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L'article provient de Le Journal de Montréal
Affaires

L’investisseur futé: quand vos émotions se mêlent de vos placements

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Photo portrait de Sylvain Larocque

Sylvain Larocque

2025-05-24T04:00:00Z
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Dans cette chronique, nous vous donnons des idées concrètes pour placer votre argent.

Avez-vous vendu des placements lors de la chute boursière du mois dernier? Que vous ayez cédé ou non à la tentation, les émotions que vous avez ressenties vous ont certainement donné du fil à retordre.

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«On n’est pas des robots», rappelle Denis Preston, un planificateur financier à la retraite qui s’est beaucoup intéressé à la finance comportementale.

«On a tous des émotions et il faut apprendre à les traiter, ajoute-t-il. On ne contrôle pas toujours notre environnement, mais on peut contrôler la façon dont on y réagit.»

Denis Preston
Denis Preston Photo Institut de planification financière

Il ne faut donc pas se surprendre si l’aspect psychologique de l’investissement occupe une grande place dans la relation entre les conseillers financiers et leurs clients.

«Notre travail est 80% psychologique et 20% technique», va même jusqu’à dire Emile Khayat, directeur de succursale chez Gestion de patrimoine Scotia.

Pour faire un tour d’horizon de la question, je vous présente ici quelques principes importants de la psychologie de l’investissement.

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«Peu importe le niveau de richesse d’une personne, qu’il s’agisse de 10 000$ ou de 10 millions $, ça s’applique de la même façon. Ce sont des concepts qui sont universels», note M. Khayat.

Effet de troupeau (contagion)

«C’est présent dans presque toutes les rencontres avec des clients», dit Emile Khayat. Le scénario est archiconnu: un investisseur a entendu parler d’un placement intéressant et souhaite y mettre de l’argent. L’erreur ici, c’est de ne pas s’assurer que le niveau de risque du placement correspond à son profil d’investisseur. L’effet de troupeau est souvent associé à un autre biais comportemental: l’aversion au regret, aussi connue sous le vocable FOMO (fear of missing out ou peur de rater quelque chose).

Biais de confirmation

Voilà qu’une voisine ou un beau-frère vous a parlé du prochain gros phénomène en Bourse et vous avez envie de faire le saut vous aussi. Pour être certain de ne pas vous tromper, vous faites des recherches en ligne. Mais vous accordez surtout de l’importance aux informations qui confirment votre intention de faire l’investissement et vous mettez de côté ce qui pourrait vous décourager de le faire. C’est le biais de confirmation. «On a souvent tendance à aller chercher des informations qui vont concorder avec nos convictions», résume M. Khayat.

Effet de disposition

Quel investisseur n’a jamais vécu cette situation? Vendre trop tôt des titres qui ont bien performé et garder trop longtemps ceux dont la valeur a chuté. C’est souvent la peur de l’échec qui explique ces comportements. «Le cerveau perçoit une perte avec la même sensation qu’une menace de violence», souligne Emile Khayat. Il y a un lien à faire avec le biais d’ancrage, soit la tendance «à se fier à l’information reçue en premier», comme on le résume dans Wikipédia. En investissement, le plus difficile, ce n’est pas d’acheter, mais de savoir quand vendre, rappelle M. Khayat.

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Biais de familiarité

De façon générale, c’est la propension à investir dans des entreprises ou des produits financiers qui nous semblent plus sûrs parce que nous les connaissons bien. Le biais de familiarité pousse bien des gens à investir davantage dans leur pays qu’à l’extérieur.

«Depuis que j’ai commencé dans le domaine, en 2006, ce n’est jamais le même pays qui génère les meilleurs rendements d’une année à l’autre», illustre Emile Khayat. «La diversification, c’est une arme contre l’ignorance, comme l’a déjà dit Warren Buffet.»

Les rendements boursiers varient grandement d’une année à l’autre selon les pays.
Les rendements boursiers varient grandement d’une année à l’autre selon les pays. Illustration tirée du site web de Fonds Scotia

Biais du risque zéro

Plusieurs d’entre nous hésitons à prendre des risques par crainte de perdre notre argent durement gagné. C’est évidemment un souci légitime, mais il ne faut pas oublier qu’il faut généralement plus que le rendement d’un CPG pour se constituer un coussin confortable en vue de la retraite. «C’est bien de vouloir préserver notre capital, mais ce n’est pas assez pour maintenir notre pouvoir d’achat», avertit M. Khayat.

Excès de confiance

«Lorsqu’un investisseur surestime ses capacités à prédire les tendances sur les marchés, son supposé flair peut le pousser à prendre des décisions inutilement risquées ou sans fondement», explique-t-on dans un texte en ligne de Scotia qui a inspiré cette chronique.

«La meilleure chose qui puisse arriver à quelqu’un qui commence dans la vie, c’est de perdre avec son premier placement pour comprendre comment ça marche», soutient Denis Preston.

Avez-vous des idées de sujets pour cette chronique? Écrivez-moi: sylvain.larocque@quebecormedia.com.

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