LNH: les Sharks peuvent-ils «surpasser» ces très mauvaises équipes?

Étienne Bouchard
Après 11 matchs disputés cette saison, les Sharks de San Jose ont obtenu un seul point au classement et pourraient conclure la campagne avec l’une des pires fiches de l’histoire de la Ligue nationale de hockey (LNH), un exploit peu enviable si on considère la médiocrité de certaines formations du passé.
Avant d’affronter les Flyers de Philadelphie mardi soir, les hommes de l’entraîneur-chef David Quinn présentaient une moyenne de points de ,046, ce qui serait évidemment le pire de tous les temps si le calendrier se terminait maintenant. Si les Requins devraient récolter quelques victoires en cours de route, il reste que la cuvée 2023-2024 est loin d’être une aspirante à la coupe Stanley. Déjà, San Jose a pris une sérieuse option sur le dernier rang de la LNH.
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Voici les cinq clubs ayant connu les pires années depuis la grande expansion de 1967-1968.
-Capitals de Washington, 1974-1975
En raison d’une moyenne de ,131, l’équipe de la capitale américaine est officiellement la plus mauvaise des annales de la ligue. Disputant à l’époque leur première saison à vie, les «Caps» se sont contentés de huit victoires en 80 matchs, gagnant une seule de leurs 40 joutes à l’étranger. Leurs trois gardiens, Ron Low, John Adams et le Sorelois Michel Belhumeur, ont tous conservé une moyenne de buts alloués supérieure à 5,00. L’effectif comptait très peu de noms connus, mais soulignons la présence du défenseur Yvon Labre, dont le numéro 7 a été retiré par l’organisation. Derrière le banc, Jim Anderson, Red Sullivan et Milt Schmidt ont défilé à titre d’entraîneurs-chefs.
-Sharks de San Jose, 1992-1993
Les partisans des Sharks suffisamment âgés pour se rappeler la deuxième année d’activités de la concession gardent un mauvais souvenir de celle-ci, qui s’est terminée avec une pauvre fiche de 11-71-2, bonne pour une moyenne de ,143. Pourtant, la formation avait totalisé 17 triomphes à ses débuts, mais la suite a manqué de mordant. Le pilote George Kingston a vu les siens accorder 414 buts, un sommet dans la LNH. Les pauvres gardiens Brian Hayward, Jeff Hackett, Arturs Irbe et Wade Flaherty ont trouvé le temps long, sans surprise. Le pivot Kelly Kisio a été le meilleur offensivement avec une production de 78 points, devant Johan Garpenlov (66). Au nombre des visages familiers des amateurs qui ont fait partie de l’équipe, notons les Pat Falloon, Sandis Ozolinsh et le futur directeur général Doug Wilson. Heureusement pour les Sharks, la traversée du désert en a valu la peine, puisqu’ils ont participé aux séries de 1994.
-Sénateurs d’Ottawa, 1992-1993
Décidément, la saison de la dernière coupe du Canadien de Montréal a regroupé quelques formations passablement horribles. En 1992-1993, le Lightning de Tampa Bay et les Sénateurs ont donné leurs premiers coups de patin. En Floride, l’expérience s’est relativement bien déroulée dans les circonstances, en vertu de 23 gains et de 53 points. Cependant, à Ottawa, ce fut une autre paire de manches. Les hommes de l’instructeur-chef Rick Bowness ont amassé 10 victoires et subi 70 défaites pour maintenir une moyenne de points de ,143. À part la victoire de 5 à 3 aux dépens du Tricolore lors de la rencontre inaugurale de la concession, ce fut un chemin de croix pour un groupe qui misait entre autres sur Sylvain Turgeon, meilleur franc-tireur des siens avec 25 buts. C’est cependant le défenseur Norm Maciver qui a dominé avec 63 points. Le vétéran Daniel Berthiaume a été l’un des quatre gardiens en action, mais Peter Sidorkiewicz a œuvré dans la plupart des matchs (64). Les «Sens» ont gagné une seule fois à l’extérieur – le 10 avril 1993 – et leur campagne atroce leur a permis de sélectionner Alexandre Daigle au premier rang du repêchage suivant.
-Islanders de New York, 1972-1973
Avant de connaître la gloire bien des années plus tard, les Islanders ont mangé leur pain noir. À leur saison initiale, ils ont totalisé 12 victoires en 78 sorties, maintenant une moyenne de ,192. Limités à 170 buts, les Insulaires ont présenté un dossier de 2-35-2 sur les patinoires adverses. Si Mike Bossy ne figurait pas encore dans l’équipe, certains artisans de la dynastie en devenir ont commencé à fourbir leurs armes. Le gardien Billy Smith a pris part à 37 affrontements, tandis que Bob Nystrom a joué 11 parties. L’été suivant, les Insulaires ont pu se consoler en repêchant le défenseur Denis Potvin au premier rang. Celui-ci est allé rejoindre son frère Jean, qui a d’ailleurs joué une dizaine de rencontres à New York après son acquisition des Flyers de Philadelphie.
-Nordiques de Québec, 1989-1990
Les amateurs du fleurdelisé ayant vécu cette saison moribonde souhaitent la reléguer aux oubliettes à tout jamais, tout comme Michel Bergeron, qui a eu le «privilège» de diriger le club. Les pauvres Nordiques ont récolté 12 gains contre 61 échecs et sept verdicts nuls pour finir avec une moyenne de ,194. Une station radiophonique locale avait fait ses choux gras des performances embarrassantes de Québec en parodiant au printemps précédent la célèbre chanson de Michel Barrette Le temps d’une dinde – devenue un hommage aux «Nordindes». Or, l’année ayant suivi a vraiment fait honneur à ce surnom. Pendant que Bergeron maudissait le gardien Sergei Mylnikov, peu soucieux de sa condition physique, le grand Guy Lafleur a subi une blessure à la cheville qui l’a limité à 39 joutes. Puis, des joueurs appréciés sont partis par voie de transaction, surtout Peter Stastny et Michel Goulet. Au chapitre des bonnes nouvelles, notons le jeune Joe Sakic, dont le total de 102 points a donné un bon aperçu de sa carrière grandiose.