Livres «sexuellement explicites» bannis des écoles en Alberta: un mouvement influencé par «un vent du Sud», selon un sociologue

Mina Collin
Les écoles albertaines ont jusqu’au mois d’octobre pour retirer des tablettes de leurs bibliothèques des livres jugés «sexuellement explicites», une pratique jugée douteuse.
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Un courant actuel aux États-Unis vise à censurer certains livres, les interdisant dans les écoles et les bibliothèques.
«Il y a un vent qui nous vient du Sud qui donne l’envie de faire pareil», a lancé Michel Dorais, sociologue de l’intimité et de la sexualité. Il y a presque 1500 livres qui ont été interdits [aux États-Unis] et qui sont souvent des livres d’éducation à la sexualité... Là, ça peut parler d’agression, d’intimidation, de diversité, [de] tout ça», a souligné le professeur émérite de l’Université Laval.
Le sociologue soutient qu’il n’y a pas réellement de matériel sexuellement explicite dans les écoles. Certes, il y a des livres où on parle de sexualité, «plus ou moins» explicitement, notamment des livres sur la prévention des agressions sexuelles, sur la puberté et sur la diversité sexuelle et de genre.

Retirer ces livres des tablettes «n’est pas la meilleure chose à faire», selon lui.
«Si ces livres-là ont été bons et ont été reconnus pendant des années et ont aidé des jeunes, pourquoi ce ne serait plus le cas?» s’est-il demandé.
«Il faut avoir une bonne éducation sexuelle bien encadrée avec de bons livres. C’est déjà le cas depuis des décennies au Canada. Avant de remettre tout ça en question et de jeter ça aux vidanges, pensons-y deux fois», a-t-il ajouté.
Selon lui, le danger n’est pas l’exposition à des sujets liés à la sexualité, mais plutôt de trop les censurer, quitte à ne pas les aborder du tout avec les jeunes.
«Si vous n’en parlez pas [de sexualité], les jeunes vont aller [vers] le web et ils vont [y] trouver des choses sans explications, sans encadrement, sans contexte. Et ça, ça peut être pas mal plus dangereux», a-t-il mis en garde.
Le professeur émérite estime que l’éducation à la vie intime doit se faire à l’école également. Les jeunes ont droit à une éducation sexuelle, bien encadrée par des professeurs, avec des livres adaptés.
Pour voir l’entrevue intégrale, visionnez la vidéo ci-dessus.