Lion Électrique visé par une demande d’action collective en valeurs mobilières
La poursuite allègue que «des représentations fausses et trompeuses en lien avec la santé financière de la société» ont été effectuées


Francis Halin
Le fabricant québécois d’autobus Lion Électrique est visé par une demande d’action collective en valeurs mobilières déposée vendredi à la Cour supérieure du Québec au nom d’investisseurs qui disent avoir perdu de l’argent entre 2021 et 2024, a appris Le Journal.
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«Selon la poursuite, les défendeurs nommés ont fait des représentations fausses et trompeuses en lien avec la santé financière de la société et ont omis des faits importants concernant son carnet de commandes et ses capacités de production. Conséquemment, les actions ordinaires de la société ont perdu environ 96% de leur valeur sur les bourses de Toronto et de New York, entraînant des pertes financières importantes pour les investisseurs», indique le cabinet Scott+Scott, de New York.
Administrateurs, dirigeants, auditeurs et placeurs pour compte/preneurs fermes du fabricant sont visés par deux groupes d’investisseurs qui soutiennent avoir subi de substantielles pertes financières entre le 7 mai 2021 et le 15 décembre 2024.

«Les représentations fausses ou trompeuses, omissions et/ou manquements à l’obligation d’information occasionnelle susmentionnés ont eu pour effet de gonfler artificiellement la valeur des titres de Lion Électrique transigés sur les marchés boursiers durant les périodes», peut-on lire dans le document de 101 pages consulté par Le Journal.
Interrogé à ce sujet vendredi, Lion n’a pas pu commenter l’affaire vu les démarches juridiques.
À la mi-décembre, de petits actionnaires s’étaient montrés démunis face à la situation. Un mois plus tard, Le Journal rapportait qu’en moins de deux semaines, le nombre de plaintes contre Lion Électrique à l’Autorité des marchés financiers (AMF) avait plus que doublé, passant d’une vingtaine à près d’une cinquantaine.

Des propos «sans fondement»
Ces derniers mois, Lion a toujours nié en bloc les allégations du groupe d’investisseurs. Leurs propos sont «sans fondement», avait dénoncé le fabricant québécois, qui traînait une dette à long terme de 205 millions $ au 30 septembre dernier.
«Ni le PDG ni d’autres personnes de la direction chez Lion Électrique n’ont fait de “déclarations potentiellement trompeuses”», avait assuré son porte-parole Patrick Gervais.
«En tant qu’entreprise cotée en bourse, Lion s’est conformée et continue de se conformer à ses obligations de divulgation en vertu des lois applicables en valeurs mobilières. Lion rejette toute allégation laissant sous-entendre le contraire», s’était défendu la société de Saint-Jérôme.

Lion Électrique en huit dates
Juillet 2008
- Deux anciens dirigeants du constructeur d’autobus Michel Corbeil, Marc Bédard et Camille Chartrand, fondent Autobus Lion.
Novembre 2017
- Power Corporation réalise un «investissement important» dans Lion, qui lui donne une participation de 43,8% dans l’entreprise.
Mai 2021
- Lion Électrique récolte 200M$ US en faisant son entrée à la Bourse de New York et à la Bourse de Toronto.
Novembre 2021
- M. Bédard vend pour 16,5M$ d’actions de Lion à un prix unitaire moyen de 14,85$.
Décembre 2022
- Lion livre un premier autobus assemblé dans son usine de l’Illinois, qui demeure largement inutilisée faute de demande.
Avril 2023
- Lion ouvre son usine de batteries à Mirabel, dont la capacité est aujourd’hui excédentaire.
Juillet 2023
- Lion recueille la somme de 142M$ US, dont plus de la moitié provient de Québec, du Fonds FTQ et de Fondaction.
Juillet 2024
- Lion annonce le licenciement de 300 travailleurs. Ces suppressions de postes s’ajoutent aux 370 qui furent annoncées dans les mois précédents.
Une entreprise bien branchée
- Guy LeBlanc, ex-PDG d’Investissement Québec, a été actionnaire de Lion jusqu’en 2019. Il a déjà été administrateur de la compagnie.
- Michel Ringuet, administrateur principal de Lion, est l’ancien mandataire de la fiducie sans droit de regard de l’ex-ministre l’Économie Pierre Fitzgibbon.
- Pierre Larochelle, président du conseil d’administration de Lion, est l’ex-PDG d’Énergie Power, filiale de Power Corporation.