas, ne sont pas des horloges sur pattes.

On mérite mieux que d’être réduites à notre fonction reproductrice.

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