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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

L’interprétation en langue des signes québécoise: un droit, pas un privilège

Photo: Alison Gravelle
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Collectif de signataires

2025-09-27T04:00:00Z
2025-09-29T13:41:12Z
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 Version LSQ - cliquez ici

En cette Journée mondiale des Sourds, il est urgent de lancer un appel clair : il faut une meilleure reconnaissance de la réalité des membres de la communauté sourde, sourde-aveugle et malentendante. C’est l’occasion de rappeler leur place dans la société québécoise. Ils sont étudiants, professionnels, entrepreneurs, parents, bénévoles, citoyens, et leaders. Ils participent à la vie démocratique et contribuent à l’économie tout en mettant à profit leurs talents dans tous les domaines. Et cela passe par un accès équitable et complet aux services d’interprétation.

Les services d’interprétation accompagnent les personnes sourdes, sourdes-aveugles et malentendantes au quotidien, dans ce qu’il a de plus ordinaire et extraordinaire. On peut passer d’une visite à la banque à un accouchement ou de l’interprétation de vœux de mariage à l’achat d’une première maison.

Un financement qui ne suit pas la cadence

Or, ces services essentiels sont fragilisés, et leur accès est mis en péril par le sous-financement de Québec. À l’heure actuelle, le financement de l’interprétation ne suit ni l’inflation, ni les coûts de formation, ni les exigences croissantes en matière de qualité.

La preuve : entre 2018 et 2024, non seulement les subventions et ententes n’ont pas suivi l’inflation expérimentée, mais ont diminué de 6,5 % sur la période. Le désengagement de l’État dans les services d’interprétation doit être renversé.

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Les Services régionaux d’interprétation travaillent avec des budgets trop serrés, cherchant sans cesse de nouvelles sources de revenus. Il arrive même que ces organismes à but non lucratif paient de leur poche pour maintenir ces services essentiels. Est-ce normal ? Non. Car chaque dollar investi en interprétation rapporte près de sept dollars à la société : en diminuant les coûts en santé grâce à la littératie, en favorisant l’accès à l’emploi et en permettant des études avancées aux personnes sourdes, sourdes-aveugles et malentendantes.

Un accès variable selon l’adresse

Un autre problème majeur réside dans les disparités régionales des services qui font en sorte qu’à Montréal, un père sourd doit payer pour s’impliquer dans le comité de parent de l’école de son enfant, alors que ce même service est gratuit dans l’Est-du-Québec.

Toujours à Montréal, une jeune professionnelle montréalaise doit débourser pour participer à un conseil d’administration, alors que l’interprétation est couverte dans l’Est-du-Québec.

À certains endroits, l’interprétation vidéo à distance n’est pas prise en charge, malgré son accès dans les autres régions du Québec.

Ces écarts créent une citoyenneté à deux vitesses, contraire aux valeurs d’égalité et de justice sociale.

En 2025, si le gouvernement choisit de reconnaître les services d’interprétation pour ce qu’ils sont – un droit fondamental à l’accessibilité –on vous garantit un investissement qui rapportera au gouvernement et à la société.

Signataires :

● Lorena Garrido, Service d’interprétation visuelle et tactile

● Brigitte Desjardins, Association des personnes avec problèmes auditifs des Laurentides

● Denise Thibault,Directrice du Service d’interprétariat de l’Est du Québec (SRIEQ)

● Lucie Nault, Réseau québécois pour l’inclusion sociale des personnes sourdes et malentendantes

● Alexandre-Xavier Montbleau, Chargé de projet, Réseau québécois pour l’inclusion sociale des personnes sourdes et malentendantes

● Audrey Gagné, adjointe à la vie associative et mobilisation, Réseau québécois pour l’inclusion des personnes sourdes et malentendantes

● Alain Elmaleh, directeur général, Centre Alpha-Sourd, Centre Alpha-Sourd Rive-Sud et Centre Alpha-Sourd Anglo

● Charline Savard, directrice générale, Maison des Femmes Sourdes de Montréal

● Line Laforest, directrice générale, Association du Syndrome de Usher du Québec

● Émilie Roussel, directrice générale, Service d’interprétation pour personnes sourdes de L’Estrie

● Johanne Lauzon, directrice générale, Maison des Sourds

● Marie Claire Houde, membre de l’ASE

● Pierre Pigeon, utilisateur

● Rita Labrecque, utilisatrice et interprète LSQT

● Audrey Beauchamp, directrice générale, Eversa

● Yvon Mantha, éditeur en chef Les Publications Voir Dire

● Gilles Boucher, Président du CLSM

● Louis Belleau Président du CCSMM

● Éric Dubé, Coordonnateur du Réseau de la santé sexuelle des Sourds du Québec

● Maritza Côté, directrice générale, Comité d’aide aux femmes sourdes de Québec

● Mélissa Sarrazin-Le Siège, directrice générale par intérim du Centre de la communauté sourde du Montréal Métropolitain (CCSMM)

● Véronique Leduc, directrice générale, Maison des Hommes Sourds (MHS)

● Claire Moussel, directrice générale, Association du Québec pour enfants avec problèmes auditifs (AQEPA)

● Serge Gélinas Directeur général du Réseau Surdité Montérégie R|S|M

● Danny Desjardins, directeur, Association des Sourds de Lanaudière

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