Liste de lecture estivale pour décrocher... ou presque


Emmanuelle Latraverse
Ma fille me demandait récemment de lui expliquer ce que c’était le boulot d’analyste politique. Elle était dans la dernière ligne droite de ses examens de fin d’année. Elle en avait marre. J’ai opté pour la formule pop-psycho.
«Maman passe sa vie à étudier et faire des exposés oraux», lui ai-je répondu.
Vous ne serez pas surpris, donc, si l’été, je décroche. Je ne lirai qu’un seul essai. L’heure des prédateurs de Giuliano Da Empoli sur la montée des autocrates, le règne des géants de la tech et la montée de l’IA. Mais c’est parce qu’il écrit trop bien et rend ça digeste.
Pour le reste, je vais plonger dans d’autres univers.
Classiques
Premier en tête de liste: Thérèse et Pierrette à l’école des Saints-Anges et probablement la suite des Chroniques du Plateau-Mont-Royal de Michel Tremblay.
Je l’avais déjà lu dans la vingtaine, mais j’ai redécouvert La grosse femme d’à côté est enceinte cet hiver. C’était comme si je le lisais pour la première fois. Une fresque essentielle, aussi sociale que politique, et surtout, toujours d’actualité.
Certes, nous n’habitons plus à quatre familles dans un cinq et demie de la rue Fabre. Le Plateau-Mont-Royal s’est embourgeoisé. De quoi nous rappeler à quel point les luttes d’hier éclairent celles d’aujourd’hui.
Fresque familiale
L’âge fragile de Donatella Di Pietrantonio a gagné l’équivalent du Goncourt italien.
Surtout, mes sœurs et moi avons une passion pour les fresques familiales. Nous les dévorons, nous les comparons à notre propre vie, à nos parents. En général, elles nous déçoivent.
Dans tous les cas, elles nous réconcilient avec notre vie.
Voyager
Il y a de ces cultures qui nous échappent. Pensez-y, la civilisation japonaise est l’une des plus anciennes, influentes et raffinées d’Asie. Et pourtant, au-delà des sushis, des kimonos et des samurais, on ne connaît à peu près rien du Japon.
Pour plonger dans cet univers, le choc de son virage dans l’ère moderne, Quatre sœurs de Junichirô Tanizaki, l’un des plus grands écrivains japonais.
Plaisirs coupables
Toute lecture d’été exige son lot de romans policiers. La liste est sans fin, il s’agit de trouver chaussure à son pied.
Pour ceux qui ne l’ont pas lu, Le poète de Michael Connelly est un pur chef-d’œuvre.
J’affectionne Louise Penny pour son amour du Québec et son inspecteur-chef Armand Gamache. Sa phrase fétiche devrait être un mantra dans le monde d’aujourd’hui: «Je ne sais pas. Je me suis trompé. Je suis désolé. Je ne sais pas.»
Si vous l’adorez, vous aimerez son pendant de l’Ouest canadien. William Deverell et son héros Arthur Beauchamp, un cynique criminaliste à la retraite qui s’est réfugié sur une île de granos au large de Vancouver dans l’espoir d’atteindre la simplicité volontaire.
Donc, que ce soit de vieux classiques, de nouveaux horizons ou du sérieux, offrez-vous le luxe de lire cet été.
Un moment à soi, sans tâches, sans devoirs. L’ultime voyage pour nourrir l’âme de nouveaux imaginaires.