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L'article provient de Le Journal de Montréal
Affaires

Lion vendue pour 6 millions $ alors qu'on perd collectivement 245 millions $

Photo Martin Alarie
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Michel Girard

2025-07-08T12:00:00Z
2025-07-08T12:26:03Z
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Ça dépasse l’entendement de voir «La Compagnie Électrique Lion» se faire racheter pour la dérisoire somme de 6 millions de dollars alors qu’à la fin mai 2021, la capitalisation boursière de Lion atteignait 4,68 milliards de dollars.

Pire encore! Après avoir soutenu Lion à maintes reprises et flambé plus de 245 millions de dollars de fonds publics, on se retrouve Gros-Jean comme devant avec zéro emprise sur l'entreprise.

Pendant ce temps-là, faut-il le rappeler, de hauts dirigeants de Lion, dont le président fondateur, Marc Bédard, avaient encaissé des dizaines de millions en liquidant de gros blocs d’actions avant la descente aux enfers du titre en Bourse.

CHIARA, WILKIE, BOIVIN

Eh oui! Seulement six millions de dollars, voilà la somme que déboursent les nouveaux actionnaires de Lion pour mettre le grappin sur l’entreprise à la suite des procédures mises en place en vertu de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies (la «LACC»). Qui sont ces investisseurs-entrepreneurs qui croient dans la relance de Lion? Ce sont notamment les hommes d’affaires Vincent Chiara du groupe Mach Capital, Pierre Wilkie et Claude Boivin.

«Les nouveaux propriétaires, disaient-ils dans un communiqué du 23 mai, entendent rationaliser les activités de l’entreprise en concentrant les opérations exclusivement sur les autobus scolaires électriques, entièrement assemblés au Québec, et destinés au marché local. Ainsi, LION pourra reprendre ses activités de production, continuer à soutenir ses centaines de clients et assurer l’entretien de ses quelques 1000 autobus scolaires électriques qui circulent au Québec.»

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La bonne nouvelle? Quelques centaines d’employés parmi les 1350 qui y travaillaient avant les mises à pied massives depuis l'automne 2023 vont retrouver leur job.

DE L’AIDE PUBLIQUE À VENIR...

En décembre dernier, j’avais suggéré au gouvernement de François Legault, que ce soit par l’entremise du ministère de l’Économie, du Fonds de développement économique (FDE), d’Investissement Québec (IQ) ou de la Caisse de dépôt et placement (CDPQ), de ne pas réinjecter une cenne de plus dans la survie de Lion Électrique. Et le gouvernement caquiste a effectivement pris la décision de ne pas participer.

Mais maintenant que Lion Électrique est relancée, j’ai hâte de voir comment les gouvernements de Québec et d’Ottawa vont s’y prendre pour aider financièrement les nouveaux propriétaires.

C’est écrit dans le ciel qu’on va les revoir surgir dans le portrait.

Après tout, qui dit autobus scolaires électriques, dit évidemment financement avec l’aide des gouvernements.

RAPPEL DE NOS PERTES

J’espère que nos bailleurs de fonds publics vont se rappeler à quel point ils se sont fait flouer jusqu’à présent dans le dossier de Lion Électrique.

Depuis 2020, nous avons «investi» quelque 212,5 millions $ de fonds publics dans Lion Électrique, dont :

  • 108,8 millions en prêts et débentures de la part du ministère de l’Économie et de son FDE (Fonds de développement économique);
  • 38,7 millions sous forme d’actions et d'un prêt en provenance d’Investissement Québec ;
  • 15 millions en facilité de crédit de la CDPQ ;
  • Et un prêt fédéral de 50 millions d’Innovation Canada.

S’ajoutent à cela des prêts de 32,5 millions $ consentis à Lion Électrique par les deux fonds fiscalisés, soit 25 millions $ du Fonds FTQ et 7,5 millions $ de la part de Fondaction de la CSN.

Lion Électrique a ainsi bénéficié jusqu’à présent d’une aide financière totale de 245 millions de dollars à même les poches des contribuables.

Et aujourd’hui, ces 245 millions sont partis en fumée.

Il serait important de se le rappeler!

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