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L'article provient de TVA Nouvelles
Affaires

L’investisseur futé: les titres cannibales, c’est pour vous?

Photo d’archives, Elisa Cloutier
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Photo portrait de Sylvain Larocque

Sylvain Larocque

2025-06-07T04:00:00Z
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Dans cette chronique, nous vous donnons des idées concrètes pour placer votre argent.

Connaissez-vous les «titres cannibales»? Rassurez-vous, c’est tout à fait légal!

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En fait, cette pratique a été illégale jusqu’en 1982 aux États-Unis, alors on parle d’un phénomène relativement nouveau.

De quoi s’agit-il donc? Des rachats d’actions effectués par les entreprises cotées en Bourse. Celles-ci achètent de leurs propres actions (d’où l’allusion au cannibalisme) pour les annuler.

Prenons un exemple. Visa a récemment annoncé un rachat d’actions de 30 milliards $ US. Cela aura pour effet de réduire le nombre total d’actions de l’entreprise et de faire augmenter son bénéfice par action. L’effet espéré: une croissance accrue du cours boursier de Visa.

Cette façon de «redonner de l’argent aux actionnaires» est plus populaire que jamais. Pas étonnant que les politiciens aux États-Unis et au Canada aient décidé de taxer les rachats d’actions!

Photo GETTY IMAGES / AFP
Photo GETTY IMAGES / AFP
CGI, Metro, Dollarama

Au Québec, CGI a été la grande entreprise la plus active à ce chapitre. Au cours des 15 dernières années, elle a racheté pas moins de 43% de l’ensemble de ses actions, a récemment noté l’analyste Jean-François Lavoie, de Desjardins.

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Metro a quant à elle racheté 36% de ses actions depuis 2005, ce qui ne l’a pas empêchée de mettre la main sur Jean Coutu pour 4,5 milliards $ en 2018.

De son côté, Dollarama a racheté environ 25% de ses actions au cours des 10 dernières années. Pendant cette période, le titre du détaillant a connu une croissance spectaculaire de plus de 650% en Bourse!

Dollarama a racheté de ses actions tout en continuant d’investir massivement dans de nouveaux magasins et même dans des acquisitions ciblées.

«Là où on trouve que le rachat d’actions marche bien, c’est quand les entreprises l’utilisent en complément» à d’autres stratégies, explique Gabriel Bouchard-Phillips, associé et gestionnaire principal à la firme d’investissement Van Berkom.

Gabriel Bouchard-Phillips
Gabriel Bouchard-Phillips Photo Gestion mondiale d'actifs Van Berkom
Pas une recette miracle

Le succès n’est pas automatique. Pages Jaunes a racheté environ 68% de ses actions au cours des 10 dernières années, mais son titre a affiché un rendement de -22% pendant cette période.

«Il ne faut pas juste chercher des entreprises qui font des rachats, il faut vraiment aller plus loin, prévient M. Bouchard-Phillips. Quelle est la business derrière, est-ce que c’est en croissance ou en déclin? Quelle est l’équipe de direction? [...] À quels prix l’entreprise fait ses rachats et pourquoi?»

L’an dernier, le Groupe ADF, une PME de Terrebonne spécialisée dans les structures d’acier, a déboursé 48 M$ pour racheter 10% de ses actions à la famille Paschini, qui contrôle l’entreprise. Les achats ont été effectués au prix unitaire de 17,31$, proche du sommet historique d’ADF en Bourse. Aujourd’hui, en raison notamment de la guerre tarifaire, le titre s’échange à moins de 7$.

Photo Groupe ADF
Photo Groupe ADF

«C’est l’exemple de ce qu’il ne faut pas faire», résume Gabriel Bouchard-Phillips.

Mieux que les dividendes?

Si vous investissez dans un compte non enregistré, les rachats d’actions, en principe, sont plus avantageux que les dividendes. Pourquoi? Parce qu’ils visent à accroître les gains en capital, lesquels ne sont imposés qu’à 50%, contrairement aux dividendes.

Il est toutefois difficile, voire impossible, de chiffrer la contribution des rachats d’actions à la croissance d’un titre.

«Un rachat d’actions, ça se fait dans une perspective de création de valeur à long terme, rappelle M. Bouchard-Phillips. Ce n’est pas un levier qu’une compagnie peut utiliser pour dire: “Si on rachète un million d’actions demain, on va créer de la valeur dans trois mois.”»

Avez-vous des idées de sujets pour cette chronique? Écrivez-moi: sylvain.larocque@quebecormedia.com.

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