L’investisseur futé: les bons et les moins bons coups de Warren Buffett


Sylvain Larocque
Dans cette chronique, nous vous donnons des idées concrètes pour placer votre argent.
Le légendaire investisseur Warren Buffett a causé la surprise en annonçant, la semaine dernière, qu’il allait quitter la direction de Berkshire Hathaway d’ici la fin de l’année. Quels ont été ses meilleurs et ses pires placements?
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À l’aube de ses 95 ans, M. Buffett laissera un héritage incomparable: un conglomérat dont le cours boursier est passé de 8$ à environ 800 000$ depuis 1963 et qui vaut aujourd’hui plus de 1000 G$ US.
«Je pense que s’il avait encore les mêmes capacités qu’il avait il y a quatre ou cinq ans, il serait probablement resté», affirme François Rochon, qui a fondé sa firme d’investissement, Giverny Capital, en se basant sur la philosophie de Warren Buffett.
Celle-ci comporte plusieurs éléments, mais M. Rochon la résume ainsi:
«La règle no 1, c’est quand tu achètes des actions d’une compagnie, il faut se comporter comme si on achetait la compagnie au complet. Donc, on se concentre sur la valeur intrinsèque, sur une perspective à très long terme, sur les dirigeants et les produits.»

Sans plus tarder, allons-y avec quelques-uns des meilleurs et des pires coups de M. Buffett.
Meilleurs coups
Apple

Warren Buffett a longtemps résisté à l’idée d’investir dans le secteur techno. Il a finalement mis ses réticences de côté en 2016 pour devenir un important actionnaire d’Apple. «Quand l’iPhone est devenu incrusté dans nos vies quotidiennes, là, il y avait un avantage compétitif vraiment solide et durable, et Buffett l’a bien identifié», note François Rochon. L’investissement initial de 35 G$ US de Berkshire Hathaway valait 173 G$ US à la fin de 2023. «Tim Cook [le PDG d’Apple] a fait faire à Berkshire beaucoup plus d’argent que moi», a plaisanté Warren Buffett lors de l’assemblée annuelle du groupe, samedi dernier.
Geico

Dès la fin des années 1960, Berkshire Hathaway a commencé à acheter des compagnies d’assurance aux États-Unis. L’entreprise a notamment mis la main sur Geico en 1976. La beauté des assureurs, c’est que les primes payées par les clients peuvent être investies en attendant que ceux-ci déposent des réclamations. «C’est extraordinaire parce que c’est une façon d’avoir un prêt sans intérêts», souligne M. Rochon. Berkshire a financé plusieurs acquisitions avec ce capital.
American Express

Warren Buffett a effectué ses premiers investissements dans Amex au début des années 1960, après l’éclatement d’un scandale qui a secoué l’entreprise de chèques de voyage et de cartes de crédit. Au cours des 20 dernières années, le rendement annualisé d’Amex a été d’environ 11%, soit à peine moins que celui de Berkshire Hathaway (12%) et davantage que celui d’un autre placement vénéré de Buffett, Coca-Cola (environ 9%). L’homme d’affaires apprécie particulièrement la stabilité relative d’Amex et de Coke, relève François Rochon.
Pires coups
Berkshire Hathaway

Eh oui, l’acquisition qui a donné son nom à l’empire de Warren Buffett a été le pire investissement de l’«Oracle d’Omaha», de son propre aveu. Cette entreprise de textile de la Nouvelle-Angleterre a perdu de l’argent pendant des années, jusqu’à ce que Buffett décide finalement de la fermer en 1985, plus de 20 ans après l’avoir achetée.
Dexter
En 2014, Warren Buffett a estimé que son «erreur la plus horrible» a été l’acquisition, en 1993, de Dexter, un fabricant de chaussures du Maine, pour 433 M$ US. L’entreprise a rapidement périclité en raison du bas prix des importations, entraînant ultimement le licenciement de 1600 travailleurs. «Comme désastre financier, celui-ci mérite une place dans le Livre Guinness des records», a admis l’homme d’affaires en 2015.
Amazon

En investissement, rater une occasion peut être aussi néfaste que de prendre une mauvaise décision. En 2017, Warren Buffett a confié à CNBC que les investisseurs lui demandaient parfois pourquoi il ne possédait pas d’action d’Amazon. «Je n’ai pas de bonne réponse, a-t-il reconnu. Évidemment, j’aurais dû en acheter il y a longtemps, parce que cela fait longtemps que j’admire l’entreprise, mais je ne comprenais pas la force de leur modèle.»
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